Relations diplomatiques: l’ingérence des pays étrangers irrite les députés camerounais
Le Minrex a été interpellé sur sa gestion des attaques multiples des « pays amis » contre le Cameroun.
La première séance de questions orales dans le cadre de la 10ème législature a eu lieu ce jour à l’Assemblée nationale. Au rang des ministres interpellés, le ministre des Relations extérieures, Le Jeune Mbella Mbella qui s’est fait représenter. C’est donc Felix Mbayu, le ministre délégué auprès du Minrex, chargé de la coopération avec le Commonwealth qui a dû répondre aux questions de trois députées portant sur les attaques dont est victime le Cameroun.
Concrètement, l’honorable Mariam Goni du Rdpc s’est attardée sur les commentaires suscités par la crise dans le Noso. « La situation sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest nous donne à tous l’occasion de faire le constat d’attaques et de déclarations incompréhensibles sur notre pays dans certaines institutions et médias étrangers. Qu’est ce qui se passe avec le Cameroun Monsieur le ministre ? Pourquoi des pays dit amis ont des propos durs, des jugements si hâtifs, des préjugés sur notre pays ? »
Une approche similaire à celle de l’honorable Rolande Ngo Issi du Pcrn pour qui « l’on assiste de plus en plus à l’interférence des parlementaires de certains pays étrangers dans les affaires intérieures de notre pays, avec des propos pratiquement injurieux à l’endroit de notre pays et du gouvernement…Ceci m’amène à vous poser la question de savoir, que font vos diplomates si nombreux dans nos ambassades à l’étranger, qu’envisage le gouvernement face à ces actions récurrentes visant à tenir l’image du Cameroun et à porter atteinte à sa stabilité ? »
L’honorable Joanna Ebangha épouse Agbor Ntui quant à elle a interpellé le gouvernement sur la réplique à la montée de ces discours désobligeants : « qu’attend le gouvernement pour réagir et rappeler à ces pays le nécessaire respect de notre pays et des règles diplomatiques ? » demande la députée du Rdpc.
Convoitises et agendas cachés
Selon le ministre Felix Mbayu la mauvaise presse dont est victime le Cameroun ces derniers mois, résulte des convoitises mal cachées des pays qui se disent amis du Cameroun. « La réponse première est que le Cameroun concentre de nombreux intérêts qui attisent les convoitises qui, elles même tirent leurs sources de dynamiques souvent inimaginables. S’agissant spécifiquement de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest…elle s’est muée fin 2017 en conflits armés entraînant des regards des acteurs internationaux sur l’évolution de cette crise. Ces derniers qui de façon globale encouragent le gouvernement pour la résolution définitive de cette crise, ne manquent pas parfois de s’impliquer dans la situation qui prévaut dans notre pays d’une manière qui ne correspond pas toujours aux canons de la diplomatie et avec des agendas cachés pour certains » assure le membre du gouvernement.
Gestion
Le ministre délégué auprès du Minrex chargé de la coopération avec le Commonwealth ne rate pas l’occasion de tacler les « pays amis » du Cameroun. « La position de notre pays vis-à-vis des attaques est restée ferme et a contribué à infléchir les démarches parfois sournoises amorcées par nos « AMIS » indique-t-il ironique. Ainsi, selon ce dernier, les remarques de pays tels que la France, les Etats-Unis d’Amérique sur la situation au Cameroun ont été gérées par le gouvernement à travers plusieurs procédés. « Des échanges épistolaires à travers des notes verbales adressées aux chanceliers des pays amis lorsque leurs prises de position heurtent manifestement notre souveraineté nationale, la convocation des ambassadeurs de ces État…l’organisation d’échanges directes avec les partenaires en vue de présenter la situation sécuritaire, de rétablir les faits et de dénoncer les ingérences…la saisine de nos ambassades accréditées dans ces pays à l’effet d’informer les gouvernements et l’opinion publique de ces pays pour exprimer la désapprobation… »
Le gouvernement entend conserver ces approches pour redorer le blason du Cameroun à l’international. Il est de fait prévu des missions gouvernementales auprès de chancelleries pour discuter du soutien attendu par le Cameroun, une plus grande place accordée à la diplomatie parlementaire et la sensibilisation permanente des Camerounais vivants à l’étranger et sur le territoire national.
Ces interpellations du ministre des Relations extérieures interviennent au lendemain de la polémique résultant d’une lettre adressée par 66 députés au Congrès américain. Ces derniers voient d’un mauvais œil l’image que se font les parlementaires américains du Cameroun.