Nouveau gouvernement en RCA : Touadera récompense les défenseurs de la nouvelle Constitution et consolide ses fidèles
Outre l’entrée de 10 nouveaux membres dont l’opposant Aurélien-Simplice Zingas à l’Education nationale avec rang de ministre d’Etat, le président Touadera met fin au cumul de fonctions du Premier ministre avec le portefeuille de l’Economie.
Moins d’un an après le dernier remaniement ministériel en République centrafricaine (RCA), le président Faustin Archange Touadera a formé hier, 04 janvier, un nouveau gouvernement. Si Félix Moloua qui en sera à sa deuxième équipe gouvernementale reste en poste, le mathématicien perd ses fonctions de ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération qu’il cumulait avec celles de Premier ministre depuis sa promotion en février 2022. Ce portefeuille échoit au prêtre et ancien recteur de l’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC) Richard Filakota, qui dirigeait depuis le 23 décembre 2019 l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) de Centrafrique. Egalement homme de foi, le chef de l’Etat qui reste un chrétien engagé dans l’une des obédiences de l’Union fraternelle des églises baptistes de Centrafrique et qui n’hésite pas souvent à s’en remettre officiellement à Dieu pour certains drames qui frappent son pays, fait ainsi entrer un berger dans l’exécutif. Au total, 10 nouvelles figures intègrent ce gouvernement Moloua 2 qui compte 32 membres. L’entrée la plus éminente est sans doute celle du très truculent opposant Aurélien-Simplice Zingas, qui a récemment fait volte-face en soutenant le projet de nouvelle Constitution du président Touadera – le nouveau texte avait été adopté fin juillet, puis promulgué le 30 août 2023. Cet ancien proche de François Bozizé, plusieurs fois ministres sous l’ancien président renversé par un coup d’Etat militaire en 2013, revient aux affaires aux fonctions de ministre d’Etat en charge de l’Education nationale, en remplacement de Moukadas Nouré.
Autre changement majeur, Rodolphe Héritier Bonheur Doneng Wazoumon, qui occupait jusque-là les fonctions de directeur de cabinet du ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Éducation civique, devient le titulaire de ce portefeuille. Ernest Mada, directeur de cabinet du Premier ministre jusqu’à jeudi dernier, est promu au poste de ministre chargé du secrétariat général du gouvernement et des Relations avec les institutions de la République, tandis que son prédécesseur, Maxime Balalou, devient ministre de la Communication, des médias et porte-parole du gouvernement. Rapporteur général du Conseil national de transition entre 2013 et 2016, l’avocat Thierry Patrick Akoloza est propulsé à la tête du ministère du Commerce où il remplace un fervent soutien du président Touadera, Léa Mboua Doumta, en l’occurrence. Hyppolite Ngaté, qui était jusque-là directeur des ressources humaines au ministère des Finances, devient ministre des Petites et moyennes entreprises. Comme plusieurs autres ayant été très actifs lors de la campagne référendaire de 2023, ce jeune cadre du Mouvement cœurs unis (MCU), le parti au pouvoir, est récompensé pour avoir défendu avec un rare zèle le projet de nouvelle Constitution si cher à Faustin Archange Touadera.
Jeu de chaises musicales
Autre fervente défenseuse de la modification constitutionnelle de l’année dernière, Josiane Lina Bemaka-Soui, qui officiait à la présidence de la République comme conseillère en matière de la protection de l’enfance, devient ministre de l’Action humanitaire et de la Solidarité, en remplacement de Virginie Mbaïkoua. Au-delà des récompenses évidentes relativement au soutien de son projet d’adoption d’une nouvelle loi fondamentale en RCA, Faustin Archange Touadera, à travers le gouvernement d’il y a 24 heures, consolide ses fidèles, à commencer par son Premier ministre qui est reconduit. A part le jeu de chaises musicales entre Éric Rekosset Kamot et Guismala-Amza, qui font un chassé-croisé des Travaux publics à l’Agriculture, le portefeuille des Finances et du Budget reste aux mains d’Hervé Ndoba. Claude Rameaux Bireau conserve lui aussi le fauteuil de la Défense nationale et de la Reconstruction de l’armée, de même que Sylvie Baïpo-Temon aux Affaires étrangères, de la Francophonie et des Centrafricains de l’étranger. C’est également le statu quo pour Arnaud Djoubane-Abazène, qui conserve les fonctions de ministre de la Justice, de la Promotion des droits humains et de la bonne gouvernance, Garde des Sceaux, avec rang de ministre d’Etat. Ou encore pour le ministre d’État chargé du désarmement, de la Démobilisation, de la Réintégration, du Rapatriement et du Suivi de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, Jean Willybiro-Sako.