Politique Monétaire: la BEAC songe à augmenter ses taux et volumes de ponctions de liquidités
En vue d’absorber efficacement la liquidité oisive du système bancaire qu’elle accuse d’entretenir l’inflation, la BEAC sur proposition du FMI, compte relever ses taux et volumes de ponctions de liquidités.
Sur proposition du Fonds Monétaire International(FMI), la Banque des États de l’Afrique centrale(BEAC) envisage de rendre plus attrayantes ses offres de placement auprès des banques commerciales afin d’absorber les excédents de liquidités qui freinent la transmission de la politique monétaire. C’est ce qui ressort du dernier rapport produit par le FMI au terme de consultations qui se sont tenues en mai dernier avec les différentes institutions communautaires de la CEMAC, dont la banque centrale.
« La BEAC s’engage à resserrer la gestion de la liquidité́, y compris en augmentant les montants des reprises de liquidité́ et en entamant un relèvement sensible des taux de ses opérations de ponction de liquidité́ pour qu’il converge vers le taux directeur qui signale l’orientation de la politique monétaire. Étant donné l’écart initial important, ce relèvement devrait être graduel mais significatif et se faire dans un calendrier rapproché », souligne Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de la BEAC cité par le rapport.
En juin dernier, l’institut d’ émission monétaire, dans le cadre de son opération d’assèchement du système bancaire régional, a décidé de porter à 200 milliards de FCFA ses ponctions hebdomadaires de liquidités contre 150 milliards de FCFA pratiqué jusqu’ici, soit une hausse de 25%. Ces ponctions se font à travers 2 opérations. La première, rémunérée à 0,85% n’a été introduite que depuis le 21 février et portait initialement sur un montant de 50 milliards de FCFA puis 75 milliards. En mai dernier, la BEAC a relevé son appétit à 100 milliards de FCFA puis 150 milliards depuis cette semaine. La 2e opération, plus courante, porte sur une offre de reprise de longue maturité de 50 milliards de FCFA sur 28 jours. Le taux de cette dernière est plus attrayant, soit 1,50% désormais contre 0,80% avant.
Malgré ce relèvement, les banques continuent de bouder ces offres de placement. La preuve, l’opération principale de ponction de liquidité de 150 milliards de FCFA a été déclarée infructueuse.
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Cap sur le marché interbancaire
Pour rester actives sur le marché du crédit, les établissements en panne de trésorerie se ruent désormais vers le compartiment interbancaire. Ici, les banques s’échangent librement les capitaux à des taux conventionnels. « Les banques surliquides comme la nôtre préfèrent prêter sur ce marché car les offres de rendement y sont plus intéressantes que celles de la BEAC. C’est une question de logique », renseigne le responsable de trésorerie d’une banque en activité au Cameroun. Sur le marché interbancaire, le Taux interbancaire Moyen Pondéré (TIMP) est actuellement de 5,47% ce qui semble très largement au-dessus de ce que propose la Banque centrale.
En alignant son taux de rémunération sur le taux directeur comme indiqué par le gouverneur, nul doute que la Banque centrale va absorber davantage la liquidité oisive du système bancaire régional. « Ce processus est essentiel pour ponctionner plus efficacement l’excès de liquidité́, ce qui renforcera la transmission de la politique monétaire », suggère le FMI.
Amorcé depuis novembre 2021, en vue de réduire la pression sur les prix intérieurs, le durcissement de la politique monétaire par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) s’est par ailleurs illustré par une augmentation du taux directeur à 4 reprises et une suspension des opérations d’injection hebdomadaires.
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