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Transfert d’argent : comprendre la coalition d’Orange et MTN dans le mobile money

Le 22 novembre 2018 à Paris, les groupes de télécoms MTN et Orange ont créé Mowali, une entreprise commune destinée à permettre l’interopérabilité des services Mobile Money des deux opérateurs.

Ce n’est pas un fait anodin. Les géants des télécoms, Orange et MTN, pourtant concurrents, ont créé de commun accord, le 22 novembre à Paris, Mowali. C’est une entreprise commune destinée à permettre l’interopérabilité des services Mobile Money des deux opérateurs. Que comprendre ?
De fait, Mowali bénéficiera immédiatement des bases clients Mobile Money de MTN et d’Orange, soit plus de 100 millions de comptes sur 22 des 46 marchés de l’Afrique subsaharienne. Mowali est destinée à permettre l’interopérabilité au-delà des marchés existants de MTN et d’Orange, afin d’en faire bénéficier les 338 millions de clients de mobile money en Afrique, dont le Cameroun.
Mowali est une plateforme qui connecte fournisseurs de services financiers et clients au sein d’un réseau unique. Elle fonctionne comme une société de services, ouverte à tout fournisseur de mobile money, en Afrique, y compris les banques, les opérateurs de transfert d’argent et les autres fournisseurs de services financiers. L’objectif de Mowali est d’accroître l’usage des services de mobile money, auprès des utilisateurs et des commerçants. Mowali permet la libre circulation des flux de mobile money entre les comptes, quel que soit le pays et l’opérateur. Du point de vue du client, cela signifie « Je peux payer ou recevoir de l’argent depuis n’importe quel compte mobile, quel que soit l’opérateur ». L’interopérabilité favorisera l’innovation dans l’écosystème des Services financiers mobiles à travers le continent.


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Pour Stéphane Richard, PDG d’Orange, « En offrant une interopérabilité totale entre les différentes plateformes, Mowali constitue un pas en avant significatif permettant au mobile money de devenir un moyen de paiement universel en Afrique. Accroître l’inclusion financière en utilisant les technologies du numérique est un élément essentiel pour le développement économique de l’Afrique, en particulier pour les communautés les plus isolées. Cette solution incarne l’ambition d’Orange d’être un acteur majeur de la transformation digitale du continent. En nous associant à MTN, un autre leader du marché africain, nous accélérons le rythme de cette transformation au point de changer la vie de nos clients en leur fournissant des services plus simples, plus sûrs et plus avantageux ».

« Un des objectifs de MTN est d’accélérer la pénétration des services financiers mobiles en Afrique et Mowali est un des moyens de l’atteindre. Par ailleurs, la coopération et les partenariats de cette sorte sont primordiaux lorsque l’on cherche à accélérer le développement et à surmonter une partie des défis auxquels la société moderne est confrontée en termes de dimensionnement, de portée et de complexité. Ce partenariat avec Orange est donc une étape importante pour affirmer notre rôle substantiel dans la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies qui consistent à éliminer la pauvreté extrême et à renforcer le développement socio-économique sur les marchés dans lesquels nous opérons. C’est ainsi que nous offrirons à nos clients un accès au fabuleux monde numérique de demain »,  a déclaré Rob Shuter, PDG du groupe MTN.

La GSMA soutient l’initiative Mowali, l’interopérabilité étant un accélérateur essentiel pour l’inclusion financière et le développement des usages du mobile money dans toute l’Afrique. « Il existe aujourd’hui dans le monde plus de 690 millions de comptes mobile money. Ces derniers sont devenus un outil essentiel qui change la vie des consommateurs dans toute l’Afrique en ouvrant un accès à des services financiers sûrs et sécurisés, mais également à des opportunités en matière d’énergie, de santé, d’éducation et d’emploi. La création de Mowali contribue à transformer davantage les services financiers mobiles sur l’ensemble du continent africain. Elle témoigne du leadership et de l’engagement continu de l’industrie du mobile  dans la promotion de l’inclusion financière et dans le renforcement des capacités économiques au travers de la collaboration entre acteurs du secteur. La GSMA est donc fière de soutenir le développement de Mowali », a déclaré Mats Granryd, Directeur général de la GSMA.

« L’interopérabilité des paiements mobiles pour soutenir l’inclusion financière a été l’obstacle le plus difficile à surmonter pour le secteur des services financiers. Avec Mowali, Orange et MTN fournissent une solution qui leur permettra, à eux-mêmes ainsi qu’à d’autres sociétés, d’étendre plus rapidement les services financiers numériques à travers l’Afrique, et ce pour tous, y compris les populations défavorisées », a déclaré Kosta Peric, directeur adjoint des Services financiers pour les populations défavorisées, à la Fondation Bill & Melinda Gates. « Cette création annonce l’arrivée d’une nouvelle vague d’innovations susceptibles de réduire la pauvreté et de créer des opportunités économiques. Nous nous réjouissons de constater que Mojaloop – une plateforme de paiement open source accessible à tous les opérateurs du secteur – contribue à atteindre cet objectif. ».

Ce partenariat visant à développer le Mobile Money, laquelle collaboration pourrait d’ailleurs induire une réduction des coûts actuels de ce service au Cameroun, survient au moment où un autre opérateur prépare son arrivée sur ce marché. Et donc la concurrence fait rage. En effet, il y a quelques mois, la Banque centrale des six Etats de la Cemac a autorisé l’opérateur de mobile Nexttel, à lancer son service Mobile Money baptisé Nexttel Possa, en partenariat avec la filiale camerounaise du groupe bancaire nigérian UBA.

Concurrence contre Nexttel, Express Union et Société générale

MTN et Orange ont officiellement durci la concurrence avec Nexttel, Express Union et Société Générale. En effet, Après la banque UBA, il y a quelques jours, Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), vient de signer une décision portant autorisation pour Société générale Cameroun (SGC), d’exercer l’activité de monnaie électronique par Mobile Money.

SGC se relance dans ce marché en partenariat avec « Yup Cameroun ». C’est un service qui s’appuie sur un réseau d’agents tiers avec lesquels la filiale camerounaise de la Française Société générale, a noué des partenariats (stations-service, commerce de distribution, etc.).

« Société générale Cameroun dispose d’un délai de six mois à compter de la date de signature de la présente décision pour se conformer aux dispositions du cadre réglementaire et notamment, transmettre à la Beac les statistiques de son activité.», précise Abbas Mahamat Tolli.

SGC a déposé auprès de la Beac sa demande d’exercer l’activité du Mobile Money, le 22 septembre 2017. Les utilisateurs pourront effectuer des retraits, dépôts et transferts d’argent, payer leurs factures, acheter du crédit téléphonique et effectuer des paiements chez des commerçants.


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A la différence de ses devanciers comme Afriland (en partenariat avec MTN), Bicec (en partenariat avec Orange) et UBA (en tandem avec Viettel), SGC ne s’appuie pas sur un opérateur de téléphonie mobile pour opérer dans le secteur du Mobile Money. Et ce n’est pas la première fois. En effet, cette banque a suspendu l’exploitation de son ancien produit « Monifone », le 31 décembre 2014, «  à cause de la concurrence et des conflits récurrents avec certains opérateurs de téléphonie mobile », selon la Beac.

Cette fois-ci, « Yup Cameroun » est accessible via un réseau élargi de distributeurs équipés de terminaux adaptés.  Déployé en Côte d’Ivoire et au Sénégal, le service « Yup » compte déjà plus de 30 000 porte-monnaies ouverts et près de 600 agents. En cette année 2018, Société générale compte exercer l’émission de monnaie électronique via le Mobile Money au Burkina Faso, en Guinée et au Togo.

Selon la Beac, la monnaie électronique a été utilisée sur 303 266 265 transactions financières. Il n’y en avait que 97 836 317 pour toute l’année 2016. Ceci illustre très bien la forte progression (205 429 948 transactions) de cette activité dans la région. Le Mobile Money représente 99% de cette activité. En valeur, les transactions globales de monnaie électronique qui s’élevaient à 1 631 milliards FCFA en 2016, ont dépassé 4 700 milliards à la fin de l’année 2017. Soit une augmentation de plus de 3 000 milliards FCFA entre les deux années.

Au 31 décembre 2017, indique la Beac, on dénombrait 39 731 distributeurs de service de monnaie électronique à travers la Cemac, contre 11 472 à la fin de l’année 2016. « Il sied de noter que ce chiffre est en deçà de la réalité car, chez certains opérateurs, il n’est pas possible de déterminer avec exactitude le nombre de revendeurs (appelés « call box » au Cameroun) affiliés aux grossistes. », relève la banque centrale.

Contre-attaque contre WorldRemit

Selon Andrew Stewart, Directeur régional Afrique et Moyen-Orient chez WorldRemit, le leader mondial du transfert d’argent digital, le Cameroun occupe une position stratégique dans le développement des activités de cette entreprise britannique en Afrique. «Le Cameroun est notre marché d’Afrique francophone le plus important et avec la croissance la plus rapide avec 120% de croissance annuelle.», a-t-il révélé dans un communiqué du 25 juin 2018, annonçant un partenariat avec la filiale camerounaise du groupe bancaire nigérian UBA.

Grâce à ce partenariat, apprend-on, les titulaires des 70 000 comptes que revendique UBA Cameroun peuvent désormais effectuer des transferts d’argent à travers le monde, à partir de la plateforme de WorldRemit. Dans le même temps, leurs proches peuvent effectuer des retraits en espèces dans les points disséminés dans le pays.


>> Lire aussi – Comment Worlremit surclasse MTN, Orange et Nexttel dans le classement


Par ailleurs, WorldRemit, a annoncé ce 14 octobre 2018 avoir conclu un partenariat avec Express Union, le leader du transfert d’argent au Cameroun. «Les clients WorldRemit peuvent désormais envoyer de l’argent depuis l’étranger à destination du Cameroun, avec la garantie que cet argent peut être perçu dans les plus de 700 points de vente Express Union», souligne la firme britannique opérant dans les nouvelles technologies.

«Le fait de rajouter ces nouveaux points de retrait à notre réseau du Cameroun constitue une preuve non seulement de l’amélioration de notre service, mais également de notre détermination à offrir à nos clients ainsi qu’à leurs familles des services plus adaptés à leurs besoins et à l’épreuve de toute concurrence», a commenté Catherine Wines, co-fondatrice et Directrice exécutive de WorldRemit.

Selon Charès Nghoguo, DG d’Express Union, ce partenariat avec le leader mondial du transfert d’argent digital, «vise principalement à établir un lien supplémentaire entre les migrants camerounais et leurs proches restés au pays, entre les acteurs économiques locaux et ceux de l’étranger». Express Union est le 2ème partenaire que WorldRemit accroche au Cameroun en l’espace d’un mois, après la filiale locale du groupe bancaire ivoirien Banque Atlantique en septembre 2016.

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