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Suspension du service de la dette : le Cameroun se retire de l’initiative du G20

Entrée en vigueur en mai 2020 pour aider les pays pauvres à concentrer leurs ressources sur la lutte contre la pandémie du Coronavirus, l’Issd apporte un précieux soutien à la liquidité de ces pays.

Si elle est prorogée en 2022, l’Initiative de suspension du service de la dette (Issd) des pays pauvres initiée par les grands argentiers des pays du G20 pourrait ne plus bénéficier au Cameroun. Engagé sur le redressement de son économie après le ralentissement de l’activité imposé par la pandémie de la COVID-19, et dans la perspective d’un nouveau Programme Économique et Financier (PEF) avec le Fonds Monétaire International (FMI) le pays a décidé de ne pas solliciter cet allègement pour une troisième fois. C’est l’une des informations qui découle du Document de programmation économique et budgétaire(Dpeb) à moyen terme 2022-2024, que le gouvernement vient de présenter au parlement dans le cadre du Débat d’orientation budgétaire(DOB). La conséquence de cette décision est que le trésor public devra débourser plus d’argent pour honorer les échéances de remboursement de sa dette. Le Dpeb estime les intérêts sur la dette publique que le pays devra payer à 257 milliards contre 190 milliards en 2021 à, soit une hausse de 67 milliards de FCFA (35,3%).

Nécessité ou prestige ?

Entrée en vigueur en mai 2020 pour aider les pays pauvres à concentrer leurs ressources sur la lutte contre la pandémie du Coronavirus, l’Issd apporte un précieux soutien à la liquidité de ces pays. Selon la caisse autonome d’amortissement, le Cameroun a bénéficié, entre mai 2020 et avril 2021, d’un montant cumulé de 202,2 milliards de FCFA d’allègement du service sur sa dette provenant exclusivement des créanciers bilatéraux officiels. Le revers de ces appuis est que le pays se prive de facto de dons-programmes comme celui du Contrat de désendettement et de développement(C2D). En effet, le C2D prévoit que le pays endetté mobilise effectivement les fonds à rembourser à la France, dans un premier temps, avant de se les faire rétrocéder, dans un 2è temps. Rendu au 16 mars 2021, deux échéances de remboursement du contrat C2D n’ont pas été honorées, entraînant une moins-value de 72,6 milliards de Fcfa dans le compte bilatéral. Parallèlement, le gouvernement camerounais a pu obtenir de l’hexagone et de ses organismes rattachés (AFD et banque de France), un report du service de la dette de 52,1 milliards de FCFA au 1er trimestre 2021. En se retirant de l’Issd, le Cameroun rouvre les bras aux projets du C2D sur lequel planait déjà le spectre d’une suspension, relevant de fait l’enveloppe des dons dans le budget. En 2022, le gouvernement prévoit d’obtenir de ses partenaires, des dons de 141,3 milliards de FCFA, en hausse de 76 milliards par rapport à 2021. « A moyen terme, ces dons sont projetés à 92,9 milliards de FCFA entre 2023 et 2024, soit une diminution de 48,4 milliards de FCFA par rapport à 2022 » indique le DPEB.

De même, depuis l’annonce par le pays de recourir à l’émission, sur le marché international d’un nouvel eurobond pour refinancer celui de 2015 le retrait de l’Issd était prévisible. L’une des conditions pour bénéficier de cet allègement était justement de ne pas contracter de nouveaux emprunts commerciaux. L’opération qui a été bouclée le 28 juin dernier a permis au pays de mobiliser 450 milliards de FCFA au taux de 5,95%. Refinancer l’eurobond permet ainsi d’alléger la pression sur les liquidités extérieures du Cameroun, mieux que l’initiative du G20 sous sa forme actuelle.

Cadrage budgétaire

ur la base des hypothèses macroéconomiques et des efforts envisagés en matière de politique fiscale, ainsi que des financements potentiels (intérieurs et extérieurs) auxquels peut s’attendre l’Etat du Cameroun, les projections des ressources totales de l’Etat en 2022 sont de 5 649,7 milliards, en hausse de 68,4 milliards en valeur absolue et 1,2% en valeur relative par rapport à 2021. A moyen terme, ces ressources s’établiraient à 5 983,2 milliards entre 2023 et 2024 ; soit une augmentation de 333,5 milliards (+5,9%) par rapport à 2022. En ce qui concerne les dépenses, les perspectives budgétaires pour le triennat 2022-2024, prévoient les projections de 2541 milliards, 2652,8 milliards et 2801,7 milliards pour le volet fonctionnement et de 1478 milliards, 1712,8 milliards et 1833 milliards pour l’investissement.

En mettant en relation les recettes propres de l’Etat et ses dépenses telles que projetées ci-dessus, il se dégage un déficit budgétaire global de 516,8 milliards en 2022 contre 753,9 milliards en 2021 ; soit une réduction de 237 milliards du besoin de financement dudit déficit. Au cours de la période 2023-2024, le déficit budgétaire devrait poursuivre sa tendance baissière conformément à l’objectif de consolidation de la politique budgétaire pour se situer en moyenne à 444,4 milliards. Ainsi, le déficit budgétaire global devrait se situer à 2% du PIB en 2022 contre 3,1% en 2021. A moyen terme, ce déficit devrait connaître une décrue pour s’établir à 1,8% en 2023 et 1,3% en 2024.

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