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Opération épervier : nouvelles accusations de Mebe Ngo’o contre le Dg de l’Anif

L’ex-ministre délégué à la présidence chargé de la défense reproche à Hubert Ndé Sambone, auteur d’un document à l’origine de son incarcération, de procéder à des déclarations « imaginaires » sur ses avoirs.

Il ne fait l’ombre d’aucun doute. Aux yeux de Edgard Alain Mebe Ngo’o, le responsable de ses « malheurs » n’est autre que le Directeur général (Dg) de l’Agence nationale des investigations financière (Anif). L’ex-ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense accuse Hubert Ndé Sambone d’avoir élaboré à son encontre, un dossier « imaginaire ». L’accusé note que le Dg de l’Anif a identifié 08 comptes bancaires lui appartenant, et 08 autres dont son épouse, dame Minla est propriétaire. Edgard Alain Mebe Ngo’o fait grief à Hubert Ndé Sambone du défaut de précision relatif aux déclarations contenues dans son « pseudo rapport ». Lecture des extraits du document querellé est faite au cours de l’audience du 23 juin dernier au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé. « (…) L’origine d’importantes sommes d’argent ne sont pas toujours justifiées (…) Les fonds d’origines injustifiées manipulés dans les comptes bancaires de sieurs Mebe Ngo’o pourraient provenir de rétro-commissions ». Edgard Alain Mebe Ngo’o poursui: « Ils affirment que les paiements de ces rétro-commissions peuvent avoir transités… » L’ex-Mindef note que l’emploi du conditionnel marque l’incertitude. De quoi susciter un sentiment de désarroi : « Je pensais que lorsqu’on parle de l’Anif, la règle c’est la traçabilité. Or, là, c’est du vaudou », martèle-t-il.

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Les déclarations contenues dans le document attribué au Directeur général de l’Anif est à l’origine de la descente aux enfers de l’ex-Mindef : « A cause de cette déclaration, la société Limousine prestige qui a été créée par mon épouse en 1997 alors que j’étais préfet du Mfoundi a été raillé de la carte des petites et moyennes entreprises (Pme). » Il n’en faut pas plus pour que Edgard Alain Mebe Ngo’o monte sur ses grands chevaux : « Ce monsieur (Dg de l’Anif Ndlr) n’est pas à la hauteur de sa mission. Dans ce rapport, il y a des fautes d’orthographes, et de grammaire, c’est inadmissible. ».

Me Koé Amougou Noelle, l’une des avocats de l’accusé indique que le Dg de l’Anif a adressé une correspondance en date du 13 août 2018 au ministre secrétaire général de la Présidence de la République. Edgard Alain Mebe Ngo’o est appelé à faire des observes sur cette correspondance : « Je note pour ma part que l’Anif a été saisie en violation du décret qui la crée et fixe ses attributions. L’objet officiel de la correspondance c’est la situation financière de la société Magforce Cameroun. J’estime qu’il y a une contradiction entre l’économie de la lettre et son objet. » De plus, l’accusé déplore le fait que « l’Anif a été saisie sur la base d’information non avérées, notamment un dossier de blanchiment en bande organisée. Ce dossier de mon modeste point de vue est imaginaire jusqu’à ce qu’on me le présente. »

Surfacturations alléguées

L’interrogatoire de Edgard Alain Mebe le conduit à répondre du chef de détournement présumé de la somme de 26,3 milliards de FCFA. Lesdits détournements allégués seraient le résultat des surfacturations de certains effets ayant fait l’objet des marchés. Il s’agit de 35 marchés dits fictifs, 21 marchés dits surfacturés, passés durant la période allant de 2010 à 2016. « Cette accusation est juridiquement et factuellement infondée. Je la trouve caricaturale et grotesque. Telle qu’elle est déclinée, c’est comme si j’étais l’acteur unique dans la passation des marchés spéciaux. Cela voudrait dire que l’autorité d’ordonner les surfacturations. L’autorité de l’Etat en matière de prix c’est le Mincommerce. » Ainsi, réagit Edgard Alain Mebe Ngo’o.

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Par ailleurs, la question du déblocage des fonds en espèce d’un montant de 1 milliard 675 millions fait débat. D’entrée de jeu, l’ex-Mindef rappelle que le déblocage des fonds en espèce est une procédure dérogatoire à la procédure normale. Edgard Alain Mebe Ngo’o fait savoir que les parades militaires qui ont lieu le 20 mai nécessitent des fonds en espèce. « Il faut nourrir les délégations qui viennent des autres régions. Il y a des besoins en carburant, il y a le repas du corps. Tout responsable militaire se voit attribuer un montant qui lui est communiqué au préalable. » Edgard Alain Mebe Ngo’o se refuse de communiquer le montant de ces opérations. Il est catégorique, et n’est pas prêt à se raviser : « Je ne peux donner aucun chiffre concernant le montant de déblocage. Vraiment, je ne peux pas ! Je préfère la réclusion à vie ! ».

Dans le cadre de cette affaire, l’accusation fait grief à Edgard Alain Mebe Ngo’o du fractionnement des marchés publics. L’accusé souligne une fois de plus la différence entre les avenants et les marchés publics. Ces avenants sont relatifs aux contrats commerciaux signés par l’ex-Mindef en Chine en vue de la livraison des équipements militaires par l’entreprise Polytechnology Inc. Pour le mis en cause, les 04 avenants ne constituent aucunement des manœuvres de fractionnement. L’avenant numéro 2 prévoit que les deux parties conviennent des nouvelles clauses relatives aux modalités de paiement et aux échéanciers de décaissement du prêt contracté par l’acheteur auprès d’Eximbank of China.

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Edgard Alain Mebe Ngo’o s’est également exprimé sur le détournement présumé de la somme de 3,09 milliards de FCFA. Des malversations qui auraient été commises au cours de l’achat du matériel Habillement-couchage-camouflage-ameublement (Hcca). L’ex-Mindef fait la remarque selon laquelle, « le montant prétendument détourné est supérieur à celui que l’Etat a sorti de ses caisses. Ce que je trouve impossible. C’est la preuve donc qu’il n’y a pas eu détournement. » L’accusé ajoute que qu’aucun marché n’a été passé sans l’autorisation de la Présidence de la République. Rappelons que dans le cadre de cette affaire, Edgard Alain Mebe Ngo’o répond des faits de corruption, détournement de biens publics (Dbp), violation du code des marchés, prise d’intérêt dans un acte, blanchiment aggravé des capitaux, complicité de Dbp. Sont également impliqués dans cette procédure, Mbangue Maxime, Mboutou Elle Ghislain, Menye Victor Emmanuel, Minla Nkoulou Bernadette épouse Mebe Ngo’o. L’audience des 23 et 24 juin dernier a été renvoyée au 14, 15 juillet et 25, 26 août prochains.

René Ombala

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