Smig : le Cameroun dernier en zone Cemac
La première économie de la sous-région partage la dernière place en matière de salaire minimum interprofessionnel garanti, fixé à 36270 Fcfa en 2014. L’augmentation envisagée et pour laquelle le gouvernement dit être en négociations avec les entreprises peut-elle lever ce paradoxe ?
Face à la presse en marge de la célébration de la 136e journée internationale du travail, le 1er mai dernier, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale (Mintss), Grégoire Owona, a déclaré que des négociations sont en cours entre le gouvernement et le patronat, en vue d’une nouvelle augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig). Il n’a pas dit à quel taux ce réajustement envisagé pourrait être fait, par rapport au montant de 36270 Fcfa adopté en 2014. Le Cameroun continue, en effet, de payer le Smig le plus bas au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), juste devant la République centrafricaine (Rca) qui stagne à 36000 Fcfa. Une réalité qui tranche avec son statut de « géant économique » de la sous-région avec un tissu industriel réputé diversifié, un Pib de 45 milliards de dollars en 2021, très loin devant la Guinée équatoriale (13 milliards de dollars en 2021), le Congo (10 milliards de dollars en 2020), le Gabon (18,29 milliards de dollars en 2021) et le Tchad (10 milliards de dollars en 2017), des ressources humaines de qualité, etc.
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Ces pays voisins détiennent, respectivement, les meilleurs taux de salaire minimum de l’espace Cemac, soit 128000 Fcfa pour la Guinée équatoriale, 90.000 Fcfa pour le Congo, 80.000 Fcfa pour le Gabon et 60.000 Fcfa pour le Tchad. Le Cameroun peut-il lever ce paradoxe dans le cadre du réajustement attendu ? Au-delà de la question du salaire minimum dont l’augmentation paraît aujourd’hui impérative, le pays qui fait face à une hausse inédite des prix sur son marché, situation qui a amené le gouvernement a geler les exportation des denrées de grande consommation dans une logique d’anticipation d’éventuelles pénuries, devrait pouvoir mettre en place des mécanismes pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages pauvres et moyens. La dernière augmentation des salaires au niveau de la fonction publique de l’Etat – à hauteur de 5% – date de 2014. Cette même année, un groupe de 12 centrales syndicales avait suggéré au gouvernement de quintupler le Smig, alors de 28000 Fcfa, pour le fixer à 150.000 Fcfa.
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Si la proposition avait été jugée irréaliste par le gouvernement lui-même, elle avait été balayée d’un revers de la main par le patronat, qui n’était déjà pas d’accord pour appliquer le minimum de 62000 Fcfa proposé par les représentants des travailleurs aux négociations. C’est à se demander si le secteur privé qui a accentué au cours des derniers mois la pression sur les pouvoirs publics pour qu’ils valident la hausse des prix de la plupart des produits de grande consommation au motif de l’explosion du fret maritime et aérien et de la hausse des cours des matières premières sur le marché international, est disposé à faire de nouvelles concessions salariales.