Politique budgétaire: le Cameroun n’a respecté qu’un critère de convergence en 2022
S’il reste un pionnier dans la transmission à la Commission de la Cemac du Programme Triennal de Convergence, le Cameroun a continué de subir les conséquences des chocs exogènes, particulièrement celles liées au conflit russo-ukrainien.
Première économie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), le Cameroun ne se montre toujours pas exemplaire dans la mise en œuvre de sa politique budgétaire. Celle-ci est encadrée entre autres par des critères et des indicateurs de surveillance multilatérale. Les performances de chaque Etat membre de la Cemac sont appréciées à travers le solde budgétaire de référence qui doit être supérieur à -1,5% du Produit intérieur brut (PIB) ; au taux d’inflation annuel moyen inférieur à 3% ; le ratio stock d’endettement public (dette publique intérieure et extérieure) sur le PIB qui doit être inférieur ou égal à 70% et l’absence d’arriérés intérieurs et extérieurs sur la gestion courante.
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L’évaluation faite par le ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat) comptant pour l’exercice 2022 montre que le Cameroun n’a respecté qu’un seul des quatre critères de convergence, contre le respect de deux critères en 2021. L’unique critère qui se situe en dessous du seuil est le ratio stock d’endettement public. Selon les chiffres provisoires du ministère des Finances (Minfi), l’encours de la dette publique serait de 12,183 milliards de Fcfa à fin décembre 2022 (y compris la dette des entreprises publiques), soit 44% du PIB contre 44,7% l’année précédente. Ce niveau reste en dessous du critère de convergence de la Cemac qui se chiffre à 70%.
Le critère sur le taux d’inflation, habituellement respecté a été manqué cette fois. L’inflation ayant plus que doublé à 6,3%, malgré les mesures d’assouplissement et d’accompagnement prises par le gouvernement pour juguler cette flambée des prix. Cette contreperformance est à mettre en relation avec les tensions induites au niveau mondial par le conflit russo-ukrainien, ainsi que le dérèglement des chaînes logistiques et la poursuite de la politique zéro Covid-19 qui était encore en vigueur en Chine en 2022.
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S’agissant du solde budgétaire de référence, il s’est établi autour de -3,6% largement inférieur au niveau planché de -1,5%. Cette situation aurait été favorisée par la hausse sensible des dépenses de subvention des prix des produits pétroliers à la pompe.
Enfin, le gouvernement n’a pas respecté le critère relatif à l’absence d’arriérés sur la gestion courante. Ici également, la hausse des subventions des prix du carburant, le maintien des mesures d’accompagnement du secteur productif face au conflit en Ukraine et ses conséquences sur les recettes internes de l’Etat en seraient les raisons.
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Au-delà des critères de convergence, le Cameroun n’a pas non plus respecté au moins cinq des douze indicateurs de surveillance multilatérale. A 3,6% et 18,1%, les taux de croissance et d’investissement sont en deçà des objectifs souhaités soit 7% du PIB et 20% du PIB respectivement. Le taux de pression fiscale demeure faible (11,8% contre un plancher de 17%). Malgré les opérations d’assainissement du fichier solde, la masse salariale continue de peser sur les finances publiques. A fin 2022, elle représente 37,7% des recettes fiscales contre un plafond de 35%.
D’une manière générale, le gouvernement explique que les normes requises pour les divers indicateurs de la surveillance multilatérale se sont nettement dégradées avec l’avènement de la pandémie du Covid-19, portées en majeure partie par les mesures d’exonération fiscale et de report de paiement de certains impôts prises pour atténuer les effets néfastes de la crise sanitaire sur les entreprises et les ménages.
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