Plan d’assistance humanitaire d’urgence : flou autour de la gestion des 12,7 milliards Fcfa
Ce dispositif gouvernemental dont la mise en œuvre est coordonnée par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, présente peu de résultats à un mois de son échéance
Depuis juin 2018, le président de la République, Paul Biya, a instruit la mise en œuvre d’un plan d’assistance humanitaire d’urgence pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, placé sous la coordination du ministre de l’Administration territoriale (Minat) et doté d’un budget prévisionnel de 12,7 milliards Fcfa. Ledit plan, dont le financement devait être assuré par le budget de l’Etat, la générosité nationale et les partenaires internationaux du Cameroun, devait être mis en œuvre sur une durée de 18 mois à compter de juillet 2018. Théoriquement, le bilan de cette opération devrait donc être fait en octobre prochain. Mais, il n’est pas certain que Paul Atanga Nji, qui pilote le déploiement de ce plan, soit capable d’en dresser un bilan traçable. Non seulement, le montant exact des contributions de la communauté nationale à la suite des appels à l’effort de guerre n’a jamais été connu, comme cela avait été le cas avec la guerre contre la secte terroriste Boko Haram dans l’Extrême-Nord. Or, en plus des régions, les opérateurs économiques, des partis politiques, entre autres, avaient mis la main à la poche pour soutenir cette opération.
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Au mois d’avril 2019, le Minat avait laissé entendre que 75000 familles avaient déjà reçu cette aide. Les 27 août et 18 septembre derniers, Paul Atanga Nji, qui se trouvait le week-end dernier à Bamenda, a déclaré avoir fait bénéficier cette assistance à 6000 et 4000 nouvelles personnes parmi les déplacés internes de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Le ministre de l’Administration territoriale distribue denrées alimentaires, matériel de couchage et de toilette, des biens de consommation d’usage, etc. Aucun montant n’est cependant avancé. Par ailleurs, il manque d’efficacité en termes de suivi sanitaire des déplacés internes, en plus de leur éducation, de l’habitat et de l’assistance psycho-sociale qui faisaient partie des autres besoins identifiés par le gouvernement.
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Au plan agro-pastoral, le plan d’urgence prévoyait un appui en intrants agricoles et en cheptel pour relancer les activités des populations rurales sinistrées. A ce jour, le gouvernement n’en parle pas. Mais il communique abondamment sur la fourniture des denrées alimentaires et des produits de première nécessité qui sont, tantôt des dons du chef de l’Etat, tantôt de l’aide dans le cadre du plan d’assistance humanitaire d’urgence. Au final, dans la mise en œuvre de ce dispositif gouvernemental, l’on ne voit pas sur quelle base les rations alimentaires sont calculées, ni les besoins en médicaments, etc.