Scandale des MA60 : l’étau se resserre autour de Robert Nkili
L’ancien ministre des Transports défile à la Direction de la police judiciaire à Yaoundé, depuis la fin d’une mission de la sous-direction des enquêtes économiques et financières de cette unité en Chine. Cette équipe est allée enquêter sur le montage financier ayant abouti à l’achat de ces deux avions à 34,4 milliards Fcfa, au lieu de 5,6 milliards Fcfa l’unité.
Conduite par un commissaire divisionnaire, une équipe de la sous-direction des enquêtes économiques et financières de la police judiciaire est rentrée il y a peu d’une mission de six semaines dans les ateliers XI’an Industries, le fabricant chinois des MA60. De sources proches du dossier, elle est allée enquêter sur le montage financier ayant abouti à l’achat de deux avions de ce type par le Cameroun au profit de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) en novembre 2013. Le pays avait acquis ces aéronefs jugés peu fiables par la Federal Aviation Administration des Etats-Unis d’Amérique et l’Agence européenne de la sécurité aérienne – ils sont d’ailleurs interdit de survoler leurs espaces aériens -, grâce à un « prêt préférentiel » d’Eximbank China d’un montant de 34,4 milliards Fcfa. Or, le prix officiel de ces appareils, exclu le service après-vente qui prend en compte la maintenance sur une certaine période des avions, un stock de pièces de rechange et la formation des pilotes, est de 5,6 milliards Fcfa.
A preuve, la même année 2013, le Congo de Sassou Nguesso avait acheté deux aéronefs MA60 à 14 milliards Fcfa incluant les intérêts du prêt obtenu chez le même bailleur de fonds Eximbank China. Les enquêteurs de la police judiciaire tentent de retrouver le surplus de plus de 20 milliards Fcfa constaté dans l’acquisition de ces deux avions. Si beaucoup de hautes autorités sont impliquées dans ce dossier hautement sensible, y compris des officiers de l’armée , l’étau se resserre davantage autour de l’ancien ministre des Transports (09 décembre 2011-02 octobre 2015), Robert Nkili, qui, répondant aux questions des sénateurs lors de la session parlementaire de juillet 2014, avait indiqué n’avoir pas pris part aux négociations en vue de cette acquisition pour le compte du Cameroun. Celles-ci se seraient faites au moment où il était encore ministre du Travail et de la Sécurité sociale.
Mebe Ngo’o
Ces dernières semaines, l’ancien membre du gouvernement a beaucoup tenu compagnie aux enquêteurs de la Direction de la police judiciaire, à Yaoundé. Soutenant mordicus que «le MA-60 en matière de fiabilité peut être comparé aux avions russes Iliouchine ou Tupolev, boycottés par la majorité des compagnies aériennes et interdits de survol d’espaces aériens» et soupçonnant des rétro commissions mirobolantes versées aux négociants Camerounais. Le Social Democratic Front (SDF) avait exigé en 2015 l’ouverture d’une enquête parlementaire sur ce dossier. Cette demande n’a jamais prospéré, en dépit des réserves de la Cameroon Civil Aviation Authority (CCAA). Cette structure étatique chargée de la sécurité aérienne, doutant également de leur fiabilité, avait refusé de certifier ces avions et bloqué leur mise en service. Mais, sous la pression d’une commission interministérielle mise sur pied par l’ex-Premier ministre, Philemon Yang, elle avait fini par céder en novembre 2015. Quelques semaines après, son directeur général d’alors, Pierre Tamkam, avait été limogé par le successeur de Robert Nkili comme ministre des Transports, Edgard Alain Mebe Ngo’o.