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Présidence de la Bdeac : la bataille des favoris 

Sauf mesure exceptionnelle, le mandat de Fortunato Ofa Mbo Nchama à la tête de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique centrale(Bdeac) devrait s’achever le 18 mars prochain. 5 années son investiture l’équato-guinéen aura fortement contribué à redorer le blason de cette institution commune de financement du développement dans les pays de la Cemac (Cameroun, Gabon, Congo, Guinée Equatoriale, Centrafrique, Tchad). À fin 2020, la Banque a dégagé pour sa 4e année consécutive des résultats positifs ; l’enveloppe des décaissements a également cru et plusieurs secteurs économiques de la sous-région ont bénéficié des concours financiers de la Bdeac. Toute chose qui tire son origine dans une série de réformes qui portent leurs fruits notamment l’adoption de plusieurs textes règlementaires encadrant sa gestion et son arrimage aux standards internationaux, la mobilisation des ressources auprès de certains actionnaires qui ont libéré la totalité de leur quote part dans le capital de la Banque, l’amélioration de la qualité du portefeuille de prêts et la diversification des moyens de mobilisation des ressources entres autres. Alors que le temps est venu pour l’ancien secrétaire général adjoint du PDGE, parti au pouvoir en Guinée équatoriale, de rendre son tablier, les supputations sur le profil de son successeur vont bon train. Pour circonscrire le champ de recherche, rappelons que selon le principe de la rotation institué sur les cendres des accords de Fort-Lamy (actuel Ndjamena), le poste devrait revenir à un ressortissant camerounais. Du coup depuis quelques mois, la guerre des réseaux et du positionnement a refait surface. Mais au Final c’est bien à Paul Biya que reviendra le dernier mot. Comme à son habitude, le chef de l’Etat n’a pour l’instant encore donné aucune indication sur son choix et rien ne laisse même penser qu’il en un dans les prochains jours. En attendant, EcoMatin dresse le portrait de quelques favoris dont les noms circulent dans les couloirs de la haute administration et qui pourraient sans ciller tenir avec fermeté le timon de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique centrale.

Dieudonné Mevou Ekou, le favori

Si le nouveau président de la Bdeac devait gagner sa place à l’issue d’une course hippique, le cheval sur lequel tout parieur avertit devrait placer sa mise serait celui de Dieudonné Mevou Ekou. Le neveu du Président de la République (ce qui est un atout à ne pas négliger) a le profil de l’emploi. A 61 ans cet administrateur civil sorti de l’École Nationale d’Administration et de Magistrature(Enam) en 1987 est l’actuel vice-gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale(Beac). Il occupe le poste depuis juillet 2017 et son mandat devrait logiquement s’achever cette année (2022). Un fait de circonstance qui fait de ce technocrate rompu à la tâche un prétendant sérieux au poste de président de la Bdeac. D’ailleurs il connaît très bien cette institution puisqu’il est à ce jour le représentant de la Beac au sein de son conseil d’administration. Avec 33,43% des parts du capital, l’institut d’émission monétaire détient le plus gros volume de parts au sein de la banque de développement.

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Dans son entourage, Dieudonné Mevou Ekou ne cache pas son ambition de diriger l’institution financière sous régionale. Osons le dire : son pedigree et sa proximité avec le chef de l’Etat jouent en sa faveur. Après sa sortie de l’Enam, Dieudonné Evou Mekou a suivi une formation en management des risques bancaires au Centre d’études financières économiques et bancaires de l’Agence française développement (AFD) à Marseille en France. Sa carrière professionnelle démarre à l’ex-ministère du Développement industriel et commercial. Il a par la suite exercé, de 1991 à 2000, entre autres au secrétariat général des services du Premier ministre, au sein de la division des affaires économiques, techniques et financières comme attaché, puis comme chargé de mission, au sein de la division des affaires économiques et financières du suivi des activités du ministère du Tourisme, du ministère du Développement industriel, ainsi que du ministère de l’Economie et des Finances. En 2000, Dieudonné Evou Mekou est nommé administrateur directeur général adjoint du Crédit Lyonnais Cameroun. En 2005, il est nommé Directeur Général de la caisse autonome d’amortissement(CAA), poste qu’il occupera jusqu’à 2016 avant de de rejoindre la Banque centrale. En 2017, il aurait pu prendre la présidence de la Bdeac si le Cameroun avait obtenu le poste qui finalement fut attribué à la Guinée Equatoriale.  Aujourd’hui Paul Biya va-t-il réitérer sa confiance à son neveu ? Les voyants sont certes au verts, mais l’octogénaire comme à son habitude est le seul maître du temps.

Eugène Blaise Nsom, le joker

Les échanges épistolaires ne se sont pas faits discrets. Violant au passage les usages diplomatiques en pareilles circonstances. Entre le ministre camerounais des Finances et le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), c’était à qui gagnerait le bras de fer engagé autour du maintien ou non du directeur national de l’institution bancaire au Cameroun.

Pendant que le Tchadien Abbas Mahamat Tolli excipait de l’âge de départ à la retraite d’Eugène Blaise Nsom pour le démettre de ses fonctions, Louis Paul Motaze fustigeait le caractère « unilatéral » de la décision du gouverneur de la BEAC, « hors des usages pour les fonctions de ce rang ». Par ailleurs, le Minfi mettait en avant « les qualités professionnelles et humaines » du concerné tout autant que « sa collaboration et ses contributions » à l’élaboration des réformes des finances publiques notamment dans le cadres des programmes économiques et financiers menés avec le Fonds monétaire international (FMI). Mieux encore, au sujet de la diatribe qui avait découlé de ce quiproquo, plusieurs analystes prédisaient que cette situation « conflictuelle » pourrait entrainer des rebondissements.

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Même si finalement, tout était rentré dans l’ordre et le 1er février 2022, Eugène Balise Nsom avait été rétabli dans ses fonctions pour « une période de six mois », l’on se demande si le tout premier directeur général du Trésor et de la Coopération financière et monétaire au Minfi n’est pas en transit dans ce fauteuil. L’acharnement pour le maintenir en fonction, donc au contact des institutions monétaires et financières de la sous-région, même pour une courte période, sorte de gentlemen agreement, peut cacher une volonté des autorités camerounaises de présenter, le moment venu, la candidature de l’ancien directeur de l’audit à la BEAC au poste de président de la BDEAC.

Ce soutien supposé, ou réel, se fonde sur le fait que le concerné est reconnu comme « discret, travailleur et très connu des milieux financiers ». En plus de sa solide formation. En effet, après sa sortie de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) en 1997 avec un diplôme d’administrateur civil, M. Nsom va s’exiler à l’université de Poitiers en France où il a obtenu un diplôme d’étude approfondie (DEA) en analyse monétaire et financière. Un parcours qui pourrait lui ouvrir les portes de la BDEAC. Et qui a été reconnu par le gouverneur de la BEAC qui, pour remplacer Blaise Eugène Nsom, né le 27 février 1969, il aura fallu deux de ses anciens collaborateurs, Achille Zogo Nkada, son 1er adjoint chargé du pôle études et contrôle bancaire, et Emmanuel Asafor Cho, son 2ème adjoint en charge de l’exploitation.

Constant Amvela Metou’ou, le choix de l’efficacité

Discret. Effacé. D’autres diront « efficace ». Des qualificatifs qui, selon plusieurs sources au ministère des Finances (Minfi), vont à Constant Amvela Metou’ou comme un gant. Le conseiller technique n°1 (CT1, il a été nommé à ce poste par décret du Premier ministre le 18 septembre 2018, ndlr) au ministère des Finances (Minfi) y est reconnu comme « un homme de l’ombre qui évite [presque] les lambris dorés du pouvoir ». Pourtant, celui de Yaoundé lui doit beaucoup au plan financier et économique.

D’abord comme garant des intérêts du Cameroun au sein du conseil d’administration de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec). Au sein des 9 qui composent cette instance présidée par l’ancien secrétaire d’Etat en charge de la Gendarmerie, Jean Baptiste Bokam, il veille sur les 45% du capital de cette banque détenus par l’Etat du Cameroun aux côtés du Groupe marocain Banque centrale populaire (BCP), présent dans 18 pays africains, qui est devenu actionnaire majoritaire de la Bicec depuis 2020.

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Alors que rien ne le prédisposait à exceller dans ce secteur, cet administrateur civil de formation a su se fondre dans le moule des finances. Aidé en cela certainement par le résumé fait de Constant Amvela Metou’ou dans la brève biographie que nous avons retrouvé : « Un administrateur civil ayant effectué l’essentiel de sa carrière au Minfi ». Une longévité au terme de laquelle il a acquis une expérience et une expertise qui ont fini par faire de lui le « principal interlocuteur » pour le compte du Cameroun dans les dossiers qui concernent les négociations entre notre pays et les bailleurs de fonds internationaux. A ce titre, il suit de bout en bout les récentes négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) au terme desquelles le Cameroun décroche un nouveau programme économique et financier.

A l’heure des tractations pour la succession de l’Equato-guinéen Fortunato-Ofa Mbo Nchama à la présidence de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac), Constant Amvela Metou’ou peut constituer un atout pour le Cameroun à qui va échoir, au nom du principe de la rotation, le fauteuil le 16 mars 2022. Cinq ans après la prise en mains de l’institution de financement du développement en Afrique centrale par la Guinée équatoriale.

Samuel Tela, l’architecte

Si le président de la République, Paul Biya, décide d’organiser un vote pour élire le représentant Camerounais qui sera porté à la tête de la Banque de développement des Etats d’Afrique centrale, conformément au système de mandat rotatif institué par les Etats-membres  de cette institution financière internationale, le nom de Samuel Tela ne figurerait certainement pas  parmi les choix les plus prégnants. Le discret directeur de la Trésorerie à la Direction générale du Trésor et de la coopération financière et monétaire n’est pas un habitué des feux de projecteurs. Seuls ceux qui ont scruté avec attention les dernières opérations faites par le Cameroun sur les marchés financiers nationaux et internationaux savent quel rôle il a joué dans la réussite de ces dernières.

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En 2021, dans le cadre de la deuxième incursion du Cameroun dans les marchés financiers internationaux (Eurobond) pour la levée de 450 milliards de Fcfa,   on le présentait déjà comme le bras opérationnel du ministre des Finances Louis Paul Motaze dans la conduite de cette opération. Il était d’ailleurs le coordinateur du secrétariat technique de l’Eurobond 2021. «Entre rencontres avec les intermédiaires, discussions sur les modalités de l’emprunt, définition du calendrier… Il suit de très près ce dossier, sous le regard de son Directeur Général, Moh Tanghongo Sylvester. Son expertise et sa bonne connaissance des marchés financiers pourront sans doute aider le pays à réussir son opération dans les conditions qu’il souhaite », révélait votre journal. Ladite opération s’est soldée par un succès retentissant. L’équipe commise à cette tâche a permis au Cameroun de refinancer son Eurobond émis en 2015, dont le remboursement devait s’étendre de 2023 à 2025.

Boubakary Yerima Halilou, le technocrate

Halilou Yérima Boubakary est un technocrate habitué du secteur bancaire. Il occupait jusqu’à tout récemment le poste de Secrétaire général de la Commission bancaire d’Afrique centrale(Cobac) avant d’être remplacé le 24 février dernier par le centrafricain Maurice Christian Ouanzin. Durant son mandat depuis 2015, l’ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat du Cameroun (mars 2000-août 2002) a conduit ou initié d’importantes réformes au sein de l’organe de régulation du secteur bancaire. Parmi ces réformes, l’on peut citer la définition en cours des normes prudentielles applicables aux établissements de paiement en matière d’émission de monnaie électronique. Ce texte vise à s’ajuster au regard de la montée fulgurante du Mobile Money dans les pays de la Cemac.

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L’on peut également mentionner le nouveau cadre juridique régissant l’activité de microfinance dans la zone Cemac, qui était jusque-là caractérisée par une gestion pour le moins chaotique, au regard du nombre d’établissements ayant fermé ces dernières années, pour cause d’écarts managériaux. Son profil sied donc au poste de Président de la Banque régionale d’investissement Pour ce technocrate de haut vol, rebondir à la Bdeac serait presque la consécration d’un parcours atypique. Avant son entrée au gouvernement, il a occupé le poste de directeur général adjoint de l’ex Société commerciale de Banque Crédit lyonnais Cameroun (SCB-CLC) devenue aujourd’hui SCB Cameroun et détenu majoritairement par le marrocain Attijariwafa Bank. Calme, discret, rigoureux, légaliste, cet originaire de la région de l’extrême Nord du Cameroun pourrait bien être le choix du président de la République pour présider aux destinées de la Bdeac au cours des 5 prochaines années. 

Jean Claude Ngbwa, la force de l’expérience

Le candidat idéal à la présidence de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac) doit être un expert rompu aux questions de finance, d’affaires économiques et de financement du développement. Au-delà de ces compétences génériques, il doit également jouir d’une expérience conséquente, emmagasinée tout au long d’un parcours qui frise l’excellence. Cette dernière qualité n’est pas une compétence clairement définie dans les critères énumérés par la Bdeac pour prétendre au poste de responsabilité sus-évoqué. Toutefois, elle représente un atout capital dans l’atteinte de cet objectif.

S’il y a un homme qui cristallise en lui toutes ces qualités, c’est Jean Claude Ngbwa. Du haut de ses compétences avérées dans divers domaines tels que la finance et les assurances, l’ancien directeur de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), fait partie de l’élite africaine  dans les différents domaines sus-cités. Avant sa nomination à la tête de l’unique marché boursier de la sous-région, il a été  le président de la Commission camerounaise des marchés financiers (CMF) entre 2016 et 2019. Auparavant, il a occupé pendant une dizaine d’années, les fonctions de secrétaire général de la Conférence interafricaine des marchés d’assurance (CIMA), le gendarme du secteur des assurances en Afrique centrale et de l’Ouest, dont le siège est à Libreville, au Gabon. Il est resté en poste jusqu’en 2015. Le travail qu’il a abattu à la tête des instances décisionnelles de ces différentes structures nationales et internationales lui a valu la reconnaissance de ses pairs. En 2020 et en 2017 il figurait notamment dans la liste des 100 personnalités qui transforment l’Afrique établie par le mensuel des affaires Financial Afrik.

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Avant de tutoyer le sommet au niveau continental, Jean Claude Ngbwa. a tout d’abord dû faire ses preuves au niveau national. Après l’obtention de diplôme d’inspecteur du Trésor à l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam), en 1983, il a commencé sa carrière au ministère des Finances. Il a ensuite séjourné à l’Office national pharmaceutique et au ministère des Travaux publics. Puis, en 2002, il est revenu dans son administration d’origine comme directeur des contrôles économiques et des finances, participant ainsi à la mise en place du marché financier.

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