Pénurie d’eau à Yaoundé : le Minepat met Camwater à l’index
Non-paiement par l’entreprise des décomptes de la maîtrise d’œuvre pourtant reçus de la Société générale US depuis 2017 relativement à la réhabilitation de la station de captage et de traitement de Mbalmayo, démobilisation de l’entreprise…Un rapport du Minepat accuse Camwater d’être responsable de la crise de l’eau qui frappe la capitale.
Un rapport daté du 24 août, dressé au terme des travaux du suivi de l’exécution physico-financière des projets Akomnyada et Buea-Tiko-Mutengene, présidés les 22 et 23 août dernier par le directeur de la Coopération Nord-Sud et des organisations multilatérales au ministère de l’Economie, de la Planification et l’Aménagement du territoire (Minepat), Njie Thomas Kinge, renseigne un peu plus sur la gravité de la situation à la station de captage et de traitement d’eau d’Akomnyada (Mbalmayo), qui dessert Yaoundé. L’ouvrage construit en 1986 avec une capacité installée de 130.000 mètres-cubes par jour n’en produit plus que 80.000. Les travaux de remise à flot de l’ouvrage, dont la première phase est censée avoir été achevée et qui ont coûté 4 milliards Fcfa, n’ont jamais été réceptionnés par Camwater. Entre autres pesanteurs qui retardent le projet, des difficultés techniques, la démobilisation depuis 2018 des partenaires travaux techniques, le financement des surcoûts relatifs à la remobilisation de l’entreprise américaine Environmental and Chemical Corporation (EEC) en vue de la remise en service de la station dans tous ses compartiments.
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Il y a également, le non-paiement par la Camwater des décomptes de la maitrise d’œuvre alors même que le financement dédié, d’un montant de 178 millions Fcfa, a été reçu par l’entreprise depuis 2017 de Société générale US depuis 2017. Cette réclamation jamais satisfaite est aujourd’hui assortie d’intérêts moratoires estimés à 65 millions Fcfa, selon le rapport susmentionné. La maitrise d’œuvre qui a multiplié des requêtes restées sans suites, n’est plus prête à coopérer pour la suite du projet si ses réclamations ne sont pas payées. Le différend opposant Camwater à cette partie est même pendant devant les tribunaux. « Au regard des difficultés d’approvisionnement en eau de la ville de Yaoundé, et de la nécessité clôturer ledit projet, il est urgent de trouver des solutions pour faire fonctionner cette station et de procéder à la réception définitive dudit projet », recommande le rapport.
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Une autopsie réalisée sur le compartiment de l’usine en service fait état d’un « fonctionnement anormal des groupes électropompes ; la défaillance du fonctionnement automatique des groupes électropompes de captage ; la difficulté d’intervention sur les problèmes électriques ; la discordance des vannes en cas de coupure de courant ; la profondeur insuffisante de pose des canalisations d’aspiration ; la non-immobilisation des conduites d’aspiration au fond du fleuve ; la faible taille des mailles des crépines d’aspiration ». Lundi dernier, une mission conjointe ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee), Minepat, Mintp, Camwater, EEC et le maître d’œuvre SGI s’est rendue sur le site d’Akomnyada, pour évaluer les difficultés, dégager les responsabilités et envisager de façon concertées des solutions. Une concertation est également prévue entre l’adjudicataire du marché et Camwater afin de s’accordent sur la prise en charge des surcoûts relatifs à la remise en service de la station.
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Le 05 septembre, le Minee Gaston Eloundou Essomba avait sommé Camwater de tout mettre en œuvre pour un retour à la normale en termes d’approvisionnement en eau de Yaoundé, sous huit jours. Cet ultimatum a expiré hier mardi, mais un rationnement sévère de l’eau a toujours cours dans la capitale.