Fonction publique : Bangui va radier 3000 fonctionnaires et agents de l’État
Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, Marcel Djimassé, explique que ces derniers n’ont pas pu justifier de la présence effective au travail.
Nommé à la tête du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administration de la République centrafricaine (Rca) en juillet 2021, Marcel Djimassé a fait du toilettage du fichier solde de l’Etat un des chantiers prioritaires de son magistère. La vaste opération de contrôles physiques des fonctionnaires et agents de l’Etat qu’il avait lancée le 27 juin 2022 a récemment livré sa copie. Il en ressort, selon les résultats restitués par le ministre lui-même, que sur les 21 211 concernés par ce comptage, seuls 18 663 ont pu justifier d’une présence effective au travail. Les 2 871 autres, qui émargent pourtant assidument dans les caisses de l’Etat, ont répondu aux abonnés absents. Sous réserve des poursuites judiciaires qui planent sur leurs têtes comme une épée de Damoclès, ces agents publics fantômes sont sous la menace d’une radiation des effectifs de la fonction publique. Une mesure qui pourrait permettre au trésor public centrafricain de réaliser des économies à hauteur de plus d’un milliard Fcfa par mois.
Bangui qui a du mal assurer les dépenses relatives aux personnels des secteurs de l’éducation et de la sécurité – toujours en dépassement – a en effet conscience de l’urgence de régler le plus tôt possible cette question des agents publics fictifs dans le but de s’attirer les faveurs des donateurs et des partenaires techniques et financiers, notamment les institutions de Bretton Woods, qui font pression pour des réformes destinées à favoriser la bonne gouvernance, la lutte anticorruption, la transparence et l’intégrité financière en République centrafricaine. Le rapport des services du Fonds monétaire international (Fmi) relatif à la première revue au titre de la facilité élargie de crédit avec la République centrafricaine, publié début novembre dernier, indique qu’une partie du décaissement de cette institution complètera, sans doute à partir du prochain exercice budgétaire, une opération de la Banque mondiale visant à financer les dépenses budgétaires non discrétionnaires dans les secteurs de prestations de services fondamentaux. Notamment, les salaires des agents de la fonction publique assurant la prestation de services fondamentaux à la population, à l’instar des agents de santé et des enseignants.
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Compte séquestre
Au total, cette opération concernera 7 ministères à vocation sociale auxquels il faut ajouter le ministère des Finances et le ministère de l’Économie, tous deux en première ligne de la mise en œuvre du programme. Les montants concernés sont de 2,75 millions de DTS pour la première revue, puis d’une moyenne de 1,4 million de DTS pour les revues suivantes. Les décaissements au titre de ces programmes comporteront un certain nombre de mesures de sauvegardes qui obligent le gouvernement centrafricain à accélérer l’assainissement du fichier solde de l’Etat. Avant le premier décaissement : un audit approfondi du système de paye du secteur public (application Girafe) par un vérificateur externe pour détecter les anomalies et déterminer les faiblesses structurelles ; correction des anomalies et mise en œuvre de remèdes structurels pour répondre aux constats de l’audit ; enquête auprès des fonctionnaires payés par l’application Girafe à Bangui et dans le reste du pays ; élaboration et mise en œuvre d’un plan d’action pour résoudre les problèmes de gestion des ressources humaines et de la paye dans le secteur public.
Après le premier décaissement, les institutions de Bretton Woods exigent un audit financier ex-post des paiements de salaires effectués par les autorités, à réaliser par un vérificateur externe. Les décaissements ultérieurs seront calculés au prorata, au cas où le taux de conformité issu de l’audit est inférieur à 95 %. ¨Par ailleurs, l’Inspection générale des finances du pays devra réaliser des contrôles ponctuels, en particulier pour les fonctionnaires en dehors de Bangui. L’une des conditionnalités qui mettent l’Etat centrafricain en demeure de réformer sans délai est que les décaissements seront déposés sur un compte séquestre et débloqués uniquement pour rembourser les autorités après présentation de la documentation détaillée certifiant que les salaires ont bien été versés. Il faut noter que depuis 2004, soit l’année qui a suivi l’arrivée au pouvoir du général François Bozizé par un coup d’Etat, plusieurs tentatives d’assainissement du fichier solde de l’Etat centrafricain ont été lancées. Toutes se sont soldées par un cuisant échec.