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Zone anglophone: plus de 70 milliards d’encours de crédits impayés

C'est la note salée pesante sur les microfinances des régions du Sud et du Nord-ouest. Impossible pour ces établissements de crédits de recouvrer les fonds accordés à leurs clients.

D’après David Kegne, expert des microfinances, « l’industrie de la microfinance en Afrique centrale traverse un tournant décisif de son histoire, avec notamment plusieurs défis à relever« . Qu’il cite: le référencement sur les principales plateformes de transparence mises en place par les partenaires d’appui à l’industrie de la microfinance, l’amélioration de la qualité du portefeuille de crédit, le taux du Portefeuille à risque (Par) en zone Cemac étant supérieur à 15% alors que le maximum admis est de 5%, l’adoption des principes de bonne gouvernance, un système d’information de gestion à consolider et la mise en place d’un dispositif de prévention et de gestion de crise. Des outils techniques de garantie de la transparence dans l’industrie de la microfinance.

Locomotive de la sous-région Afrique centrale avec un important secteur d’Etablissements de microfinances (Emf), le Cameroun n’en est pas épargné.  Notre pays compte depuis 2016, 412 Établissements de microfinances actives: 120 établissements de 1ère catégorie, 41 de 2ème, 9 de categorie 3 et 148 Emf évoluant en réseau.  Douala et Yaounde concentrent  ainsi près de 50% des établissements de microfinances du Cameroun. Bamenda et Buea, les deux régions anglophones, du Nord-ouest et du Sud-ouest abritent 30% de cet effectif. Soit 125 Etablissements de microfinances. Le total cumulé des Emf dans le Littoral, le Centre, le Nord-ouest et le Sud-ouest est finalement estimé à 87%. Ce qui correspond à 15% des activités bancaires.

Le secteur emploie 11.000 personnes. Dans cette configuration, les régions du Nord et du Sud-ouest pèsent près de 200 milliards de FCFA d’épargne collectée auprès de ses clients estimés à 700.000 sur le triangle national.

Malheureusement en zone anglophone, les dépôts de fonds, crédits octroyés et autres services financiers offerts par les établissements de microfinances ont chuté de moitié« , révèle une source sur place. On estime d’ailleurs le volume de fonds accordés aux épargnants à 75 milliards de FCFA. Une situation confirmée par David Kegne :  » les encours de crédits impayés grimpent dans les régions du Sud et du Nord-ouest. Plus de 70 milliards de FCFA d’encours de crédits sont aujourd’hui impossibles à rembourser « , dit l’expert avec certitude. Pour cause, « la recrudescence de la thésaurisation, le recul des investissements, la dispersion des clients etc… », dus à la situation sociopolitique instable dans cette zone.

Ahmadou Bello, Chef de service de la Division des microfinances au Ministère des finances  indiquait récemment que l’épargne enregistrée par les Emf en 2016 est de 650 milliards de FCFA, soit 16,5% du système bancaire global. Toujours en 2016, les Emf ont accordés 350 milliards de FCFA à leurs clients estimés à 2.100.000  sur toute l’étendue du territoire camerounais. Participant ainsi à 10% dans le financement à l’économie nationale. Le secteur emploie 11.000 personnes. Dans cette configuration, les régions du Nord et du Sud-ouest pèsent près de 200 milliards de FCFA d’épargne collectée auprès de ses clients estimés à 700.000 sur le triangle national.

Malgré ce  dynamisme, les Emf du Cameroun  souffrent de nombreux dysfonctionnements que se propose d’éliminer progressivement, David Kegne, à travers la création du concept « Itimac« , Initiative pour la transparence dans l’industrie de la microfinance en Afrique centrale. L’expert explique : « le concept Itimac vient du souci de contribuer au rayonnement de l’activité de la microfinance en zone Cemac à travers l’adoption des bonnes pratiques de gouvernance qui constitue le socle de la pérennité« . Itimac met ainsi à la disposition des Emf quelques instruments essentiels: un benchmark annuel basé sur le total du bilan, le nombre de clients et des membres, l’encours de crédits et de dépôt, le volume de crédit distribué, le nombre d’employés, la rentabilité opérationnelle, le nombre d’agences et le portefeuille à risque (Par), un annuaire en ligne, des outils techniques, des foras d’échanges et même le concept « Itimac Awards« , récompensant les microfinances dans divers domaines : la transparence, l’inclusion financière, la création de richesse, le prix spécial du jury et le prix d’honneur du jury.


>> Lire aussi – Péril sur les micro-finances anglophones


Le secteur reste néanmoins «très vulnérable« , d’après Ahmadou Bello. Du fait non seulement de l’impact négatif de la crise anglophone. Mais également à cause de nombreux dysfonctionnements: les politiques ruineuses  mises en place par les membres des conseils d’administration des Emf au détriment des épargnants, un système déficitaire de contrôle interne voulu par les dirigeants des EMF de notre pays, l’éloignement de certaines microfinances dans les villages reculés,  la mauvaise répartition géographique, le non-respect des dispositions contenues dans les divers cadres de régulation du secteur des EMF, notamment les 21 normes prudentielles édictées par le Régime Cemac, l’Acte uniforme Ohada, la Cobac ou le Ministère des finances, autorité monétaire participent par ailleurs de cette fébrilité. Même si David Kegne pense qu’il est impossible pour une Emf de respecter les 21 normes prudentielles requises. Il propose le respect « des normes majeures« , à savoir, « les fonds propres, le respect des engagements des apparentés, une trésorerie équilibrée et une bonne tenue du taux du portefeuille à risque à moins de 5%. Toutes ces bonnes pratiques n’auront plus de secrets pour les Emf, les banques, entreprises commerciales du Cameroun dans le cadre de la deuxième édition de l’Itimac placé sous les thèmes  » principales innovations du nouveau règlement Cemac/Umac/Cobac », « Banque-Microfinance: partenariat gagnant-perdant? »,  » Enjeux et défis de la digitalisation des services financiers en zone Cemac « .

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