Patronat : le futur scrutin au Gicam s’annonce disputé
L’élection en fin d’année du conseil d’administration du regroupement patronal verra au moins deux listes s’affronter. Emmanuel Wafo, l’actuel président de la commission économique, ayant l’intention de conduire une liste. D’autant que Célestin Tawamba ne pourra en principe pas se représenter…
Dans le jargon des stratèges, la manœuvre politico-médiatique ressemble fortement à une fausse piste. Le 19 janvier, Jeune Afrique consacre un article aux sénatoriales à venir dans la région de l’Ouest, mettant en avant l’initiative d’André Siaka de promouvoir la candidature de son poulain, Emmanuel Wafo Foko. L’information, abondamment reprise sur les réseaux sociaux et quelques titres de la place, vise en fait à détourner l’attention, à défaut de tuer l’initiative dans l’œuf. Puisque le véritable enjeu pour ce dernier se trouve non pas sur le terrain politique, mais sur la scène patronale.
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Selon les informations d’EcoMatin, le patron de Mit Chimie, entreprise spécialisée dans la fabrication d’emballages plastiques et la distribution de produits chimiques et matières plastiques, ne ferait plus mystère de sa volonté de devenir le futur patron des patrons camerounais. Il y a quelques jours, il a fait part de son intention à quelques membres du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), dont il dirige actuellement la commission économie et développement de l’entreprise. Dans les mois à venir, Emmanuel Wafo Foko compte officiellement constituer une liste pour l’élection du conseil d’administration qui doit intervenir en fin d’année. Etant entendu que la tête de la liste gagnante devient ipso facto le président du syndicat patronal.
Le futur scrutin s’annonce donc disputé, car il est fort probable qu’une liste concurrente émerge. D’autant plus que Célestin Tawamba est en principe non partant. A la faveur de la révision des statuts en décembre 2018, qui ramenait le bail de 5 à 3 ans, le mandat du président est désormais renouvelable une fois. Par conséquent, le fondateur du groupe Cadyst Invest achève son dernier mandat et ne pourra théoriquement plus se représenter, sauf changement des textes entre temps. Durant les deux dernières élections, l’actuel patron des patrons l’avait emporté haut la main, faute de concurrents. Mais la donne semble avoir changé, due en partie à l’actuel dirigeant.
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Partisan d’un Gicam offensif, voire agressif, à l’égard du gouvernement, Célestin Tawamba ne s’est pas que fait des amis à Yaoundé. Sa lettre au président de la République pour exiger la tête de Modeste Mopa Fatoing qu’il accuse de regarder les créateurs de richesse de haut, bien que les deux parties ses soient rapprochées ces derniers mois, fit grand bruit en son temps. Tout comme sa lettre au premier ministre pour décliner l’invitation adressée aux dirigeants du Gicam à participer au Cameroon Business Forum (CBF), au point de faire capoter la rencontre annuelle entre le gouvernement et le secteur privé. Deux faits parmi tant d’autres qui ont fini par irriter à Yaoundé, où certains ne seraient pas mécontents de son éviction. Une attitude combative loin également de faire l’unanimité au sein du Gicam, notamment dans le conseil des sages où l’on a tendance à prôner la conciliation et un peu de compréhension vis-à-vis du gouvernement.
Est-ce la faille dans laquelle s’est engouffré Emmanuel Wafo ? Ce diplômé de la Toulouse Business Scholl ne manque pas d’atouts. Outre Mit Chimie, il a fait la preuve de sa capacité à diriger des hommes en présidant jusqu’à ce jour l’Association camerounaise des professionnels de la plasturgie (AC2P) qui défend l’industrie du plastique, et le club APM (Association promotion management) dénommé « Ubuntu » de Douala, initiative d’inspiration française regroupant des patrons.
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S’il venait à confirmer sa candidature, nul doute qu’Emmanuel Wafo ne manquera pas d’avoir l’appui des autorités camerounaises qui y verraient une occasion idoine de se « débarrasser » du trublion Tawamba. Va-t-il pouvoir capitaliser sur cela sans que cela ne soit interprété comme une intrusion du politique dans la marche de la plus grande organisation patronale d’Afrique centrale ? Il est fort à parier qu’il peut compter sur le soutien d’André Siaka, son parrain. De quoi agréger quelques voix autour de sa personne et son projet, tant l’influence du fondateur de Routd’Af demeure prépondérante parmi les membres. Une caution indéniable en tout cas…