Nord-Ouest/Sud-Ouest: des projets d’infrastructures de 16,4 milliards non exécutés en 3 ans
Ce sont exactement 741 projets qui n’ont pas pu être exécutés dans les deux régions en conflit entre 2017 et 2020, selon les statistiques dévoilées par le Coordonnateur national du Plan de reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, Paul Tasong, au cours de son passage mardi à l’Assemblée nationale.
La problématique de la crise anglophone, presque toujours esquivée à l’Assemblée nationale, a été l’objet d’une séance plénière d’information le mardi 23 novembre 2021 devant la représentation nationale. Un rendez-vous animé devant les députés par Paul Tasong, le Coordonnateur national du Plan présidentiel de reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (PPRD-NO/SO), et non moins ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire. Il a exposé sur l’évolution et les impacts socio-économiques de la crise sécuritaire dans les deux régions entre 2017 et 2020, et l’on apprendra que sur la période 2017-2019, la crise a plombé 741 projets d’infrastructures, qui n’ont pas pu être exécutés à cause du conflit. Par ailleurs, c’est enveloppe cumulée de 16,4 milliards de FCFA qui n’a pas été consommée dans le BIP de ces années, en dépit d’une augmentation des dotations budgétaires au cours de cette période. En effet, les taux d’exécution du BIP, base ordonnancement, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont restés relativement faibles avec une moyenne estimée à 64,4% et 68,2% respectivement entre 2017 et 2019, avant de connaitre une hausse significative en 2020 (83,7% et 89,9% respectivement).
De nombreuses infrastructures qui existaient déjà ont fait l’objet de destruction dans le cadre des combats entre les miliciens séparatistes et les forces de défense et sécurité républicaines. Au chapitre des actions envisagées par le PPRD en vue de la reconstruction et la réhabilitation de ces infrastructures, figurent la reconstruction de près de 300 écoles, de 100 centres de santé et de 350 points d’eau ; la réhabilitation de plus de 40 ponts et 600 km de routes en terre ; la restauration de 100 infrastructures communautaires (salles communautaires, centres pour femmes et jeunes…), et aussi la restauration des sections endommagées du réseau électrique.
Pertes de 421,3 milliards de FCFA
Paul Tasong a en outre révélé que sur le plan économique, la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a induit une perte au niveau national de 0,8 point de croissance du PIB en 2019, de 0,3 point en 2020. « En 2019, les branches les plus affectées sont celles de l’agriculture industrielle et d’exportation, du transport, du commerce et des industries manufacturières. Ces pertes de points de croissance correspondent à une perte en termes réelles cumulée sur le PIB, au niveau national, de 421,3 milliards de FCFA », a indiqué le Coordonnateur national du PPRD-NO/SO.
Il importe de préciser que ledit plan dispose d’un budget estimatif de 89 milliards de FCFA. Au 30 septembre 2021, l’Etat du Cameroun a réglé les 10% du montant global, soit 8,9 milliards de FCFA et le Japon est le seul partenaire ayant contribué financièrement à hauteur de 1,5 milliards de FCFA ; le secteur privé pour sa part a donné 1,2 milliard. L’enveloppe globale déjà mobilisée se chiffre à 11,6 milliards de FCFA. « Le faible niveau de mobilisation financière est fortement préjudiciable dans la mesure où les nombreux projets envisagés risquent ne pas être réalisés ; l’incapacité du PPRD-NO/SO à répondre aux attentes des populations dans les délais pourrait renforcer leur méfiance à l’encontre de l’Etat et affecter la crédibilité du processus en cours », prévient Paul Tasong. Pour mémoire, le PPRD-NO/SO vise à relever et améliorer les conditions de vie des populations sévèrement affectées par les affres de la crise qui sévit dans les régions Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016.