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Business et Entreprises

Offre internet : la bataille du haut débit est lancée

Avec l’arrivée au Cameroun de Yahsat, fournisseur émirati d’accès à internet par satellite, ce marché devient de plus en plus concurrentiel.

La Cameroon Telecommunications (Camtel) ne sera donc pas seule dans l’offre d’accès internet par satellite. Le marché de l’Internet par satellite au Cameroun s’est donc enrichit avec l’arrivée, le 27 septembre 2018, d’un nouveau concurrent, Yahsat. A travers son produit YahClick, la société émirati des télécoms se donne comme ambition d’améliorer le taux de pénétration de l’Internet à haut débit dans le pays, en apportant la connectivité dans les zones où les opérateurs de téléphonie mobile et les fournisseurs d’accès par fibre optique demeurent faiblement présents ou absents. Cependant, les activités de Yahsat au Cameroun ne s’annoncent pas si aisées. La société devra en effet batailler dur avec d’autres fournisseurs d’accès qui l’ont devancée sur ces niches de marché mal couvertes par les opérateurs télécoms depuis plusieurs mois. Ils visent aussi le potentiel du marché Internet encore inexploité du Cameroun. C’est le cas de Cameroon Telecommunications (Camtel), l’opérateur historique qui a signé un accord de partenariat le 21 mai dernier, avec SatADSL pour fournir l’Internet par satellite dans le pays.

Ce partenariat devait permettre à l’opérateur public camerounais de pouvoir distribuer l’Internet dans les zones rurales, souvent délaissées par les opérateurs, mais surtout d’accéder à «la plateforme OSS/BSS de classe opérateur complète», qui est «entièrement redondante» et «permet aux opérateurs d’externaliser facilement et à moindre coût les services par satellite. Cela permet, pour la première fois, la fourniture d’une connectivité par satellite omniprésente, rapide, flexible et évolutive, ne nécessitant pas d’infrastructures physiques». L’accord entre Camtel et la société belge SatADSL, spécialisée dans la fourniture de services Vsat par satellite succédait à une phase pilote de lancement des solutions de connectivité satellitaire compétitives de SatADSL, qui ont été testées par une variété d’entreprises et de communautés publiques et privées au Cameroun, y compris des écoles, des bureaux de poste, des hôpitaux et des banques. Après Camtel, c’est Bloosat et GoSat qui se sont associés à Africa Konnect, filiale du français Eutelsat, pour lancer officiellement leurs activités dans le pays en juillet 2017. La société dont les services n’étaient encore disponibles que dans les régions du Littoral et de l’Ouest, annonçait son déploiement dans le reste du territoire national en 2019. Pour GoSat, le partenariat signé également avec Africa Konnect avait pour but d’offrir de l’Internet haut débit par satellite pour couvrir à terme, le tiers de la population nationale.


>> Lire aussi – Les entreprises camerounaises boudent la fibre optique SAIL de Camtel


Au moment où Konnect Africa faisait son entrée sur le marché camerounais, les opérateurs de la téléphonie mobile et fixe (Orange, MTN, Camtel et Nextell) et les fournisseurs d’accès à l’internet tels que Vodafone, Ringo, YooMe et Creolink se marchaient déjà pratiquement sur les pieds, et rivalisant d’offres aguichantes. Mais, la filiale du groupe Eutelsat présentait un avantage comparatif : celui de fournir l’internet grâce à des équipements satellitaires, ce qui offre la possibilité à cet opérateur de couvrir les zones reculées du pays, qui ne sont pas très prisées par les autres opérateurs, dont les activités se concentrent dans les grandes métropoles du Cameroun, notamment Yaoundé et Douala. Ces deux métropoles du Cameroun représentent officiellement, à elles seules, 80% du marché local des télécoms. L’arrivée de ces nouveaux opérateurs sur le marché camerounais démontre une fois de plus, les opportunités que recèle la commercialisation de l’Internet, dont le taux de pénétration a considérablement évolué ces dernières années, passant de 2% en 2010 à près de 26% en 2016, selon les statistiques de l’Union internationale des télécommunications (UIT).

Yahsat ambitionne de casser les prix

C’est l’effet concurrence et le consommateur ne peut qu’en sortir gagnant. Au-delà de la qualité de service, les coûts de l’offre de l’internet haut-débit au Cameroun devraient connaître une courbe baissière. C’est sans nul doute  la bonne nouvelle qui accompagne l’arrivée de Yahsat dans l’univers des télécoms au Cameroun. A en croire le Country manager Afrique de Yahsat, le coût, la qualité et la fiabilité de l’Internet satellitaire que va déployer cet opérateur permettra tout simplement de «libérer le potentiel des entreprises camerounaises et du service public». «Il y a beaucoup d’entreprises qui n’ont pas connecté leurs sites, parce que les coûts étaient assez importants. Avec la bande KA, les coûts sont divisés par 8 voire 10, comparé à ce qui existe déjà sur le marché», révèle le directeur commercial et marketing de Ringo. Selon lui, avec ses coûts très abordables, YahClick offrira non seulement la possibilité à beaucoup plus de particuliers et d’entreprises du Cameroun de pouvoir se connecter à l’Internet satellitaire (les coûts des kits à installer sont également divisés par au moins deux, apprend-on), mais contribuera également à booster le volume de leurs activités, grâce à une bande passante plus importante et la «connectivité ininterrompue» qu’offre ce service.

Citant quelques exemples des transformations apportées par YahClick au sein des entreprises et services publics dans les pays où il est déployé, le Country manager Afrique de Yahsat confie que ce service Internet satellitaire a, par exemple, permis au gouvernement sud-africain de réaliser un projet d’installation de 207 bibliothèques dans la plus grande région du pays, ou encore de connecter à l’Internet, 400 écoles en milieu rural au Kenya. Par ailleurs, a-t-on appris, c’est grâce à YahClick que la Public Investment Corporation (PIC), l’entreprise en charge de la gestion du fonds de pension des fonctionnaires sud-africains, gère ses assurés sociaux éloignés des grandes villes du pays. Mais en lançant officiellement son service de fourniture d’accès à Internet par satellite, YahClick au Cameroun, le 27 septembre 2018 à Douala,, son country manager avait annoncé que l’opérateur émirati Yahsat ne se positionne pas en concurrent des providers de l’Internet déjà présents sur le marché local, mais apporte une petite révolution dans le secteur.

En effet, apprend-on de cette entreprise des télécoms basée aux Emirats arabes unis, le service YahClick est déployé grâce «à la bande KA, qui arrive au Cameroun pour la première fois», et permettra aux internautes Camerounais des villes et des campagnes d’expérimenter «l’Internet satellitaire à haut débit», avec des vitesses de «100 mégabits/s en téléchargement et 25 mégabits/s en distribution», apprend-on. «Ce sont des vitesses qui correspondent à la super 4G», comme le précise Eric Plunian, directeur commercial et marketing de Ringo, une société des télécoms bien connue sur le marché camerounais de l’Internet, et qui est partenaire de Yahsat dans le déploiement de YahClick au Cameroun, avec deux autres entreprises locales que sont Swecom et TechforA.

Sale temps pour les fournisseurs d’accès internet par fibre optique

La course vers la qualité ne fait pas des heureux. Si le consommateur peut se réjouir de la concurrence qui fait rage dans l’offre d’accès à internet au Cameroun, les entreprises opérant dans ce secteur sont obligés de revoir leur technologie pour survivre. Avec la quête du haut-débit, les fournisseurs d’accès internet par fibre optique auront de plus en plus du mal à tenir la concurrence face à celles fournissant l’internet par satellite et qui offrent plus facilement le haut-débit. Sans nul doute, la fermeture des fournisseurs d’accès à internet comme Ringo et Vodafone est certainement la conséquence de la concurrence qui sévit dans ce secteur.

En rappel, selon le ministère des Postes et Télécommunications, plus de 50 entreprises fournissant aux populations et aux entreprises l’accès à l’internet, sont en activité sur le territoire camerounais. Ces fournisseurs d’accès internet (FAI) totalisent plus d’un million de clients, selon la même source. A l’observation, ces statistiques n’intègrent pas les services internet fournis par les trois opérateurs de la téléphonie mobile (MTN Cameroon, Orange Cameroun, Nexttel) et de l’opérateur historique des télécoms (Camtel) qui, au-delà des services traditionnels de téléphonie, comptent bien plus qu’un million d’abonnés à leurs services internet. L’explosion du secteur de la téléphonie mobile au Cameroun au cours des 10 dernières années, avec un taux de pénétration qui frôle 80% de nos jours, a considérablement contribué à booster l’utilisation de l’internet dans le pays.

Pour preuve, le Cameroun fait partie, avec le Mali et le Lesotho, des trois pays africains ayant connu la progression la plus fulgurante de la pénétration de l’internet en 2016, selon Internet Live Stats, membre du projet Real Time Statistics une équipe internationale de développeurs, chercheurs et analystes œuvrant pour rendre les statistiques disponibles dans un format dynamique. Au cours de l’année 2016, l’accès à l’internet a progressé de 16,5% sur le territoire camerounais, culminant finalement à 18% en fin d’année. La population ayant accès à la toile est estimée à 4,3 millions de personnes (sur 22 millions d’habitants). Grâce à cette progression fulgurante sur une seule année, souligne Internet Live Stats, le Cameroun fait partie des trois pays africains ayant pu réaliser cette prouesse en 2016, avec le Mali (+18.6%) et le Lesotho (+18,1%).

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