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Population et habitat : le recensement général toujours pas effectif, 7 ans après

L’opération instruite par le président de la République en 2015 est aux oubliettes. Dans sa note de veille économique et stratégique la plus récente, Camercap-Parc, un Think Tank inféodé au ministère de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du territoire, estime qu’il n’est pas possible de faire de la population un facteur effectif de développement sans la connaître dans sa composition, sa structure et ses mouvements. La dernière opération du genre au Cameroun remonte à il y a 17 ans.

Entre 2014 et 2022, la Côte d’Ivoire a effectué deux recensements généraux de la population. Le dernier pointage dont les résultats ont été rendus publics courant juillet 2022 affiche un peu plus de 29,3 millions d’habitants dans ce pays tête de peloton des huit économies de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Le Cameroun qui est un pays comparable du point de vue économique, lui, n’a plus compté sa population depuis 2005. Étrange paradoxe pour un pays qui, depuis 2010, poursuit la mise en œuvre d’une vision d’émergence à l’horizon 2035 qui en est à sa deuxième phase. Le recensement général de la population et de l’habitat (Rgph) institué par décret présidentiel depuis septembre 2015 et qui était censé démarrer au premier trimestre 2016 est étonnamment aux oubliettes, officieusement faute de budget. Or, celui-ci avait pour but de collecter les données nécessaires à la planification du développement et à la prise en compte du dividende démographique dans l’élaboration des politiques permettant l’évolution du Cameroun vers l’émergence (voir article 3 du décret du 15 septembre 2015).

Dans le détail, l’opération était censé permettre au gouvernement de connaître l’effectif de la population ; de déterminer les caractéristiques de l’habitat, les équipements et outils de production des ménages ; d’étudier les éléments du cadre de vie de la population ; d’établir la répartition de la population par circonscription administrative, par collectivité territoriale décentralisée et par unité de commandement ; d’actualiser le fichier national des localités et d’en constituer une base de données sociodémographiques ; de saisir les mouvements naturels et migratoires ; et de présenter la structure de la population selon le sexe, l’âge et les caractéristiques socioéconomiques et culturelles.

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Données obsolètes

Cette mise en veille du recensement montre que le Cameroun avance le nez sur le guidon. Dans sa dernière note de veille économique et stratégique qui est une évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre de la Vision 2035, le Centre d’analyse et de recherche sur les politiques économiques et sociales du Cameroun (Camercap-Parc)souligne sans ambages qu’il n’est pas possible de faire de la population un facteur effectif de développement sans la connaître dans sa composition, sa structure et ses mouvements. « Au-delà de toute explication fondée ou non, les faits sont là. Les données démographiques du Cameroun sont obsolètes et cela n’est pas sans conséquence négative sur les politiques de développement. Soit en termes de conception (ciblage), soit en termes d’évaluation », écrit le Think Tank inféodé au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).

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Pauvreté monétaire

L’objectif général numéro 1 de la stratégie de développement à moyen et long termes de l’Etat du Cameroun est d’éradiquer la pauvreté en la ramenant à un niveau résiduel socialement tolérable, c’est-à-dire, à un taux de pauvreté monétaire inférieur à 10% à l’horizon 2035. Là encore, les derniers chiffres sur la pauvreté publiés dans l’Enquête camerounaise auprès des ménages (Ecam 4) datent de 2014. Ceux-ci situaient l’incidence de la pauvreté à 37,5% de la population. Le profil de pauvreté n’ayant été actualisé entretemps, l’espoir d’une réduction sensible de la pauvreté paraît peu probable aux yeux du Camercap-Parc au 30 juin 2022, au vu des crises qui s’enchaînent et s’imbriquent (Boko Haram, conflit armé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, crise des devises dans la zone Cemac, Covid-19 depuis 2020, guerre en Ukraine avec ses conséquences déjà visibles, notamment l’inflation, etc.).

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Pour mémoire, le dernier recensement général de la population et de l’habitat réalisé en 2005 et dont les résultats avaient été publiés en 2009 chiffrait à 19,4 millions la population du Cameroun. Selon les Nations unies, chaque pays doit réaliser cette opération une fois au moins tous les 10 ans.

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