Planification: des orientations précises pour la 2ème phase du DSCE
Prenant en compte l’après programme avec le FMI, elle devrait garantir une meilleure planification, une programmation rigoureuse, une budgétisation appropriée, une exécution disciplinée et en fin un suivi adéquat.
Alamine Ousmane Mey, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat) a donc déjà une idée claire et précise du nouveau document de planification 2020 à 2027 en élaboration et qui devrait conduire le Cameroun vers l’émergence à l’horizon 2035. Les grandes orientations de cette 2ème phase du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) qui doit rompre avec le précédent, qui n’a pas atteint les objectifs qui lui ont été assignés, ont été précisées lors de l’ouverture, le 29 janvier dernier à Yaoundé, de la conférence annuelle des responsables des services centraux et déconcentrés du Minepat. Une rencontre placée sous le thème « Transformation structurelle de l’économie camerounaise pour accélérer sa marche vers l’Emergence ». Pour le Minepat, une cohérence d’action, une démarche globale, un ancrage fort et une coordination renforcée devraient être au cœur du DSCE II. L’ambition fondée étant d’accélérer l’industrialisation, accroître substantiellement les revenus, réduire la pauvreté et les inégalités et satisfaire les objectifs de développement durable. A cet égard, estime-t-il, la priorité devrait être donnée à l’agriculture, une agriculture moderne, mécanisée et à l’intensification de la transformation industrielle des produits locaux, afin de gagner en valeur ajoutée et réduire les importations de biens et services. Mais il falloir opérer un choix cohérent des filières, promouvoir les champions nationaux et la consommation.
Au plan opérationnel, le Minepat indique que dans un contexte où la place et le rôle du secteur privé comme moteur de la croissance de l’économie nationale, sont renforcés, la promotion de l’investissement privé ainsi que l’amélioration de la gouvernance et du climat des affaires demeurent des priorités. Des incitations fiscales douanières ciblées devraient ce contexte soutenir l’implantation des entreprises industrielles dans les zones économiques spécialisées promues par l’Etat. Dans le souci d’améliorer la qualité des infrastructures réalisées en énergie, dans les télécommunications, les routes et les ports, le strict respect du processus de maturation des projets, ainsi que la bonne exécution des grands projets structurants dans les délais, commandent un véritable changement de paradigme.
En matière de financement, il sera question de mobiliser en priorité les financements à caractère concessionnel pour la réalisation des infrastructures sociales.
En matière de financement, il sera question de mobiliser en priorité les financements à caractère concessionnel pour la réalisation des infrastructures sociales. Avec un accent spécifique sur la promotion des PPP dans le sens de diversifier les modes de réalisation des projets et attirer les investisseurs nationaux et étrangers vers les secteurs porteurs. La gestion optimale de la dette publique permettra aussi de limiter les vulnérabilités budgétaires et d’en assurer une plus grande et meilleure soutenabilité. Pour cela, la concentration des actions de financement sera préférée à la dispersion des ressources généralement sans impact réel. S’agissant de la gouvernance, les exigences de bonne gouvernance, de transparence, et de redevabilité sont des catalyseurs essentiels pour une bonne gestion des finances publiques. La discipline budgétaire devra dans ce contexte s’accompagner des mesures d’amélioration de la qualité de la dépense, etc.
Élaboration : l’expertise du sectecur privé sollicitée
Le gouvernement a certainement tiré les leçons de la première phase du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE). Un outil de planification qui sera obsolète cette fin d’année 2019, mais qui visiblement n’a pas atteint les objectifs qui lui étaient assignés. Comme le reconnaissait d’ailleurs tout dernièrement Paul Tasong, le ministre délégué à l’Economie, à la Planification et l’Aménagement du Territoire (Minepat). « Le tout premier indicateur portait sur une croissance économique soutenue pendant les 10 ans. Le souhait était d’atteindre une croissance moyenne de 5,5% sur la période de planification. A ce jour, nous n’avons pas atteint de manière totalement satisfaisante ce taux de croissance. Le taux de croissance moyen de nos jours est de 4,5%. Le Cameroun a fait reculer la pauvreté de 3% là où l’on attendait 10% », confessait le membre du gouvernement.
Le gouvernement vient de lancer un appel à communications à l’endroit des professionnels du monde universitaire et de l’entrepreneuriat privé pour recueillir leurs contributions dans le cadre des réflexions de la planification du développement économique et social du Cameroun pour la prochaine décennie
Pour éviter pareil échec à la deuxième phase du DSCE, aucune expertise n’est à négliger. Pour cela, le gouvernement vient de lancer un appel à communications à l’endroit des professionnels du monde universitaire et de l’entrepreneuriat privé pour recueillir leurs contributions dans le cadre des réflexions de la planification du développement économique et social du Cameroun pour la prochaine décennie. Il s’agira plus spécifiquement, apprend-on, de recueillir les avis des chercheurs et autres acteurs sur l’état des lieux du développement économique et social du Cameroun, sur les principales tendances et dynamiques en cours et leurs enjeux pour le développement économique et social du Cameroun durant la prochaine décennie et enfin sur les principales réformes à envisager pour atteindre les objectifs de développement économique et social du Cameroun pour cette période. L’appel à communications qui court jusqu’au 1er mars prochain concerne les individus des deux sexes ayant des connaissances et aptitudes avérées dans un quelconque domaine du développement socio-économique relatif à des thématiques bien précises. Il s’agit des chercheurs et universitaires, des membres des organisations patronales, des ONG et de la société civile, des professionnels du secteur privé, des partenaires techniques au développement.
Entre autres thématiques retenues pour les soumissions, l’on recense caractérisation du paradigme de développement : analyse de sa pertinence compte tenu de l’objectif d’émergence ; diversification et compétitivité de l’économie camerounaise : quelles stratégies pour l’émergence ? Mais aussi, financement de l’économie et efficacité du système bancaire : quelles réformes pour améliorer l’accès au crédit ? Développement des infrastructures et de la dette publique : modalités de choix et de financement. Tout comme agriculture, pauvreté dans le monde rural et autosuffisance alimentaire : faits stylisés, perspectives et enseignements à capitaliser pour l’émergence du Cameroun ; éducation, capital humain et marché du travail : quels savoirs et compétences pour l’émergence du Cameroun, etc.