Prix de la bière : comprendre l’augmentation programmée
Une réduction de l’abattement de 20% à 10% sur le prix servant de base de calcul du droit d’accise augmenterait de manière substantielle les charges des sociétés brassicoles.
Si l’article 141 bis du projet de loi de finances 2019 qui consacre une réduction de l’abattement de 20% à 10% sur le prix servant de base de calcul du droit d’accise des bières est adopté en l’état, l’effet immédiat sera l’augmentation d’au moins 200 Fcfa sur le prix de la bouteille de bière. Il ne s’agit nullement d’un canular. En effet, cette réforme, si elle est mise en application dès janvier 2019, provoquera une augmentation des charges des entreprises brassicoles qui, en retour, répercuteront ces charges supplémentaires sur le consommateur final. Le Syndicat national des exploitants des débits de boissons (Synedeboc) promet déjà que, « si un nouvel impôt se greffe sur la bouteille, les détaillants vont le transférer entièrement à la charge du consommateur final. Car, le taux de pression fiscale en ce qui concerne les débits de boissons est aujourd’hui insoutenable », estime Valéry Ntendie, son coordonnateur national. En fait d’impôts et taxes, il y a notamment l’impôt libératoire, la patente, les droits de licence et de bail et le précompte sur loyer.
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En 2015 déjà, les consommateurs avaient difficilement digéré la hausse de 100 Fcfa sur le prix de la bouteille de bière, à la suite de la dernière mutation du droit d’accise. Avant cette réforme, un casier de bière Sabc coûtait 5400 Fcfa. Après l’avoir revendu à 6000 Fcfa à raison de 500 Fcfa la bouteille, le détaillant avait une marge de 600 Fcfa. Depuis 2015, le même casier coûte 6600 Fcfa. Si la marge est restée la même, les exploitants des débits de boissons se plaignent depuis lors de ce qu’ils ont perdu en termes d’investissement. Selon le Synedeboc, les exploitants des débits de boissons reversent aujourd’hui environ 16 milliards Fcfa par an à l’Etat en termes d’impôts et taxes. Avant 2015, seuls environ 5000 acteurs du secteur étaient inscrits dans le fichier de la Direction générale des impôts (Dgi). Le syndicat affirme avoir sorti, depuis 2016, 16000 exploitants de l’informel. Ce qui porte aujourd’hui à plus de 21000 le nombre d’inscrits sur le fichier de la Dgi.