Projets structurants : le Gouvernement cherche désespérément des partenaires privés
Phase 2 des travaux des autoroutes Yaoundé-Douala, Yaoundé-Nsimalen et Edéa-Kribi, réhabilitation de la Sonara..., confronté à de vives tensions de trésorerie, l’Etat du Cameroun semble également à court de stratégies pour convaincre les entre- prises afin de l’aider à achever les grands projets infrastructurels lancés au début de la décennie 2010.
La ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès, envisage désormais une reconfiguration de l’échangeur dit Hilton, où est construit le fameux monument « Patriote », en vue non seulement de sa mise en cohérence avec la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen, mais aussi avec le plan de mobilité urbaine de la capitale, les futures lignes de transport en commun en site propre. Des études de faisabilité économique et financière sont annoncées, pour une contractualisation du projet sous le modèle d’un partenariat public-privé (PPP). Le démarrage des travaux de cette section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen est attendu depuis 2020, mais il a été ajourné sine die, faute de financements. La solution d’une contractualisation en PPP est loin d’être nouvelle. Le 16 avril 2021, Célestine Ketcha Courtès avait déjà requis par correspondance l’accord du ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, en vue de la signature d’un mémorandum d’entente avec l’entreprise espagnole Sistemecs pour le financement et la réalisation des travaux de cette section.
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Mais, depuis lors, le projet de mémorandum annexé à la correspondance mentionnée supra reste bloquée sans raison officielle à la présidence de la République. Dans le même chapitre, le ministre des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi, a lancé depuis mars 2020 un appel public international à manifestation d’intérêt pour la sélection d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprises en vue d’accompagner l’Etat dans le financement, la construction et la maintenance de l’autoroute Yaoundé-Douala, phase II, sur un itinéraire de 136 kilomètres.
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Contreperformances
L’autoroute Edéa-Kribi, dont la première phase – entre Kribi et le port en eaux profondes – a été réceptionnée, cherche également des partenaires privés pour le financement, la construction et la maintenance de la section Edéa-Kribi. Dans un tout autre secteur, celui des hydrocarbures en l’occurrence, le président de la République, Paul Biya, a autorisé depuis avril 2022 la mise en œuvre dans le cadre d’un partenariat public-privé, l’option de réhabilitation/ restructuration de la Société nationale de raffinage (Sonara). Mais, comme avec les autres projets, l’Etat du Cameroun qui est confronté à de vives tensions de trésorerie semble également à court de stratégies pour convaincre les entreprises privées, locales ou étrangères, de l’accompagner dans la réalisation ou l’achèvement des projets structurants dits de première génération. Conscients des contre-performances des PPP, les autorités camerounaises ont décidé d’élaborer un nouveau cadre institutionnel. Selon le directeur général de la Caisse autonome d’amortissement (Caa), Richard Evina Obam, le processus y relatif est suivi dans les différents programmes en cours avec le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, ainsi qu’au niveau de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) pour une optimisation de ces financements nécessaires pour l’atteinte des objectifs de développement du Cameroun et des pays de la sous-région.
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Maturation insuffisante
Depuis l’élaboration de la réglementation en vigueur sur ce type de contrats, en 2006, et la création en 2008 du Cadre d’appui à la réalisation des contrats de partenariats (Carpa) dont le rôle est d’évaluer la faisabilité des projets en contrat de partenariat, les projets actifs se chiffrent à seulement 491,8 milliards Fcfa, dont 285 milliards Fcfa signés dans le cadre de deux projets avec le ministère des Travaux publics (Mintp). Au 31 mars 2022, rapporte la Caa, les PPP actifs représentent à peine 1,9% du Pib du Cameroun, alors que le montant des financements des projets signés sous cette forme de contrats se chiffre à 3338,4 milliards de FCFA. Le Programme des Nations unies pour le développement indique dans un rapport publié en 2022 que cette situation est tributaire à « une maturation insuffisante de ces projets dont la viabilité et la rentabilité financière ne sont pas toujours certaines ».
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