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Projet minier de Mbalam-Nabeba : interrogations sur la crédibilité de Bestway et AustSino

Alors que le projet est sur de bons rails, des points d'ombres demeurent sur les capacités des futurs exploitants de ce gisement. Tant pour Bestway présenté comme novice dans le milieu, que pour AustSino, dont le contrat a déjà été résilié sur ce même projet en raison de son incapacité à respecter ses engagements d'investissement.

5 500 milliards de FCFA. Le volume d’investissement nécessaire pour la construction du chemin de fer reliant Mbalam au port de Kribi et du terminal minéralier, pourrait presque donner le tournis. Pourtant, le consortium Bestway Finance Ltd(BFL) et AutSino Resources Group Ltd(ASN) se dit prêt à financer le projet pour un démarrage des travaux dès cette année. L’annonce a été faite le 25 juin dernier à Yaoundé lors de la signature du mémorandum d’entente(MoU) entre l’Etat du Cameroun et  les deux partenaires. Au cours de la cérémonie très courue, Alexandre Mbiam, chief Executive Officer de Bestway Finance Ltd déroulera avec éloquence les retombées de cette ligne ferroviaire qui devrait générer près de 20.000 emplois directs, favoriser la construction d’infrastructures sociales connexes et constituer plus tard des retombées fiscales pour l’Etat du Cameroun.

La signature de ce MoU est davantage pour les autorités camerounaises, une volonté de bénéficier des retombées de ce site minier certes riche, mais dont l’exploitation traîne depuis une dizaine d’années. De son côté, Paul Biya est davantage mue par la volonté d’exploiter conjointement avec le Congo les gisements miniers dont recèle le Kratonb du Kasai, écartelé entre les deux pays voisins.  Le pays de Denis Sassou Nguesso a déjà de son côté, octroyé à Sangha Mining, filiale de BFL, le permis d’exploitation sur son pendant. Afin d’aboutir le plus rapidement à un accord, Paul Biya a demandé au ministre des mines de poursuivre les diligences devant aboutir à la convention minière ainsi que la soumission à son appréciation de la demande du permis d’exploitation. Alors que le projet semble va plutôt sur de bons rails, des interrogations demeurent tout de même sur la capacité de financement des exploitants.

Bestway finance LTD

« Le consortium est constitué de certains des plus grands groupes chinois dans les domaines de la construction de ports minéraliers, de chemin de fer, de mines, d’aciéries et de la commercialisation du fer ». Appelé à donner plus de détails sur l’entreprise dont il est le CEO, n’en dira pas plus. Cette entreprise peu connue des camerounais ne détient pas à proprement parler des faits d’armes dans l’exploitation minière à travers le monde. Basée à Hongkong, elle n’a été constituée que le 23 juin 2020 en tant que société privée à responsabilité limitée par actions. Pourtant, ce novice a réussi en un laps de temps à damer le pion aux géants miniers que sont Avima Iron Ore et Sundance Ressources en Afrique centrale. Le 13 mars 2021 Sangha Mining, sa filiale congolaise, a obtenu de l’Etat congolais trois titres miniers pour l’exploitation du fer, tous en phase d’exploitation, dans les localités de Badondo, d’Avima et de Nabemba. Alors qu’il se positionne au Cameroun, BFL a constitué un consortium composé de gros investisseurs miniers chinois. Celui-ci rassemble les entreprises de l’empire du Milieu comme China Railway Construction Corporation,  Baowu, Yantian Port Holding, Shanghai Tsingshan Minerals, Metallurgical Corporation of China et China Harbour Engineering Company (CHEC). « Le financement se fait à 100% par les partenaires commerciaux, par les membres du consortium » s’est d’ailleurs vanté Alexandre Mbiam.

Cette offensive chinoise sur le projet minier tient davantage de la remontée des cours du fer sur les marchés internationaux. A fin juin, la tonne de minerai de fer a atteint un coût record de 202,65 dollars à la London Metal Exchange (LME), une première selon l’indice de référence compilé par S&P Platts depuis 2008. Selon les analystes de la Deutsche Bank, cette tendance haussière n’est pas prête de dégringoler dans les 5 prochaines années. C’est le moment d’y investir compte tenu du fait qu’une chute des cours pourrait sérieusement impacter sur la faisabilité du projet.

AustSino

Si tout est sur la bonne voie, l’un des doutes réside sur la capacité de financements de l’entreprise Australienne AutSino Resources Group Ltd (ANS) compte tenu de son passif dans la même affaire.  En effet, en 2020, l’entreprise avait signé avec Sundance (alors détenteurs du permis d’exploitation) une convention pour l’acquisition de ses parts majoritaires (58,250 millions $, soit environ 34 milliards de FCFA). Cet accord visait à fournir à Sundance la force financière nécessaire pour faire avancer le développement de Mbalam-Nabeba. Sauf que pour mobiliser les fonds, AustSino avait de son côté conclu un accord de financement avec Midwest Resource Finance Group, une société privée australienne qui devait alors souscrire à 7 ,6 milliards d’actions d’Austino à un prix d’émission pour lever 100 millions de dollars, soit environ 55,2 milliards de FCFA. Le produit de cet achat aurait servi à financer les engagements d’AustSino envers son accord avec Sundance. Malheureusement, l’opération n’a pas pu se tenir hypothéquant l’accord passé entre les deux compagnies. Sundance va même accorder un moratoire à son partenaire qui ne parviendra toujours pas à mobiliser les fonds. Ce qui conduira à la résiliation du contrat en novembre 2020. Radié de la bourse australienne en décembre 2020, la compagnie ne détient qu’un seul actif minier en Australie

Jusqu’ici,  elle compte toujours sur les souscriptions de Midwest pour apporter sa part de contribution à ce projet ; lesquelles souscriptions ont été reportées au 31 décembre de cette année. 

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