Quand la baisse du budget de la Santé remet en cause le projet de couverture santé universelle
Annoncé pour fin 2019, le financement de ce projet prête à polémique compte tenu de l’enveloppe budgétaire du ministère de la Santé publique en pleine chute libre
Les dépenses de santé sont l’une des principales causes de pauvreté dans les ménages au Cameroun. Fort de ce constat, le gouvernement par le biais du ministre de la Santé publique, André Mama veut mettre en place la couverture santé universelle(CSU). Une offre qui sera effective à la fin de l’année 2019. Pour le Minsanté, Cette mesure va permettre de réduire les inégalités d’accès aux soins de santé dans les ménages. La couverture santé universelle englobe d’une part l’organisation et le financement de la demande de santé et d’autre part l’organisation et le financement de l’offre des soins. Ce qui permettra de veiller sur la mise en œuvre de la réforme hospitalière telle que conçue en 2003, notamment dans ses volets consacrés à l’amélioration de la qualité de l’accueil et de la prise en charge dans les hôpitaux, à une meilleure disponibilité des médicaments, à la proximité des centres de santé et à la formation continue du personnel médical. Au-delà du fait qu’elle va permette d’améliorer les conditions de vie des ménages, la couverture santé universelle ne fait pas l’unanimité, surtout en ce qui concerne son financement. En effet, depuis deux ans déjà, l’enveloppe budgétaire allouée au Minsante est en baisse. De 236 milliards de FCFA en 2016, le budget du Minsanté est descendu à 208 milliards en 2017 pour se situer en 2018 à 174 milliards pour 90 milliards réservés à l’investissement. Une baisse qui appelle à se demander comment sera financé ce projet de la couverture santé universelle.
Selon les déclarations du ministre de la Santé publique, le Cameroun aura besoin de 1.300 milliards de francs CFA pour mettre en place son système de CSU. Pour mobiliser cette enveloppe, en plus de ses fonds propres le Cameroun devra compter sur ses partenaires institutionnels et financiers. Une chose est certaine, toute la population camerounaise sera mise à contribution.
Outre le financement, l’effectivité de cette réforme santé implique la qualité et la quantité des spécialistes de santé et également une efficience de la recherche scientifique dans le domaine. A cet effet, on pourrait dire que la récente création de la Faculté de médecine de Garoua qui pour sa première année va former 85 étudiants, d’après l’appel à candidature lancé par le ministre de l’Enseignement supérieur. En outre, les responsables du Minsanté ont assuré que le paquet de soins de base qui devrait être mis en place pour le lancement de la couverture santé universelle, contient un total de 182 spécialités dans les domaines de la cardiologie, la pneumologie, l‘hépato-gastroentérologie, la néphrologie, la neurologie, la rhumatologie, l’endocrinologie, les maladies infectieuses, la psychiatrie, l’oncologie, l’hématologie, la dermatologie, la néonatologie, la cardiologie et la pneumologie pédiatrique, les accidents domestiques et les sévices ainsi que la santé de l’adolescent. Qui sont les spécialités choisies pour le lancement du projet.
La recherche scientifique en matière de santé quant à elle souffre cruellement d’un manque de financement. Par ailleurs, huit hôpitaux de référence seront construits dans les autres régions afin de remédier aux évacuations sanitaires.
Couverture santé universelle ou assurance santé universelle ?
La question de la gestion des soins de santé au Cameroun a tout de suite mis en confrontation les spécialistes de la santé et le gouvernement. Si les premiers préconisent le système d’assurance santé universelle, le gouvernement lui penche pour la couverture santé universelle. Dans son fonctionnement, le système d’assurance maladie universelle, selon le Syndicat des médecins du Cameroun (Symec), repose sur la mise en place d’une structure nationale unique de gestion technique et financière de la couverture de santé. Pour y avoir accès, chaque citoyen camerounais devra disposer d’une carte de couverture en santé avec un numéro d’identifiant unique. Il pourra recevoir des soins et services sur toute l’étendue du territoire. Ceci passe par l’immatriculation biométrique de tous. L’enregistrement s’effectuera via des points d’enrôlement.
Pour ce qui est des contributions financières, elles seront prélevées automatiquement sur la pension par les services compétents des finances et du trésor public pour les agents de l’Etat à la retraite. Tandis que pour ceux du secteur privé à la retraite, les prélèvements se feront sur la pension par la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps). Dans le cas des travailleurs des secteurs informel et agricole, il sera question de majorer les taxes ou impôts du montant de la cotisation à l’assurance-maladie. Pour ce qui est des personnes pauvres et vulnérables, leur affiliation sera effectuée par les collectivités territoriales décentralisées, sur la base d’une méthodologie et des critères définis au niveau national. Tout compte fait, les simulations du Symec donneraient un minimum de 300 milliards de FCFA à la caisse d’assurance maladie. 543.25 Milliards de FCFA soit plus de 2/3 des dépenses de santé des Camerounais collectées sur les produits brassicoles, les passagers dans les ports et aéroports et sur le secteur de la téléphonie mobile.
Le gouvernement cherche tout de suite à poser la différence. « La CSU englobe d’une part l’organisation et le financement de la demande de santé et d’autre part l’organisation et le financement de l’offre des soins » a tenu à préciser le Minsanté. Pour cela, le gouvernement cherche à appliquer des mécanismes de dépenses améliorés et plus appropriés pour la santé et la promotion de la sécurité financière des ménages.