Budget 2019: nouvelles taxes sur la friperie
Alors que la transformation locale du coton peine à atteindre les 2% de la production, le Cameroun a importé les vêtements pour près de 500 milliards Fcfa entre 2011 et 2014 et 2015, dont 252,4 milliards Fcfa pour les produits usagés.
L’intention du gouvernement de taxer la friperie à l’importation à partir du 1er janvier 2019 relance le vieux débat du développement de la filière coton-textile locale. Selon une étude de la Banque mondiale et de Coopération allemande (Giz) publiée en 2015, le Cameroun, 5e producteur de coton en Afrique, transforme à peine 2% de sa production qui oscille entre 248.000 et 265.000 tonnes par an. Un seul acteur intervient d’ailleurs dans ce segment de la filière depuis 1965, c’est la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), qui fabrique les pagnes et les serviettes de bain 100 % coton. Dans la balance des paiements et du commerce extérieur, pourtant, les chiffres d’importations de la friperie sont ahurissants. Entre 2011 et 2015, révélait ladite balance, le Cameroun a importé 370.198.20 tonnes de vêtements usagés de l’Europe et principalement de la France et de la Belgique, pour un montant d’environ 190 milliards Fcfa. Pour ce qui est des articles textiles confectionnés, 412 234,2 tonnes de produits sont entrés dans le pays sur la période sous-revue, pour un montant de près de 252,4 milliards FCFA. L’ensemble des importations du Cameroun en termes de vêtements se chiffraient près de 500 milliards FCFA.
A l’observation, l’impact négatif de l’afflux massif de vêtements d’occasion sur le marché camerounais, auquel il faut ajouter les vêtements à base de tissus bas de gamme importés de la Chine, ne touche pas que la Cicam ; elle annihile aussi les efforts des microentreprises de couture locales dont la compétitivité est nulle face à ces produits. Au-delà du simple élargissement de l’assiette fiscale afin de capter le plus de ressources possibles pour financer le budget de l’Etat, la mesure de taxation programmée de la friperie devrait avant tout s’inscrire dans la perspective de la limitation de l’importation de ces produits vestimentaires afin de limiter la concurrence quasi-déloyale qu’ils livrent à l’industrie locale du textile. Seulement, pour pouvoir satisfaire la demande nationale, des investissements colossaux doivent être consentis aussi par la Cicam que par d’autres acteurs privés qui bénéficieraient d’un accompagnement subséquent du gouvernement.
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Depuis juillet 2017, le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) est lié par un contrat à la société Buetec et le cabinet Ligne Rouge Consulting, en vue du développement des clusters coton-textile-confection sur lequel s’appuierait la relance de la filière. Pour un montant de 260 millions Fcfa, ces structures devaient, en 18 moins, réaliser toutes les études nécessaires à la formulation et la mise en œuvre du projet ; identifier et sécuriser tous les sites des futurs clusters ; accompagner la restructuration de l’entreprise Buetec ; etc.
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