Rumeur sur le riz plastique: la gaffe de Mbarga Atangana
En sommant la société Africa Food Distribution de fournir les documents qui prouvent la conformité des produits Bröli et Armanti qu’elle importe, le ministre du Commerce révèle subtilement qu’il y a des failles dans le contrôle des produits alimentaires manufacturés importés sur le marché camerounais.
Tout est parti d’une vidéo qui fait le tour des réseaux sociaux depuis environ quatre jours, laquelle vidéo a été tournée et publiée par l’homme politique Jean Marc Ngoss, président du Parti de l’esprit d’avril 48. Elle montre l’auteur faisant rebondir au sol des boules prétendument fabriquées avec du riz parfumé cuit de la marque Bröli. Il trouve cela scandaleux et croit savoir qu’il ne s’agit ni plus ni moins que du fameux « riz en plastique » d’origine chinoise et dont la présence est signalée depuis quelques mois en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en Gambie, entre autres pays. Comme il fallait s’y attendre, dans un communiqué samedi dernier, Africa Food Distribution, la société importatrice des produits Bröli et Armanti, a dénoncé « des campagnes récurrentes de dénigrement (…) dans le but manifeste d’oblitérer l’image de marque de [ses] produits ».
Même si elle assure que l’intégrité sanitaire et qualitative de tous ses produits alimentaires, une sortie du ministre du Commerce (Mincommerce) la veille sème le doute dans les esprits. Dans la foulée de la vidéo largement commentée sur fond d’indignation, Luc Magloire Mbarga Atangana a immédiatement invité par correspondance, vendredi dernier, le directeur général de cette société à prendre part à une réunion qu’il présidera « personnellement » à Yaoundé le 03 janvier prochain, et à laquelle sont attendus des représentants du ministère du l’Agriculture et du Développement rural (Minader) et de l’Agence des normes et de la qualité (Anor). Non sans lui demander de se munir des attestations de conformité avant expédition des marchandises, au titre du Programme d’évaluation de la conformité avant embarquement (Pecae), délivrés par les organismes accrédités et dûment mandatés à cet effet (Société générale de surveillance et Intertek).
Luc Magloire Mbarga Atangana réclame par ailleurs le certificat de conformité à la norme de ces produits, délivré par l’Anor, et le procès-verbal phytosanitaire à l’importation, délivré par le poste de police phytosanitaire du Port autonome de Douala (Pad)
Luc Magloire Mbarga Atangana réclame par ailleurs le certificat de conformité à la norme de ces produits, délivré par l’Anor, et le procès-verbal phytosanitaire à l’importation, délivré par le poste de police phytosanitaire du Port autonome de Douala (Pad). Cette invitation qui s’est très vite retrouvée sur la place publique a, au lieu de rassurer l’opinion, plutôt envenimé la polémique. Car, elle révèle subtilement que cet importateur n’a pas respecté toutes les procédures en vigueur en matière d’importations en République du Cameroun. Sinon, les services des ministères concernés devraient disposer de toutes les informations y relatives. D’aucuns estiment en effet que, pour des produits commercialisés depuis plusieurs années sur le marché camerounais, le Mincommerce devrait plutôt faire un communiqué pour dire aux consommateurs qu’ils ne souffraient d’aucune anomalie et ainsi lever toute équivoque.
S’il y a le moindre doute sur la qualité de ce riz haut de gamme (ou présenté comme tel), les autorités devraient immédiatement ordonner le retrait provisoire desdites marques du marché comme mesure conservatoire, le temps qu’une équipe ad hoc d’experts procède à une analyse de la qualité.
S’il y a le moindre doute sur la qualité de ce riz haut de gamme (ou présenté comme tel), les autorités devraient immédiatement ordonner le retrait provisoire desdites marques du marché comme mesure conservatoire, le temps qu’une équipe ad hoc d’experts procède à une analyse de la qualité. Cette affaire vient en tout cas relancer le débat autour du contrôle des produits alimentaires manufacturés, qu’ils soient locaux ou importés, commercialisés sur le marché national. L’idée la plus répandue c’est qu’il y a une certaine légèreté de la part des autorités sur la question de la sécurité sanitaire des aliments.
En 2015, des examens de conformité faits sur une huile de soja importée et qui se comportait plutôt bien sur le marché avaient prouvé que celle-ci ne respectait pas la norme Nc77 2002-03 Rev.1 (2011) relative aux huiles végétales portant un nom spécifique, enrichies à la vitamine A. Cette norme est pourtant rendue d’application obligatoire depuis le 24 août 2011.
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