Rémunération: le gouvernement attend toujours la proposition des syndicats sur le SMIG
Les représentants des travailleurs estiment qu’à 36 270 FCFA, le salaire minimum interprofessionnel garanti en vigueur ne permet pas au travailleur de vivre décemment. S’ils sont unanimes sur la nécessité de revaloriser le SMIG, les leaders syndicaux n’arrivent pas à s’accorder sur le montant.
“On peut vivre avec les 36 270 FCFA représentant le SMIG au Cameroun.” La déclaration du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona, à la chaîne de télévision publique, Crtv, en mai 2019 a provoqué une onde de choc dans le monde du travail. C’est que, peu de personnes partagent l’avis du ministre. “Le travailleur vit de plus en plus dans la précarité. Quand le SMIG au Cameroun continue à être à 36 270 F, on ne peut pas valablement dire qu’on peut satisfaire même les besoins basiques”, estime la présidente de la Confédération camerounaise du travail, Antoinette Tangono épouse Ekoan. Le leader syndical rappelle que le salaire a un caractère alimentaire. “Quand un salaire n’arrive pas à vous satisfaire, vous nourrir et résoudre les problèmes basiques d’un travailleur, alors ça devient compliqué.” L’une des solutions serait une nouvelle revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG).
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La question est sur la table du gouvernement depuis lors. Le sujet a, à nouveau, été évoqué il y a quelques jours. C’était lors d’une concertation organisée par le ministre du Travail avec les représentants d’employeurs, notamment le groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et le Groupement des femmes d’affaires du Cameroun (Gfac) et les confédérations syndicales nationales. Aucune décision n’a été prise à ce propos. Néanmoins, le ministre a suggéré aux partenaires sociaux de poursuivre la réflexion sur ce sujet. Pour Grégoire Owona, il s’agirait de rehausser les salaires trop bas au sein des entreprises. “Je vous avais proposé à l’époque une réflexion qui devrait permettre de rehausser le Smig sans nécessairement faire flamber la masse salariale, ni augmenter les hauts salaires. C’est cela aussi la solidarité”, a rappelé Grégoire Owona. Sur ce point, certains leaders syndicaux estiment que le Smig devrait être fixé à 100 000 F au minimum.
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Depuis 2019, les organisations syndicales peinent à trouver une position commune sur cette question face au patronat. Actuellement, les syndicats ne semblent plus préoccupés par autre, notamment les élections sociales. Les élections des délégués du personnel n’ont pas pu être organisées depuis deux ans. La faute à la pandémie de Covid-19. Presque toutes les activités ayant été gelées en mars 2020 au Cameroun, date à laquelle les dernières élections auraient dû être organisées au sein des entreprises, on remet le moteur en marche cette année.
A en croire le ministre, cette pause a vu fleurir plusieurs entreprises. Dès lors, des élections de délégués du personnel s’y imposent. En même temps, il faut de nouveaux représentants du personnel dans d’autres entreprises. Les échanges entre les différentes parties ont permis de s’accorder sur la période d’octobre à novembre 2021. Au sein des entreprises, les délégués du personnel sont les porte-voix de l’ensemble des personnels auprès de la hiérarchie. Ils recueillent les doléances et les orientations que veulent les travailleurs. Ainsi, ils sont la courroie de transmission entre employeurs et employés. Sans doute que la question du SMIG sera un des principaux points d’attention des élections sociales annoncées.
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