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Retrait d’agrément : cinq DG de banques camerounaises dans le viseur de la COBAC

En cas de récidive, la Commission bancaire de l’Afrique centrale pourrait retirer leur agrément à ces banques pour non-respect de la réglementation des changes et des normes prudentielles.

« Il n’a pas exclu qu’en cas de récidive dans le non-respect des règles sur le change, que certaines banques perdent leur agrément ». Dixit une source à la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) au sujet d’Afriland First Bank, UBA, CCA, Ecobank Cameroun et Bgfi Bank Cameroun. Ces banques ainsi que certains de leurs dirigeants ont été sanctionnés récemment par le régulateur bancaire. En effet, Abbas Mahamat Tolli a publié le 28 décembre 2018, des décisions de la Commission bancaire de l’Afrique centrale qu’il préside.


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Dans le détail, Alphonse Nafack, directeur général d’Afriland First Bank, a reçu un avertissement de la Cobac pour non-respect des normes prudentielles et violation de la réglementation sur le change. Isong Udom de United Bank for Africa, Gwendoline Nzo-Nguty Abunaw d’Ecobank Cameroun, et Waidi Loukoumanou de BGFI Bank Cameroun ont également écopé de sanctions similaires.  La violation des normes prudentielles et le non-respect de la réglementation sur le change ont aussi été imputés à André Alexis Megudju, directeur général du Crédit communautaire d’Afrique, une ancienne microfinance qui a reçu l’agrément de la Cobac à l’exercice de la profession bancaire en mars 2017.

En effet, c’est depuis 2017 que la Cobac tire la sonnette d’alarme sur le non-respect des normes prudentielles par les banques de la zone Cemac

Par ailleurs, après délibérations de la Cobac, réunie en sa session disciplinaire le 22 septembre 2018 à Yaoundé, il a été décidé d’infliger un blâme à Dominique Mahend, directeur général adjoint de UBA, pour non-respect de la réglementation des changes et des normes prudentielles. La même sanction est infligée à Eric Simo Fongang, directeur général adjoint du Crédit communautaire d’Afrique.


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Ces sanctions contre les banques ne surprennent pas. En effet, c’est depuis 2017 que la Cobac tire la sonnette d’alarme sur le non-respect des normes prudentielles par les banques de la zone Cemac. Abbas Mahamat Tolli avait déclaré au cours d’une session de la commission bancaire en septembre 2017, à N’djamena (Tchad) : « dans la pratique, nous observons que plusieurs établissements de crédit ont tendance à perdre de vue le respect des règles prudentielles édictées par la Cobac et par conséquent, à se surexposer espérant ainsi satisfaire des objectifs de rentabilité». Le président de la Cobac avait appelé au sens des responsabilités, pour concilier les contraintes commerciales avec les exigences de conformité.

En plus de directeurs généraux d’établissements bancaires, le régulateur du marché bancaire a également examiné la situation de sept institutions financières à qui il est reproché, entre autres fautes, le non-respect de la réglementation bancaire, l’absence de contrôle interne sur le blanchiment d’argent. Ces institutions, selon le régulateur, se sont également affranchies des règles qui encadrent le marché de change.

Pour les experts du secteur, ce rappel du président de la Cobac et gouverneur en exercice de la Beac n’est pas de trop dans un univers caractérisé soit par des prises extrêmes de risques pour certains soit, à l’opposé par un attentisme coupable pour d’autres acteurs du marché financier et bancaire sous régional.

« Infliger des sanctions de types administratives des dirigeants et mandataires légaux vise à tirer la sonnette d’alarme ! La réalité non perçue est que la situation « in vivo » est bien plus grave ou plus alarmante. De telles sorties expriment à mots couverts, un certain aveu d’impuissance quant à la volonté de réforme du régulateur et sa capacité de faire « in fine » respecter les règles et normes internationales de l’activité bancaire camerounaise », commente un observateur averti.

 Le défi des ratios prudentiels

«Aucune banque ne respecte le ratio de la structure du portefeuille-crédits.» Cette révélation est contenue dans un rapport sur la situation économique et financière du Cameroun, produit en 2018 de février par le ministère camerounais des Finances (Minfi). En effet, explique un expert du Minfi, « le ratio de la structure du portefeuille-crédits » est l’indicateur qui permet d’observer la qualité d’un portefeuille de crédits d’un établissement bancaire.

« Ce ratio qui doit être au moins égal à 60%, se calcule en divisant les crédits ayant obtenu un accord de classement par le total des crédits alloués. Une dégradation de ce ratio permet de détecter les risques de crises financières et bancaires. Et le Cameroun est actuellement dans ce cas de figure.», explique la source.

A fin juin 2017, la situation des normes prudentielles sur d’autres plans, se présente ainsi qu’il suit : 11 banques sur 14 présentent des fonds propres positifs, 10 banques respectent le ratio de la liquidité, 8 banques seulement respectent le ratio de la couverture des immobilisations, 10 banques respectent le ratio de couverture risques.


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Le non-respect sur la réglementation du change n’est pas exclusif au Cameroun. En effet, Geoffroy Désiré Mbock, ex-secrétaire permanent du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (Gabac), a publié début mai 2018, une tribune libre dans la presse camerounaise faisant état des volumes d’argent vendus, dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad), au cours de la période 2013-2016.

Citant une étude de la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac), l’ancien responsable du Gabac révèle que, pendant la période sous revue, l’ensemble des pays de la Cemac a vendu 3050 milliards FCFA en contrepartie d’euros et 1434 milliards FCFA pour acheter des dollars US. Ce qui fait un total global de 4 484 milliards FCFA vendus via le change manuel en contrepartie de devises.

Le Cameroun, le Congo, et le Tchad apparaissent comme les plus gros acquéreurs de devises. A cet effet, indique cette étude de la Cobac, sur les 3050 milliards vendus pour des euros, le Cameroun à lui seul totalise 1531 milliards, soit plus de la moitié des CFA vendus dans la sous-région. Cela représente plus du quart du budget actuel dans le pays. Et sur les 1434 milliards cédés par la Cemac en contrepartie des dollars, le Cameroun a vendu 433 milliards FCFA. Soit un total de 1964 milliards sortis du territoire camerounais pour avoir des euros et des dollars.

Deux autres données statistiques apparaissent : le Tchad a cédé 685 millions FCFA pour acheter des euros. Le Congo, quant à lui, a vendu 896,5 millions FCFA en contrepartie de dollars américains. Les autres pays de la Cemac, dont les données n’apparaissent pas dans l’étude citée, se partagent le reste du volume d’argent sorti de la sous-région.


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Selon Geoffroy Désiré Mbock, il y a lieu de conclure que la saignée ci-dessus apparaîtrait certainement plus importante si les données intégraient les autres opérateurs et modes de transfert de fonds conventionnels. Il s’agit principalement des produits proposés par les banques pour les transferts de fonds intra-groupe : Africash, pour UBA ; Rapid Transfer et Cash Express, pour Ecobank ; Flash Transfer pour Afriland First Bank ; BGFI Express par Bgfi Bank et Wafacash pour le groupe Attijariwafa et les produits proposés par Express Union International. Auxquels, il convient d’ajouter les flux de transfert de fonds générés par les opérateurs de téléphonie mobile.

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