Produits pétroliers : le Cameroun carbure à la pompe de Mocoh
C’est par un tweet sur la page officielle de Mocoh, que l’annonce a été rendue publique. Le groupe et le Cameroun représenté par le ministre de l’Eau et de l’Energie ont officialisé la signature du contrat de fourniture de produits pétroliers. Un contrat qui prévoit la fourniture exclusive d’essence et de carburéacteur ainsi qu’une partie des besoins en diesel pour l’ensemble du marché camerounais. Il y a quelques jours, Ecomatin avait annoncé en exclusivité les sociétés Mocoh et Trafigura Pte LTD, comme étant les nouveaux fournisseurs du Cameroun. Le tandem Suisse devait fournir 465 000 tonnes métriques de produits pétroliers au titre des mois d’octobre, novembre et décembre 2020. L’article indiquait que les deux sociétés avaient été retenues par le comité de Suivi de l’approvisionnement du pays en produits pétroliers (CSA), suite à l’appel d’offres international lancé le 17 juillet dernier par le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee) Gaston Eloundou Essomba.
Cette signature vient dont confirmer les informations rendues publiques par EcoMatin même si pour le moment le groupe MOCOH est le seul à avoir déjà signé officiellement son contrat. Dans ce tweet Olivier Lassagne, Vice-Président Business Development et Directeur Général Aval chez Mocoh indique que «les navires pétroliers de Mocoh livreront toutes leurs cargaisons aux terminaux pétroliers des ports de Douala et Limbé ». Il se réjouit par ailleurs de l’issue des accords. « Le Groupe Mocoh est très fier et honoré d’avoir été sélectionné par la République du Cameroun à la suite d’un appel d’offres très compétitif avec tous les principaux commerçants du monde. Le groupe Mocoh félicite son équipe pour cette belle réussite et se réjouit de ses futures activités avec la République du Cameroun» peut-on lire sur la page officielle de cette société privée de distribution, de logistique et de négoce de pétrole à travers le monde.
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Carburants polluants
Créée en 1998, la société jouit d’une expérience avérée sur le continent africain. Elle a déjà opéré au Nigéria, à Madagascar et même en Afrique du Sud. Entre 2000 et 2019, Mocoh a été actif dans plus de 25 pays dans le monde et coordonné la livraison de plus de 4 millions de tonnes de produits dans le monde en 2019. La signature avec Trafigura Pte Ltd elle, reste toujours en attente car il est vrai que malgrél’envergure internationale qu’on lui reconnaît, le géant Suisse a été indexé en 2016 par une ONG pour avoir importé sur le continent africain du carburant toxique.
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En effet après trois années d’enquêtes, l’ONG suisse dénommée Public Eye a rendu public un rapport dans lequel, elle accablait des négociants helvétiques, accusés d’avoir délibérément fourni en Afrique, des carburants hautement toxiques. Ils auraient produit, vendu et livré aux marchés de huit pays africains, des carburants hautement polluants, nocifs et même cancérigènes, dont la teneur en soufre est largement supérieure à la moyenne autorisée en Europe. Les pays en question sont l’Angola, Bénin, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, Sénégal et la Zambie. Ces carburants, ajoute Public Eye, contiennent en outre d’autres substances nocives, telles que le benzène à des «niveaux généralement interdits par les normes européennes». L’ONG ajoute que les négociants suisses fabriquaient ces carburants en additionnant plusieurs produits pétroliers semi-finis à d’autres substances pétrochimiques pour produire du carburant que le jargon de l’industrie pétrolière appelle la « qualité africaine ». Ce carburant frelaté était ensuite vendu à bas prix, livré et distribué via un réseau de stations-service que les mêmes négociants avaient acquis quelques années plus tôt. Pour se défendre après ce scandale, Trafigura avait prétendu n’avoir enfreint aucune règle étant donné que la législation des pays en question approuvait l’importation de ces produits.
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