Niger, Mali et Burkina Faso : ce que valent l’aide au développement et les appuis budgétaires suspendus par la France
Le soutien apporté par le Burkina Faso aux militaires qui ont renversé le président du Niger, Mohamed Bazoum, le 26 juillet dernier, va lui coûter l’aide au développement et les appuis budgétaires de la France.
Le soutien apporté par le Burkina Faso aux militaires qui ont renversé le président du Niger, Mohamed Bazoum, le 26 juillet dernier, va lui coûter l’aide au développement et les appuis budgétaires de la France. L’annonce relative à cette décision de Paris a été faite dans la nuit du 06 au 07 août, par le ministère des Affaires étrangères de la France. Contrairement au Niger à l’encontre duquel une décision similaire à été prise dès le lendemain du coup d’État, la France avait en effet maintenu divers soutiens financiers qu’il apportait aux « Pays des hommes intègres » malgré le coup de force d’octobre 2022 contre le général Damiba, qui, lui-même, avait renversé Roch Marc Christian Kabore six mois plus tôt. Une source diplomatique française citée par RFI explique que si Paris n’avait pas coupé le robinet au Burkina Faso jusqu’à présent, et malgré la rupture de la coopération militaire entre les deux pays, actée par le retrait de la force française « Sabre » à la demande de Ouagadougou en janvier dernier, c’est parce que les autorités françaises étaient « ouvertes au dialogue avec le capitaine Traoré ». « Mais ce soutien à la junte au Niger est interprété par Paris comme un « choix de ne pas saisir la possibilité » de dialoguer », écrit la radio.
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De combien parle-t-on au juste s’agissant de cette aide au développement et des appuis budgétaires y associés suspendus ? Pour l’exerce 2022, le montant des différents appuis budgétaires s’élevait à quelques 13 millions d’euros, soit à peine 8,5 milliards Fcfa. Ce qui représente moins de 1% du budget 2022 de l’Etat du Burkina Faso, équilibré en recettes et en dépenses à un peu plus de 2 349 milliards Fcfa. Une goutte d’eau, quand on compare cette enveloppe aux appuis budgétaires apportés par la même France à un pays comme la Côte d’Ivoire (164 milliards Fcfa en 2023 ) ou encore 46 milliards Fcfa en 2022 en faveur du Cameroun. Par ailleurs, le montant cumulé des projets d’aide au développement financés par la France au Burkina Faso, sont chiffrés par l’Agence française de développement (AFD) à 480 millions Fcfa, soit environ 314 milliards Fcfa. Là aussi, le Burkina Faso est loin de faire partie des favoris de Paris, quand on sait que l’aide au développement de la France a atteint 16 milliards de dollars US, soit 10482 milliards Fcfa en 2022.
Au Niger, en 2022, les appuis de la France ont représenté environ 120 millions d’euros, soit un peu plus de 78,6 milliards Fcfa et, selon des informations du Quai d’Orsay relayées par les médias français, l’enveloppe budgétisée pour 2023, mais qui ne sera pas délivrée pour les raisons susmentionnées, se situe légèrement au-dessus du montant de l’exercice passé. Ces 78 milliards Fcfa représentent moins de 3% du budget de l’Etat guinéen de l’exercice passé, qui était d’un peu plus de 2 908 milliards Fcfa. Quant au Mali, dont tous les appuis de Paris ont également été gelés depuis novembre 2022, le montant des octrois de la France à son profit, au travers de l’Agence française de développement, s’est élevé à 310 milliards Fcfa (473 millions d’euros) entre janvier 2013 et septembre 2017, selon les derniers chiffres sur le site de l’ambassade de France dans ce pays. Ce montant cumulé représente à peine 10% du budget de l’Etat du Mali pour l’année 2023 en cours, qui s’élève à près de 2900 milliards Fcfa.
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En clair, au regard des chiffres susmentionnés, la suspension des appuis budgétaires et de l’aide au développement à ces trois pays a un impact négatif minime sur la stabilité des finances publiques desdits pays en rupture de ban avec Paris. Cependant, les aides multilatérales supprimées par certaines institutions internationales en solidarité avec la France compliquent l’exécution du budget publique. Cela paraît d’autant plus évident pour un État comme le Niger, qui, en 2022, était dépendant des ressources extérieures pour 1.529,61 milliards, 52,9% de ses recettes totales.