En octobre 2020, le volume moyen de liquidités injectées par l’Institut d’Emission de la Cemac dans le système bancaire s’est établi à 338,2 milliards contre 275,5 milliards une année auparavant. Ce montant qui est en hausse de près de 19% est la résultante de la politique d’intervention de la banque centrale adoptée dès la survenue de la pandémie. Mesures qui visaient en tout et pour tout à ’offrir aux établissements de crédit des ressources stables dont ils ont besoin pour couvrir leurs emplois à moyen et long termes, notamment en ce qui concerne l’offre de crédits et la souscription des titres émis par les Trésors publics.
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Par pays, la situation des concours au titre de l’opération principale se présente comme suit, en moyenne mensuelle sur la période sous revue : Cameroun, 2,7 milliards en octobre 2020, avec un pic de 39,3 milliards enregistré au mois de mai 2020, contre 7,5 milliards une année auparavant. En République Centrafricaine par contre, aucun encours en octobre 2020, contre 1,1 milliard en octobre 2019, représentant par ailleurs le pic sur la période. Idem pour le Congo qui n’affiche aucun encours au mois d’octobre 2020 contre 3,7 milliards à la même période une année auparavant, avec un pic de 16,8 milliards enregistré en août 2020. Le Gabon et la Guinée équatoriale affichent respectivement 8,7 milliards en octobre 2020 contre aucun encours une année auparavant et 18,6 milliards en octobre 2019 contre 31,1 milliards une année après, ce dernier étant la moyenne mensuelle la plus élevée de la période de référence. S’agissant du Tchad, il affiche 6,6 milliards en octobre 2020 contre 17,1 milliards une année auparavant, avec un pic de 24,8 enregistré en mai 2020. « Le Conseil de Surveillance a relevé que la tendance haussière des émissions amorcée depuis quelques années s’est poursuivie au cours de la période sous revue; les montants levés par les Trésors nationaux ayant progressé de 10,50%, passant de 3 249,3 milliards de FCFA à fin octobre 2019 à 3 592,1 milliards de FCFA à fin octobre 2020, le taux de couverture des émissions s’est contracté, passant en moyenne de 135,25% entre octobre 2018 et octobre 2019 à 120,22 % sur 1a période d’octobre 2019 à octobre 2020, le coût moyen des émissions s’est globalement orienté à la hausse, notamment celui des OTA dont le taux de rendement moyen s’est établi à 7,26% pour les émissions réalisées entre octobre 2019 et octobre 2020, contre 5,27 %, un an auparavant. » indique Abbas Mahamat Tolli, dans un communiqué.
Riposte appropriée
La survenue de la pandémie du coronavirus a provoqué un véritable choc économique à travers le monde. Face à la gravité de ces conséquences économiques et financières anticipées, et à l’instar de plusieurs banques centrales dans le monde, la Beac a adopté une série de mesures d’assouplissement monétaire, en révisant à la baisse ses principaux taux d’intérêt directeurs. En effet, le taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO) a été réduit de 25 points de base, en revenant de 3,50 à 3,25 %. Le taux de facilité de prêt marginal a, quant à lui, été davantage réduit de 100 points de base, soit de 6,00 % à 5,00 % ; accroissant de 260 milliards le montant de liquidités à injecter sur le marché monétaire. La Banque Centrale a ainsi porté le montant des injections de liquidité sur le marché monétaire de 240 milliards à 500 milliards de FCFA et s’est engagée à relever ce montant en cas de besoin ; décidant de l’élargissement de la gamme des effets privés admis comme collatéral des opérations de politique monétaire ; et révisant à la baisse les niveaux des décotes applicables aux effets publics et privés admis comme collatéral pour les opérations de refinancement à la BEAC.
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Au titre des interventions directes, la Beac a pris deux mesures supplémentaires destinées à soutenir durablement la liquidité du marché monétaire. Il s’agit des injections de liquidités (150 milliards de FCFA) de longue échéance et des mesures d’interventions exceptionnelles directes. Cette dernière consistait en le rachat par la banque centrale des titres publics sur le marché secondaire pour un montant maximale de 600 milliards de FCFA à raison de 100 milliards de FCFA par Etat.
Marché interbancaire
Sur le compartiment interbancaire, l’encours moyen mensuel des transactions s’est accru de 139,5 milliards (dont 73,4 milliards de pension-livrée) à 152,7 milliards (dont 108,3 milliards de pension-livrée) entre octobre 2019 et octobre 2020. Cette tendance haussière a tout de même été perturbée par la crise sanitaire liée à la COVID-19. En effet, dans le contexte de la crise de la COVID-19, la hausse du niveau de risque perçu par les banques et le maintien des injections actives de la BEAC au-dessus des besoins exprimés par le marché ont induit une baisse du volume des activités sur le marché interbancaire. A titre d’illustration, le graphique ci-après révèle que la dynamique amorcée au début de la période sous-revue a été inversé à partir de mars 2020 (226,3 milliards) avant de se stabiliser à partir de juin 2020.
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