Transformation structurelle : l’import-substitution pour relancer la production locale
Face à la menace que représente l’accumulation du déficit commercial, responsable de l’amenuisement des réserves en devises du pays, le gouvernement prévoit de resserrer l’étau contre les importations tout azimut et les exportations « non indispensables ».
La promotion du « made in Cameroon » et du « consommons camerounais » sont les nouveaux objectifs de la transformation structurelle de l’économie camerounaise. L’exigence de satisfaire le marché local devrait accélérer la diversification de l’offre locale. Il s’agit pour l’Etat de « donner la priorité au développement de la production et à la promotion de la compétitivité des filières agricoles stratégiques » et de mettre un accent à « la transformation des matières premières afin de mieux valoriser nos produits ». Ladite modernisation est largement tributaire du développement des filières à fort potentiel de valeur ajoutée.
Depuis 2011, le gouvernement a identifié une quinzaine de filières comme porteuses de croissance au Cameroun. Pour 2021, la priorité revient à l’agro-industrie, le bois, le textile, les mines et la métallurgie, l’industrie pharmaceutique et biomédicale, etc. Pour cela, le gouvernement envisage un train de mesure. Il s’agit entre autre de la constitution d’un fonds spécial destiné au financement de la promotion et au développement des filières des légumineuses et des féculents. Selon du Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme (2021-2023), ce fonds serait alimenté par les droits et taxes de douane résultant de la ré-fiscalisation progressive de ces produits. Il pourrait aussi faire l’objet soit d’un compte d’affectation spécial géré par un Office national des légumineuses et des féculents qui sera créé, soit être affecté au budget des ministères chargés du développement de ces cultures.
Il est également envisagé un plafonnement des financements bancaires afférents aux importations de certains biens (mais, soja, riz, etc.) ; la création d’un Office national de développement des filières des légumineuses et des féculents ; l’élaboration d’une fiscalité spécifique pour la promotion de l’agriculture ; l’obligation d’incorporer un certain pourcentage des produits locaux dans la production de certains biens. Il devrait ainsi être demandé aux boulangers d’incorporer un certain pourcentage de produits locaux de substitution (farine de patate, de manioc, de maïs) dans le pain ; l’institution des contingentements à l’importation. D’une manière spécifique, le ministère des Finances prévoit une révision de la politique de taxation de certains biens dans la perspective soit de décourager progressivement leur importation, soit de favoriser leur transformation locale avant exportation, soit de limiter leur forte consommation en raison de leurs conséquences néfastes sur la santé et l’environnement, soit d’accroître les ressources autonomes d’accompagnement de la décentralisation et de la Couverture Santé Universelle.