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Production d’électricité : EDC garant des quatre barrages réservoirs du Cameroun

La société en charge du patrimoine public de l’électricité est désormais le gestionnaire des ouvrages de régularisation de l’eau en vue de la production de l’électricité. Les quatre barrages dont elle a la charge représentent 12 milliards de m3 d’eau.

Dans le secteur de l’électricité, on connaissait la production assurée (pour l’essentiel) par Eneo Cameroon S.A, le transport (Sonatrel) et la distribution (Eneo Cameroon S.A). A ces activités traditionnelles, il faudra désormais faire avec l’activité de stockage d’eau. Cette dernière est assurée par Electricity development corporation (EDC). La cérémonie la convention de concession de stockage d’eau pour la production de l’électricité entre l’Etat et EDC a eu lieu le 7 septembre 2020. C’est l’aboutissement d’un processus qui remonte à 2012.

Désormais, EDC est formellement le gestionnaire des ouvrages de régularisation de l’eau en vue de la production de l’électricité. Il s’agit des barrages réservoirs de Bamendjing, de la Mapé, de Mbakaou et de Lom Pangar soit plus de 12 milliards de m3 d’eau disponibles. Cette concession concède à cette entreprise publique, les droits exclusifs au titre de la réalisation et de la gestion des installations de stockage d’eau et au titre des activités de régularisation des eaux stockées, le droit d’exercer lesdites activités de régularisation.

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Ces quatre barrages réservoirs permettent d’augmenter et d’optimiser la production des aménagements hydroélectriques situés en aval des desdits barrages. Il s’agit pour l’instant des centrales hydroélectriques de Song Loulou et d’Edéa et bientôt de la centrale hydroélectrique de Nachtigal et d’autres à venir

Par ailleurs, la concession permet à EDC de collecter auprès de la société Eneo Cameroon S.A, exploitant des centrales d’Edéa et de Song Loulou, et des futurs opérateurs installés dans le bassin de la Sanaga, la redevance d’eau.

En effet, l’article 15(2) de la loi du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun stipule que « l’utilisation des eaux stockées par le concessionnaire de stockage d’eau pour la production d’électricité est conditionnée par le paiement d’une redevance d’eau (…). » Selon le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, « Ces recettes permettront à EDC de rembourser la dette auprès des Bailleurs ayant financé le barrage de Lom Pangar et de mettre en œuvre les obligations contenues dans le cahier de charges tout en préservant son équilibre financier. »

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40 milliards à recouvrer

A ce jour, indique une source proche du dossier à EDC, « le montant de la redevance d’eau est estimé à 40 milliards de FCFA, pour les quatre dernières années. » Une coquette somme qui permettrait à EDC d’assurer efficacement ses missions, notamment l’entretien, la réparation, la maintenance, le renouvellement, la réhabilitation et l’extension de tous les équipements et ouvrages concédés. Mais encore faudrait-il que le concessionnaire du service public de la production et de la distribution d’électricité (Eneo) s’acquitte de sa dette. A EDC, on parlement même de versements « au compte-goutte ».

Les responsables estiment que le montant des droits d’eau facturés à Eneo se trouve bien en deçà des économies réalisées grâce à l’utilisation de l’eau des barrages réservoirs. « L’eau qui a été fournie jusque-là à Eneo a permis de relever le débit au niveau des barrages de Song Loulou et Edéa de 640 m3/s à 1040 m3/s et la production niveau de 170 MW en période d’étiage », explique une source proche du dossier. Ce faisant, « Eneo a réalisé une économie de 24 à 25 milliards de FCFA par an sur l’achat de fuel destiné aux centrales thermiques », insiste notre source.

EDC hérite des patates chaudes d’Eneo

Depuis le 7 septembre 2020, Electricity development corporation (EDC), est officiellement le gestionnaire des ouvrages de régularisation de l’eau en vue de la production de l’électricité. Il s’agit des barrages réservoirs de Bamendjing (1,875 milliards de m3), de la Mapé (3,313 milliards de m3), de Mbakaou (2,6 milliards de m3) et de Lom Pangar (6 milliards de m3).

Avec l’annonce de la signature de la convention de concession y relative, les habitants de Bamendjing ont poussé un ouf de soulagement. « Enfin, on sait à qui parler. On verra maintenant », rapporte Emmanuel Nomwe, secrétaire d’Etat civil à la retraite et natif de ce groupement de l’arrondissement de Galim, département des Bamboutos, région de l’Ouest.

C’est qu’ici, les 4000 habitants ne portent plus vraiment le barrage réservoir de Bamendjing dans le cœur. Du roi, Sa Majesté Isaac Pekeko Feko, au citoyen lambda, le ressentiment est partagé. L’ouvrage construit sur le fleuve Noun, mise en service en juillet 1968 et inauguré 1975 est tenu responsable de tous les malheurs que vit la contrée. Les habitants citent par exemple la dévastation des champs avec des pertes de récoltes du fait des inondations ; de la pollution des sources et de la nappe phréatique, de la propagation des moustiques et des maladies d’origine hydrique, des migrations liées au fonctionnement du barrage, etc.

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A ces impacts négatifs du barrage, il faut ajouter la faiblesse des services sociaux. 90% du groupement n’est pas électrifié, selon Baudelaire Ngnonbeno Nyeyo, directeur d’école. L’instituteur ajoute l’insuffisance et le délabrement des salles de classe qui caractérise les écoles des villages riverains (Fouoya, Kietzing, Mbaza, etc.). Coté santé, Georges Kalpelbe, chef du centre de santé intégré de Bamendjing note une prévalence élevée des cas de d’anémie (09 cas en mai 2020), de paludisme (90% des consultations) soit 180 cas en juin 2020, de nombreux cas d’avortement et de prématurés, de schistosomiases, d’onchocercose.  

Lom Pangar à l’horizon

En fait, «ceux qui ont construit le barrage nous ont trompé. De toutes les promesses qu’ils nous ont fait, rien n’a été honoré. De l’inauguration du barrage en 1975, il a fallu attendre l’année 2000 pour que l’électricité arrive au centre-ville », se lamente Sa Majesté Isaac Pekeko Feko. Encore que, souligne l’autorité traditionnelle, cette électrification est le fruit d’un marchandage politique avec le RDPC qui convoitait nos suffrages ». Dans la foulée, bien des familles disent avoir été dépossédées de leurs terres et insuffisamment indemnisées.

En juin 2020, les jeunes du groupement ont organisé une manifestation de protestation à l’entrée du barrage. Ils réclamaient «une électricité disponible dans tous les villages ; la construction des points d’eau potable, la viabilisation du centre de santé et la rationalisation des activités de pêches». Ils caressent le rêve de voir leur contrée bénéficier d’un traitement similaire à celui de la zone d’influence du barrage de Lom Pangar. Dans sa politique de Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE), EDC s’engage à «participer au développement économique et social des riverains dans les localités où nous construisons ou exploitons des ouvrages d’électricité; promouvoir l’éducation; appuyer les initiatives de santé. ».

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