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Opération Épervier: pourquoi le fils de Nganou Djoumessi est poursuivi?

Propulsé à la tête de Mobile Communication Network, projet de Camtel ayant bénéficié d’un financement douteux du ministère de l’Economie du temps où son père en était le patron, Boris Judicaël Nganou, est actuellement cuisiné au Tcs, était interdit de sortie du territoire depuis le 02 mars 2018.

Il faisait partie, depuis le 02 mars 2018, des 7 responsables de la Cameroon Telecommunications
(Camtel) interdits de sortie du territoire. La mesure prise par le délégué général à la Sûreté nationale,
Martin Mbarga Nguélé, demandait à tous les délégués régionaux de la Sûreté nationale, aux
commissaires du Port autonome de Douala, des aéroports internationaux de Yaoundé-Nsimalen,
Douala et Maroua et aux chefs des postes-frontières, non seulement sur les ex-Dg et Dga David
Nkoto Emane et Enow Kenneth Agbor, mais aussi sur Boris Judicaël Nganou, fils du ministre des
Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, propulsé à la tête de Mobile Communication
Network (MCN) grâce au piston de son père.

Prêt sur les papiers depuis un peu plus de trois ans, le projet Mobile Communication Network n’a pas pris corps, et les financements publics débloqués pour sa mise en œuvre n’auraient respecté les règles en la matière.

Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) à l’époque des faits (2014), Emmanuel Nganou Djoumessi est approché par David Nkoto Emane qui lui fait part d’un projet ambitieux d’exploitation de la 4G pour laquelle Camtel est le seul opérateur à l’époque à avoir obtenu une licence d’exploitation, après l’échec de Camtel Mobile.

Le projet MCN a été uniquement créé pour les besoins de la cause et sera géré, s’il prend
véritablement corps, en joint-venture avec Vodafone pour ce qui est du déploiement de la 4G, et par
Lycamobile – opérateur mobile virtuel (Mvno) qui commercialise des services de téléphonie et
d’internet mobiles internationaux au moyen de cartes – pour ce qui est de la 3G et appels
internationaux.

Camtel qui se dit à court de financements, sollicite le concours du Minepat pour
implémenter le projet. Sans hésiter, Nganou Djoumessi qui aurait posé comme unique condition à
l’ex-Dg de Camtel la nomination de son fils à la tête du projet, accepte de mettre à disposition les
financements qui s’élèveraient à près de 3 milliards Fcfa. C’est le sort réservé à ces fonds dont les
traces ne sont visibles nulle part qui ferait l’objet des enquêtes du Tribunal criminel spécial (Tcs). Prêt sur les papiers depuis un peu plus de trois ans, le projet Mobile Communication Network n’a pas pris corps, et les financements publics débloqués pour sa mise en œuvre n’auraient respecté les règles en la matière.

Toute la journée du vendredi 05 avril dernier, David Nkoto Emane et Boris Judicaël Nganou ont été
entendus par des enquêteurs du corps spécialisé des officiers de police judiciaire du Tcs. Le deuxième a même passé quelques heures dans la cellule de la juridiction spéciale et, au moment où l’on annonçait sa mise sous mandat de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui, il a été remis en liberté.

C’est un dossier qui pourrait également emporter l’ancien Minepat, Emmanuel Nganou Djoumessi. Mais, sa position au gouvernement pourrait quelque peu retarder la
procédure. Toutefois, l’instruction se poursuit ; Nkoto Emane et Boris Judicaël Nganou seront de
nouveau au Tcs dans les jours à venir.

Vers un procès à tiroirs à Camtel

Outre le dossier Mobile Communication Network, le Contrôle supérieur de l’Etat a relevé des
dépenses non justifiées de l’ordre de 4 milliards Fcfa environ dans les comptes de l’entreprise, sur la période 2010-2015. Hormis les cas David Nkoto Emane, Enow Kenneth Agbor et Boris Judicaël
Nganou, plusieurs ex-responsables de la Cameroon Telecommunications (Camtel) dont l’ex-
directeur des finances et du budget de la même entreprise, Evariste Dieutoss, l’ex-directeur des
ressources humaines, Marcellin Tsam Gah, l’ex-commissaire aux comptes, Jean Claude Mfou’ou et
l’ex-directeur marketing et commercial, Benjamin Gérard Assouzo’o (aujourd’hui décédé), avaient
été visés par la mesure d’interdiction de sortie du territoire du 02 mars 2018, instruite par le
président de la République, Paul Biya.

On se souvient en effet que, dans un rapport publié en 2016, les inspecteurs du Contrôle supérieur
de l’Etat (Consupe) avaient relevé dans les comptes de Camtel, des dépenses non justifiées de l’ordre de 4 milliards Fcfa environ. Dans le même document qui couvrait six exercices budgétaires (2010-2015), les enquêteurs avaient noté que le top management de l’opérateur public des
télécommunications s’était octroyé des avantages indus d’un montant de 453 millions Fcfa, sans
compter un certain nombre d’irrégularités constatées sur le paiement des frais de missions. Celles-ci
auraient fait perdre jusqu’à 370 millions Fcfa à l’entreprise. Toujours selon l’institution supérieure de
contrôle des finances publiques, les dirigeants de Camtel auraient claqué plus d’un milliard Fcfa en
termes de jetons de présence pour les sessions du conseil d’administration au cours de la période
sous-revue.

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