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Opinions

Salaire des fonctionnaires: que se passe-t-il au Cenadi ?

Pour la énième fois, le Centre national de développement de l’informatique (Cenadi) fait l’objet de dysfonctionnements qui rendent douteux le traitement solde du mois de mars 2019.

C’est un document émanant du ministère de la Défense qui fait frémir des fonctionnaires connectés sur les réseaux sociaux. En effet, dans un compte rendu qui a fuité, un haut gradé de l’armée signale une « panne » des onduleurs de la salle des machines du Centre national de développement de l’informatique (Cenadi). Selon le document qui a fuité, « une panne ayant détérioré les onduleurs (appareil central de régulation de la tension électrique) de la salle des machines du Cenadi depuis le 7 mars 2019, empêchant le traitement solde du mois de mars 2019 dans toutes les administrations publiques ».
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Dans le même document, l’on apprend qu’en effet selon experts engagés pour le dépannage, cet incident enregistré au moment de lancer le traitement de la solde du mois de mars 2019, aurait résulté des multiples variations de la tension électrique du réseau Eneo.  « Les effets de cette panne pourront concernés les mois de février et de mars 2019. En ce qui concerne le mois de février 2019, le paiement différé en mars 2019, des rappels issus traitement solde de février 2019, pourrait ne pas avoir lieu ». La note poursuite que « pour le mois de mars 2019, le traitement mensuel de la solde qui se déroule habituellement du 5 au 15 de chaque mois, risque d’être compromis. Néanmoins, l’équipe de dépannage d’experts est encore à pied d’œuvre pour trouver les voies et moyens de pouvoir liquider les rappels du mois de février, différés en mars 2019 ».

Après le lancement de l’opération d’assainissement du fichier solde de l’Etat en mai dernier, le ministre des Finances a  recruté des experts en informatique pour minimiser les réseaux de fraudes financières

Si la note révélée ci-dessus suscite plutôt des inquiétudes, au ministère des Finances (Minfi), l’on affiche plutôt une grande sérénité. « Vous croyez aux fakes? Eh bien croyez-y. Mais moi je vous dis tout simplement que les salaires du mois de mars [2019] seront bel et bien payés le jour dit », affirme Gédéon Adjomo, l’un des responsables du service de la communication au Minfi. Il poursuit en indiquant que « S’il est une chose pour laquelle aucune erreur n’est tolérée dans ce pays, c’est bien la solde des fonctionnaires. De ce point de vue, je puis vous rassurer, les responsables du Cenadi que nous avons contactés sont formels. Aucune menace ne pèse sur la solde de mars. Je signe d’ailleurs fièrement ce message ».


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Seulement, il faut relever que ce n’est pas la première fois que l’on enregistre des incidents informatiques au Cenadi. En effet, depuis le vendredi 4 mai 2018, Emmanuel Leubou, âgé de 57 ans, ancien haut responsable du Cenadi est en détention préventive pour détournement de deniers publics en coaction, pour manipulation illicite du fichier solde de l’Etat, ayant causé un préjudice de 13 milliards de FCFA à l’Etat. Emmanuel Lebou détenait les mots de passe devant permettre à d’autres personnes de traiter les salaires de l’Etat du mois de mai 2018.

Après le lancement de l’opération d’assainissement du fichier solde de l’Etat en mai dernier, le ministre des Finances a  recruté des experts en informatique pour minimiser les réseaux de fraudes financières.

canal des manipulations du fichier solde

Ce n’est pas fortuit si le ministre des Finances (Minfi) renforce la sécurité sur la plateforme du Centre national de développement informatique (Cenadi). En réalité, c’est en son sein que s’opèrent toutes les manipulations du fichier solde du personnel de l’Etat. Un fichier qui fait l’objet de toutes les attentions du gouvernement en ce moment. Car, il a été prouvé que c’est via cette structure que nombre de fonctionnaires fictifs passent pour toucher frauduleusement des salaires et autres avantages financiers. Ce qui a d’ailleurs poussé l’Etat à lancer au mois de mai, une opération de comptage physique des agents publics.

« Ce dénombrement qui a pour but d’identifier et d’expurger du fichier solde de l’Etat tous les agents publics y émargeant irrégulièrement, du fait d’une absence non justifiée, d’une démission ou d’un décès non déclaré, va s’étaler sur la période allant d’avril à juin 2018 pour la collecte des données », explique le ministre des Finances. Le Minfi ajoute que cette collecte des données se fera sur toute l’étendue du territoire national par des équipes spécialement déployées, à cet effet, auprès des banques, établissements de microfinance et postes comptables assignataires. Louis Paul Motaze rappelle que ce comptage physique a un caractère obligatoire et que cette opération s’impose à tout agent public sous peine de suspension pure et simple de solde.

au cours du conseil de cabinet du 30 mars 2017, Michel Ange Angouing, alors ministre en charge de la Fonction publique (Minfopra), a confessé que Sigipes II n’a pas été livré en 2016 comme initialement prévu

Ce recensement des fonctionnaires est une prescription du chef de l’Etat, Paul Biya. Dans sa circulaire du 20 juin 2017, il avait instruit un comptage des agents publics au cours de l’exercice 2018, car la masse salariale tourne actuellement autour de pratiquement 1000 milliards FCFA. Mais nul ne peut dire avec exactitude le nombre de fonctionnaires au Cameroun.


>> Lire aussi – 44 000 agents publics suspects reversés au « bon de caisse »


C’est également au sein du Cenadi que doit être installé le Système informatique de gestion intégrée des personnels de l’Etat et de la solde, deuxième génération (Sigipes II). En 2017, les sources officielles indiquaient qu’une plateforme matérielle et logicielle a été acquise et paramétrée, puis installées au Cenadi, où des aménagements spéciaux ont été effectués. Mais depuis lors, on a plus entendu parler de Sigipes II. Ce qui a d’ailleurs po Sigipes II.

En effet, au cours du conseil de cabinet du 30 mars 2017, Michel Ange Angouing, alors ministre en charge de la Fonction publique (Minfopra), a confessé que Sigipes II n’a pas été livré en 2016 comme initialement prévu. Notamment du fait du non-respect de certaines obligations contractuelles incombant au groupement de prestataires retenus : Cameroun Audit Conseil / CBL Consulting.

Michel Ange Angouing a préconisé à cette entreprise des mesures correctives en vue de la fourniture de l’ensemble des livrables attendus. A savoir, l’installation et la mise en service de toutes les composantes du logiciel, la migration des données et l’exploitation du nouveau système par l’ensemble des administrations bénéficiaires, la formation des utilisateurs et le transfert de compétences, l’interfaçage de la nouvelle application avec l’ensemble des applications disponibles dans l’administration camerounaise.

Pour rappel, Sigipes II constitue un véritable saut technologique. C’est une fusion entre Sigipes I développé en 1994 et Antilope (Application nationale des traitements informatiques et logistiques des personnels de l’Etat) créée en 1986. Le processus d’acquisition de cette solution informatique s’est fait dans le cadre d’un contrat signé en octobre 2013, grâce à l’appui financier (7,5 milliards de FCFA) de l’Union européenne.

Vers le sabordage de l’assainissement du fichier solde de l’Etat

Les réseaux de siphonage des recettes publiques, au niveau du ministère des Finances, seront peut-être mis à mal dans les prochaines semaines. En tout cas, Louis Paul Motaze, le chef de ce département, y travaille activement. Car, après la traque des fonctionnaires fictifs qui émargent dans le budget de l’Etat, avec la complicité de hauts responsables en charge de la gestion du fichier solde,  le ministre des Finances a également engagé, courant mai, la sécurisation des recettes publiques. A commencer par le plateau technique du Centre national de développement de l’informatique (Cenadi). C’est à cet endroit que se gère le Système informatique de gestion intégrée des personnels de l’Etat et de la solde (Sigipes).

En dehors du Cenadi, Louis Paul Motaze a également lancé, le 7 juin, un avis d’appel à manifestation d’intérêt pour la présélection des prestataires en vue de la sécurisation du réseau et de l’infrastructure informatique de la direction générale des Impôts (DGI)

Ainsi, depuis le 30 mai 2018, après un appel d’offres public, l’on attend de connaître le nom de l’entreprise camerounaise adjudicataire du « projet de modernisation et sécurisation de la plateforme technique du Cenadi ». Les prestations attendues dans le cadre de ce projet consistent en l’évaluation de la plateforme actuelle du Cenadi, l’estimation des besoins techniques et technologiques, la fourniture et la mise en service des équipements techniques et des logiciels, les aménagements des salles machines, la réhabilitation du réseau local du Cenadi, le déplacement du serveur z10BC pour son installation dans le site de relève, le démontage du serveur MP 2003, l’élaboration d’un plan stratégique de sécurité, enfin le renforcement des capacités des cadres du Centre national de


>> Lire aussi – Personnels de l’Etat: des interrogations sur les retombées du comptage physique


En dehors du Cenadi, Louis Paul Motaze a également lancé, le 7 juin, un avis d’appel à manifestation d’intérêt pour la présélection des prestataires en vue de la sécurisation du réseau et de l’infrastructure informatique de la direction générale des Impôts (DGI).  Selon le ministre des Finances, « même si la situation informatique de la DGI s’est nettement améliorée ces dernières années, (…) plusieurs défis restent à relever notamment ceux relatifs à leur sécurisation sur le réseau d’interconnexion et sur internet ».

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