Jannah Theme License is not validated, Go to the theme options page to validate the license, You need a single license for each domain name.
Politiques Publiques
A la Une

Statistiques agricoles: le recensement général agricole dans les tiroirs depuis 8 ans

Initialement prévu de 2013 à 2016, le 3e Recensement Général de l’Agriculture et de l’Elevage pourrait finalement se dérouler en juin 2021. L’opération permettra au Cameroun de se doter enfin des statistiques fiables pour le suivi et l'évaluation des initiatives en faveur des secteurs agropastoral, halieutique et rural. Pour limiter les coûts, le dénombrement devrait être couplé avec celui du 4e recensement général de la population et de l’habitat.

« Encore un peu de patience. Tout est presque prêt », jure-t-on au ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader) et au ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales (Minepia). Du moins, le Comité technique national du Recensement Général de l’Agriculture et de l’Elevage (Rgae) est formel : il sera lancé dans exactement trois mois c’est-à-dire le 21 juin 2021. Lors de le 8 session du Comité technique, le 1 février dernier, le Minader, Gabriel Mbairobe s’est voulu rassurant : « A cette date, nous pouvons dire que toutes les diligences administratives ont été faites. Nous commençons à voir le bout du tunnel. A partir du mois de mars 2021, nous entrerons dans la phase active du Rgae qui va connaitre son apothéose en juin-juillet par le dénombrement ».

Lire aussi : Population, agriculture et élevage : les recensements généraux attendus depuis quatre ans

Le Rgae sera couplé au 4e Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph). Si cet autre calendrier est respecté, le Rgae aura ainsi accusé un retard d’au moins quatre ans. Annoncé en début d’année 2013, le Rgae était prévu pour durer 42 mois, s’étalant de juillet 2013 à décembre 2016. La stratégie de mise en œuvre s’articulait en quatre phases: la phase I (Juillet – Décembre 2013): Elaboration des documents techniques du RGAE (Préparation administrative et technique du RGAE, Renforcement des capacités techniques et opérationnelles) ; la phase II (Janvier – Décembre 2014): Réalisation des Modules de Base et Communautaire (Dénombrement exhaustif, Traitement informatique, Analyse et Diffusion des résultats) ; la phase III (Janvier2015 – Décembre 2016): Réalisation des Modules Complémentaires/Thématiques (Dénombrement par sondage, Traitement informatique, Analyse et Diffusion des résultats) ; la phase IV (Juillet 2013 – Décembre 2016): Consolidation de CountrySTAT (Dissémination/Archivage des données du RGAE, des enquêtes et des statistiques courantes).

Données obsolètes

L’opération permettra au Cameroun de se doter de statistiques fiables pour le suivi et l’évaluation des initiatives en faveur des secteurs agropastoral, halieutique et rural. Les spécialistes expliquent que les statistiques constituent un outil d’aide à la décision parce qu’elles permettent de faire de bonnes analyses, de mieux élaborer des politiques économiques, des planifications et des programmations. Toutes choses qui témoignent de la nécessité de la qualité des données, notamment la pertinence, l’exactitude, la fiabilité, la cohérence et l’actualité desdites données ; Lors du séminaire national de sensibilisation des autorités nationales et des partenaires au développement sur le système CountrySTAT, le 3 mai 2013, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) de l’époque, Essimi Menye, renaissait que « les données de structure, vielles de 29 ans sont devenues obsolètes, caduques. » De fait, les précédents Rgae remontent à 1984 et 1972.

Lire aussi : Où est passé le recensement de la population ?

Selon des sources concordantes proches du Minader et du Minepia expliquent le retard que connait ce dossier par les difficultés de financement. Le diagnostic du système national d’information statistique a révélé qu’il dispose des ressources très limitées pour jouer pleinement son rôle d’éclaireur et d’aide de choix aux décisions. Pour la période 2009 à 2011 par exemple, le financement total des opérations statistiques du Minader et du Minepia était d’environ 1,3 milliard de FCFA.

En 2007 les premières estimations situaient le coût total du Rgae à environ 7 millions de dollars, soit 3,5 milliards de FCFA. En 2013, le budget prévisionnel revu et corrigé du Rgae était d’environ 8,4 milliards de FCFA. Ce budget prend en compte des dépenses liées aux personnels (nationaux et internationaux), matériels – fournitures et équipements, contrats, formations, frais généraux de fonctionnement et divers.

Projections macroéconomiques : statistiques obsolètes, cadrage budgétaire faussé

Pays essentiellement agricole, le Cameroun est cependant confronté à une absence ou l’obsolescence des données quantitatives d’ensemble, détaillées, actuelles et fiables dans ce secteur vital. Le dernier recensement date de 1984. Plus grave, depuis 1973, le Cameroun n’a pas non plus réalisé de recensement du cheptel permettant de couvrir tout le pays et concernant toutes les espèces animales. Or, les spécialistes rappellent que les données du recensement du cheptel sont d’autant plus importantes qu’elles constituent la base de la planification et de l’évaluation de la performance du secteur de l’élevage en termes de production et de contribution à la sécurité alimentaire et au produit intérieur brut. Ces anachronismes dans la gestion de la politique agropastorale du Cameroun seront bientôt corrigés avec l’organisation (imminente) du troisième Recensement Général de l’Agriculture et de l’Elevage (Rgae).

Lire aussi : Développement : ce dividende démographique qui hypothèque l’émergence

Après 1972 et 1984, le Rgae annoncé va permettre au Cameroun de se doter de statistiques utiles pour le suivi et l’évaluation des initiatives en faveur des secteurs agropastoral, halieutique et rural. De fait, il manque actuellement une nouvelle photographie précise des structures de l’agriculture camerounaise et des caractéristiques de ses exploitations. Cette situation constitue un obstacle pour le gouvernement et les autres acteurs et intervenants dans le monde agropastoral et rural désireux de disposer de données statistiques fiables, complètes et à jour nécessaires pour la formulation des programmes de développement, le suivi de la situation alimentaire et l’estimation des grands agrégats de la comptabilité nationale.

Navigation à vue

En effet, il est difficile d’avoir une idée précise sur l’identification et l’emplacement des exploitations agricoles au Cameroun ; le statut juridique de l’exploitant agricole ; le sexe de l’exploitant agricole ; l’âge de l’exploitant agricole ; la taille du ménage ; l’objectif principal de la production de l’exploitation ; la superficie de l’exploitation ventilée par type d’utilisation des terres ; la superficie totale de l’exploitation ; les modes de faire-valoir sur l’exploitation ; la présence ou non de l’irrigation sur l’exploitation ; les types de cultures temporaires présentes sur l’exploitation ; les types de cultures permanentes présentes sur l’exploitation, et menées en plantations serrées ; l’effectif du cheptel sur l’exploitation par type d’animal ; la présence ou non de d’aquaculture sur l’exploitation ; la présence ou non de forêts et d’autres terres boisées sur l’exploitation, etc.

Lire aussi : Protection sociale : 12 300 milliards à mobiliser sur dix ans

De fait, cela fait des années que les prévisionnistes impliqués dans la préparation du budget de l’Etat ne cessent de se plaindre de la qualité de l’information statistique qui leur est fournie par différentes administrations. Pendant la conférence annuelle des responsables des services centraux, déconcentrés et extérieurs du ministère des Finances en 2013 et 2014, Lazare Bela, alors Directeur des Affaires Economiques au ministère des Finances, rappelait aux participants que «la fiabilité du cadrage budgétaire dépend de la qualité des informations quantitatives et qualitatives fournies par les acteurs, que ce soit les projections du PIB et du taux de croissance, ou encore les prévisions de recettes budgétaires ». Or, l’absence ou l’obsolescence des informations statistiques sont de nature à induire les prévisionnistes en erreur. Selon les chiffres officiels, l’agriculture et le secteur informel représentent 40% du PIB. Mais « on n’est pas certains que la plupart des données relatives à ces secteurs reflètent la réalité économique », prévenait l’économiste-statisticien chevronné.

Lire aussi : Agriculture : 4 actions à résultats rapides pour la relance post-covid-19

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page