Tomates en Fruit : les prix bas peuvent-ils durer ?
Le prix de la tomate en fruit est à un niveau historiquement bas, mais les facteurs qui soutiennent cette position positive pour les ménages ne vont pas durer longtemps. La remontée des prix risque de peser sur le pouvoir d’achat des familles.
De nombreux ménages au Cameroun peuvent profiter actuellement des prix bas de la tomate en fruit. Sur les marchés de Douala et de Yaoundé notamment, le cageot qui est la principale unité de mesure de vente de ce fruit, se vend jusqu’à 1800 FCFA parfois. « La tomate est vraiment bon marché et c’est bien pour nous qui avons des familles nombreuses. Vous savez aussi que l’argent est devenu dur dehors, donc si les choses peuvent coûter moins cher, c’est une bonne chose », a confié une ménagère faisant ses courses sur le marché du Mfoundi, dans la capitale Yaoundé. Pourtant la dynamique derrière cette baisse des prix risque de ne pas durer longtemps.
Selon des experts proches de la filiale de production de la tomate en fruit, la période qui marque la fin de la petite saison des pluies, et aussi celle de l’abondance de la tomate sur le marché. L’offre est donc importante par rapport à la demande et cela fait logiquement baisser les prix. Mais pour cette année 2020, un autre facteur a poussé les prix à son niveau le plus bas depuis une dizaine d’années. C’est l’application de restrictions au niveau des frontières entre le Cameroun et ses pays voisins du sud que sont le Gabon et la Guinée Equatoriale. En raison du coût élevé de la vie dans ces deux pays, les intermédiaires qui approvisionnent leurs marchés en tomates ont tendance à pratique des prix qui leurs permettent de faire face à leurs charges d’installation. Cette pratique a conduit à une hausse des prix de référence à une moyenne de 7 000 durant les périodes d’abondance et parfois 12 000 FCFA lorsque vient les périodes difficiles.
Or avec les restrictions sur la circulation des personnes de part et d’autres des frontières, une production plus importante de tomate camerounaise se retrouve sans acheteur et le prix de référence a été brisé. Dans un tel contexte, c’est la loi de l’offre et de la demande qui fait foi et dans un contexte de pouvoir d’achat faible, les prix ont reculé. Selon une vendeuse de ce fruit, les niveaux auxquels les prix étaient, relevaient de la spéculation. « Normalement lorsqu’on prend en compte tous les paramètres, avec un cageot de tomate à 2000 FCFA on devrait s’en sortir. Mais lorsque les prix sont élevés, tout le monde en profite, c’est le commerce », a expliqué cette vendeuse. Le gouvernement notamment le ministère du commerce, ne semble pas avoir un contrôle sur la régulation des prix dans ce domaine, qui concerne pourtant un produit de grande consommation.
Un troisième facteur qui explique cette baisse des prix de la tomate, c’est que les bassins de production ont augmenté. Attirés par des perspectives de rendements et de marges intéressantes, plusieurs camerounais se lancent désormais dans la production de ce fruit. Mais le mode de production reste le même, et toute la tomate camerounaise semble être disponible au même moment. Avec la période de soudure, la rareté de la tomate risque de se faire ressentir. Indépendamment de la demande des pays pétroliers, de la CEMAC, c’est toute l’offre qui pourrait être affectée, si des productions par palier n’ont pas été envisagés. Certains observateurs craignent en ce moment-là, que le prix de la Tomate reparte dans une spirale de hausse qui sera proportionnelle au besoin pour les vendeurs et les producteurs, de récupérer l’ensemble de leurs pertes de la période d’abondance. Ce risque vient rappeler deux engagements du gouvernement qui consistait à construire des unités de transformation et de conservation de la tomate camerounaise, et dont on a plus de nouvelle depuis longtemps.
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