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Pénurie d’insuline et vaccin: l’ordre des pharmaciens interpelle le Premier Ministre

Dans une correspondance adressée au Premier ministre, le président du conseil de l’Ordre national des pharmaciens alertes sur un risque de rupture de stocks de certains médicaments sensibles, du fait de la complexité des procédures liées au Programme d’évaluation de la conformité avant embarquement mis en œuvre depuis le 15 novembre, y compris dans le secteur pharmaceutique. La réaction du Premier ministre toujours attendue deux semaines après l’alerte.

En raison d’un risque élevé de congestion, le port de Rouen en France a mis en place mi-novembre dernier, une politique stricte d’acception des conteneurs export afin d’éviter la saturation de l’espace restant disponible. Cette mesure crée un manque de places à bord des navires, notamment ceux en direction de l’Afrique. Au Cameroun, cette situation crée la panique chez les pharmaciens grossistes, qui doivent, en plus des difficultés à faire partir les médicaments de la France pour le pays, se soumettre au protocole o combien complexe Programme d’évaluation de la conformité avant embarquement (Pecae), mis en œuvre par le gouvernement pour toutes les marchandises à destination du Cameroun depuis le 15 novembre dernier. Dans une demande d’audience adressée le 08 décembre au Premier ministre, le président du conseil de l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun, le Dr Franck Nana, signale que « nous allons vers une situation de rupture des médicaments sensibles tels que l’insuline [vitale pour les personnes souffrant du diabète, NDLR] -, les vaccins… »

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Au vu de l’approche de la Coupe d’Afrique des nations (Can) qu’accueille le Cameroun dès le 09 janvier prochain, poursuit-il, « nous risquons être en rupture de médicaments sur la quasi-totalité du territoire national ». Conscient des conséquences que pourrait avoir une éventuelle rupture de médicaments, les pharmaciens ont souhaité présenter au Premier ministre, « avec des éléments factuels », le risque sanitaire que court le pays. Mais, deux semaines après cette demande d’audience, le conseil de l’Ordre n’a toujours pas eu de retour de Joseph Dion Ngute. De sources dignes de foi, la correspondance adressée par son président serait même encore dans le circuit au niveau des services du Premier ministre. Or, selon le service économique régional de l’ambassade de France au Cameroun, 95% des produits pharmaceutique en circulation dans le pays sont importés. Toujours selon la même source, en 2018, ces importations représentaient un montant total de 202,6 millions d’euros, soit environ 133 milliards Fcfa. A noter, pour le cas spécifique de l’insuline, que le diabète touche plus de 615000  personnes au Cameroun, soit 6% d’adultes avec une prévalence plus élevée en milieu urbain, selon les chiffres officiels datant de 2019. Une rupture de ce médicament sensible serait simplement dramatique pour ces milliers de patients.

Pour mémoire, l’extension du protocole Pecae à toutes les marchandises importées au Cameroun a pour objectif de renforcer la politique gouvernementale en matière de qualité, dans le but de garantir la santé et la sécurité des consommateurs, préserver l’environnement et protéger l’industrie locale contre tous les produits et les matières premières importés de mauvaise qualité. Sauf que, regrette le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) dans une récente note de veille sur l’actualité économique, « sa mise en œuvre s’accompagne d’un accroissement des coûts et des délais pour les importateurs dans un contexte d’hyperinflation des matières premières et du fret ».  

Par Jean Omer Eyango  

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