SMID: priorité au financement durable de la ville de Douala
Les autorités de la métropole ont fait le choix de la recherche d’un intérêt collectif garanti par la puissance publique, avec un mode de gestion privé réputé plus efficace.
La rédaction du journal EcoMatin vous propose cet article dans le cadre du dossier spécial « personnalité EcoMatin de l’année 2018 », une initiative qui a distingué pour sa première édition, Fritz Ntonè Ntonè, délégué du gouvernement de Douala. |
La création de la Société Métropolitaine d’Investissement de Douala (SMID), société d’économie mixte de gestion patrimoniale, est apparue comme une initiative susceptible de permettre de répondre à une lancinante préoccupation, à savoir : le financement durable de la ville de Douala. La toile de fond de cette démarche novatrice est, selon Dr Fritz Ntone Ntone, délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala, la nécessité de mobiliser l’épargne locale et, en particulier les investisseurs privés, et les ressources de la diaspora, vers le financement et la cogestion des équipements et des services nécessaires à la croissance et au développement durable de la ville.
les seuls besoins d’investissement consignés dans le Plan directeur d’urbanisme de Douala à l’horizon 2025 s’élèvent à 1 400 milliards de FCFA
En effet, Douala, la première ville du Cameroun sur les plans démographique et économique connait une croissance vertigineuse. Elle est annuellement de l’ordre de 4,5%, pour une population de près de 3 millions d’habitants sur près de 30 000 hectares et 65% des activités du secteur économique moderne. La métropole économique accueille annuellement 100 000 habitants environ, les projections les plus pessimistes la propulsent à 4 millions d’habitants à l’horizon 2030. Par ailleurs, selon les données de la Communauté urbaine de Douala, en extrayant les principaux projets structurants identifiés ou confirmés, en cours de finition tels que les pénétrantes Est et Ouest ou le deuxième pont sur le Wouri, les seuls besoins d’investissement consignés dans le Plan directeur d’urbanisme de Douala à l’horizon 2025 s’élèvent à 1 400 milliards de FCFA, à opposer aux 25 à 30 milliards FCFA, sur un budget global de 60 milliards de FCFA, que la ville est annuellement en mesure d’affecter à l’investissement public local. A en croire Dr Fritz Ntone Ntone, deux défis importants se posent aujourd’hui en termes d’investissement public local, à savoir d’une part, le rattrapage du déficit accumulé, et d’autre part la mobilisation des ressources pour soutenir cette croissance urbaine.
Pour Jean Yango, directeur des études, de la planification, des investissements et du développement durable à la CUD, trois principales pistes pour le financement des investissements de la ville s’offrent alors à Douala. A savoir l’emprunt, la fiscalité locale et les partenariats public-privé. L’autre impératif consiste pour la ville de Douala, à développer des ressources propres, poursuit-il. Mais là aussi, comme dans les autres villes du continent, Douala est dans une situation économique paradoxale. En effet, explique-t-il, métropole économique du pays (PIB local de 3 092 milliards FCFA en 2011, 31% du PIB national), ce rôle privilégié ne lui apporte pour autant pas des ressources propres suffisantes, à l’effet de développer un environnement en lien avec la dimension réelle de ses enjeux actuels et à venir, et de sa fonction naturelle de locomotive.
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Par ailleurs, La gouvernance rénovée implémentée au niveau de la CUD depuis 2009 n’est pas à la hauteur des objectifs du développement durable de la ville. Cette gouvernance bâtie autour d’une stratégie de développement à l’horizon 2025 et de la gestion transparente et efficace de ses ressources financières qui s’est certes illustrée par une mobilisation accrue des recettes fiscales, contribue, selon les acteurs, à un accroissement continu du budget annuel de la CUD qui oscille désormais autour de 60 milliards de FCFA dont une moyenne de 25 à 30 milliards FCFA est affectée annuellement à l’investissement. Mais ce niveau appréciable de ressources s’inscrit pour autant aux antipodes des besoins nécessaires au développement durable de la ville de Douala. D’où le changement de logique dans l’organisation des structures de la CUD et dans la stratégie de mobilisation des ressources financières indispensables à l’amélioration de la compétitivité et à l’attractivité de la métropole économique. Et par conséquent, à l’amélioration des conditions de vie de ses populations. « L’idée est en effet par le biais des partenariats public-privé, encadrés notamment par les pertinentes dispositions de la législation en vigueur, d’associer la recherche d’un intérêt collectif garanti par la puissance publique (CUD et autres organismes publics), avec un mode de gestion privé réputé plus efficace », explique Dr Fritz Ntone Ntone, le délégué du gouvernement.
Un capital de plus de 3,46 milliards FCFA pour 346 982 titres
L’opération a permis à la CUD d’atteindre son objectif. À savoir : constituer le capital social de la SMID, qui s’élève donc à 3 469 820 000 FCFA pour 346 982 titres alloués. Les actionnaires de la SMID se répartissent selon la configuration suivante : catégorie A pour les actions destinées à la CUD (23%), soit un montant de 798 060 000 FCFA pour 79 806 titres alloués ; la catégorie B pour les actions destinées aux entreprises du secteur public et parapublic (10%), soit un montant de 346 970 000 FCFA pour 34 697 titres ; la catégorie C pour les entreprises du secteur privé (30%), d’un montant 1 054 730 000 FCFA, soit 105 473 titres ; et la catégorie D constituée des actions destinées aux personnes physiques (37%), soit un montant de 1 270 060 000 FCFA, donc 127 006 titres.
L’appel public à l’épargne de la communauté urbaine de Douala a suscité l’engouement des investisseurs, puisqu’il a permis de collecter plus de 5 milliards de FCFA pour un taux de souscriptions de 54%. Il se dégage du dépouillement, suite à la clôture de la période de souscriptions, le 5 juillet 2018 à 15 heures précises, qu’au total, 2 353 bulletins de souscriptions portant sur 541 479 actions, soit 5 414 790 000 FCFA ont été collectés par les établissements placeurs.
C’est le 31 juillet 2018 que la Commission des Marchés Financiers (CMF) autorise la communauté urbaine de Douala (CUD) à constituer la SMID sur la base d’un nouveau capital fixé à trois milliards quatre cent soixante-neuf millions huit cent vingt mille (3 469 820 000) FCFA. La CUD avait dans un premier temps reçu l’autorisation du gendarme de la bourse de procéder à un appel public à l’épargne pour la constitution du capital social de la Société Métropolitaine d’Investissement de Douala (SMID) à hauteur de 10 milliards FCFA.
Financement local : la Smid, une réponse adéquate face aux besoins pressants
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Douala se met à la modernité. Avec une population estimée actuellement à près de millions d’habitants, Douala s’inscrit sur les plans économique et démographique comme principale ville du Cameroun. Mais, comme on l’explique à la communauté urbaine de Douala, force est de relever qu’en lien avec la croissance démographique et spatiale de la ville, les besoins de financement et de gestion urbaine qui permettraient de faire efficacement face aux enjeux actuels et à venir de la ville de Douala ont manifestement changé d’échelle et invitent à des changements de logique sur ces plans. Les seuls besoins d’investissement consignés dans le plan directeur d’urbanisme de Douala à l’horizon 2025 s’élèvent à 1 400 milliards de Fcfa, à opposer aux 25 à 30 milliards de Fcfa, sur un budget global de 60 milliards de Fcfa que la ville est annuellement en mesure d’affecter à l’investissement public local.
L’on peut à juste titre considérer que le financement durable de la ville de Douala s’avère aujourd’hui la question fondamentale dans le contexte global d’une gouvernance métropolitaine qu’il conviendrait de réinventer pour asseoir les bases solides de sa métropolisation
Comme dans la quasi-totalité des villes d’Afrique, deux défis importants se posent aujourd’hui en termes d’investissement public local, informe-t-on, à savoir : d’une part le déficit accumulé et d’autre part la mobilisation des ressources nécessaires à la croissance urbaine, dans une ville qui accueille annuellement 100 000 habitants environ et que les projections les plus pessimistes propulsent à 4 millions d’habitants à l’horizon 2030. L’on peut à juste titre considérer que le financement durable de la ville de Douala s’avère aujourd’hui la question fondamentale dans le contexte global d’une gouvernance métropolitaine qu’il conviendrait de réinventer pour asseoir les bases solides de sa métropolisation, sur laquelle le consensus social est désormais établi.
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Dans ce contexte et tirant les remarquables leçons des expériences probantes des villes dynamiques et modernes, la création de la Société métropolitaine d’investissement de Douala (Smid) est apparue comme une initiative susceptible de permettre de répondre à cette préoccupation, précise-t-on. La toile de fond de cette démarche novatrice est en réalité la nécessité de mobiliser l’épargne locale et en particulier les investisseurs privés et les ressources de la diaspora vers le financement la cogestion des équipements et des services nécessaires à la croissance et développement durable de la ville de Douala.