Mobile Money : Orange prépare en secret les transferts d’argent vers le Tchad et la RCA
L’information est contenue dans un rapport, dénommé « Panorama des transferts de fonds dans les pays de la CEEAC », financé par le secrétariat en charge du groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et la Commission européenne.
Orange Cameroun, pour le moment opère seulement à l’intérieur du pays avec les services aux consommateurs comme la facturation de l’électricité et de l’eau et les transferts à l’intérieur du pays. Orange donne aussi la possibilité de rechargement du portefeuille électronique basé sur le compte auprès des banques partenaires, notamment Ecobank et Banque Atlantique.
Suite à l’approbation du règlement 014/Cemac/UMAC/Cobac du 21 décembre 2018, relatif aux services de paiement dans la Communauté économique et monétaire en Afrique centrale, et une fois que la plateforme Gimac (Groupement interbancaire monétique de l’Afrique centrale est, une association privée qui joue un rôle de régulateur de la monétique interbancaire en Afrique centrale), sera discutée par la suite, sera opérationnelle, Orange entend ouvrir un corridor pour les transferts avec la République centrafricaine et le Tchad, c’est-à-dire parmi les principaux envoyeurs des transferts de fonds pour le Cameroun. L’interopérabilité à venir des systèmes de paiements en zone Cemac devrait donner une grande contribution au marché de la monnaie électronique dans la sous-région en donnant la possibilité de faire des transactions entre différents types de comptes (mobile, bancaires…) et entre les pays.
Par exemple dans ce modèle, la banque partenaire d’Orange Money, Ecobank, est dépositaire de la totalité des dépôts de la clientèle sur les deux ou trois marchés, ce qui facilite le processus de règlement interne à Orange. Le fait de ne pas avoir besoin de partager les recettes avec un prestataire externe lui permettra d’être très compétitif. Les coûts seront très concurrentiels par rapport à Western Union, Money Gram, etc., car les compensations entre les trois opérateurs nationaux sont internes et donc plus faciles et moins chères. Concernant les frais de transfert, il y a probablement à s’attendre à une simple structure à trois paliers, avec une commission fixe au sein de chaque palier comme il a été le cas en Côte d’Ivoire, Mali et Sénégal. Dans ce corridor ouest africain, suite à l’entrée d’Orange, Western Union a immédiatement répondu par une baisse immédiate de ses prix, ce qui n’a pas empêché Orange Money de gagner une part de marché substantielle.
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Pour les compensations entre les opérateurs Orange nationaux, mais aussi les autres opérateurs dans les trois pays suscités, la chambre de compensation de la BEAC va être utilisée. La comptabilité sera faite par chaque établissement national. La banque partenaire est dépositaire de la totalité des dépôts de la clientèle d’Orange Money sur les trois marchés, ce qui facilite le processus de règlement. Le fait de ne pas avoir besoin de partager les recettes avec un prestataire externe lui permettra d’être très compétitif.
L’émetteur paie des frais d’envoi, l’opérateur d’origine conserve la totalité des frais pour couvrir la commission de dépôt d’espèces versée à son agent, ses frais généraux (marketing par ex.), et une marge bénéficiaire. Comme pour les transferts P2P (person to person) nationaux, la réception du transfert est gratuite pour le bénéficiaire, qui ne paie une commission que s’il retire les fonds en espèces (ce qui peut être l’étape suivante, ou après d’autres transactions d’argent mobile). L’opérateur destinataire conserve la commission de retrait d’espèces, qui couvre la commission reversée à l’agent, ses frais généraux et sa marge bénéficiaire.
Les compensations entre les trois opérateurs nationaux sont internes et donc plus faciles et moins chères. Concernant les frais de transfert, il faut s’attendre à une simple structure à trois paliers, avec une commission fixe au sein de chaque palier comme il a été le cas en Côte d’Ivoire, et Sénégal ou, suite à l’entrée d’Orange, Western Union a immédiatement répondu par une baisse immédiate de ses prix, ce qui n’a pas empêché Orange Money de gagner une part de marché substantielle.
Les transferts via l’argent mobile depuis des porte-monnaies mobiles en Europe, afin de cibler la population émigrée d’Afrique centrale déjà familiarisée à l’argent mobile sera un développement chargé de conséquences importantes dans les domaines des transferts d’argent est le prochain établissement par Orange d’une banque au niveau de la région centrafricaine. Il est donc à s’attendre, en termes de tendances, que le corridor entre le Cameroun, la République centrafricaine et le Tchad permette des réductions significatives des coûts de transferts et grâce à ces développements, et à l’entrée d’autres opérateurs. Il pourra y avoir aussi une amélioration du taux de bancarisation. Au Mali, par exemple, il était de 11% avant l’entrée de la téléphonie mobile en zone Uemoa, est actuellement de 15%. En conclusion, il est à souligner que les développements technologiques devront être accompagnés par d’autres mesures, qui seront discutées dans les paragraphes suivants.
Batailles autour du Mobile Money
Une discrète bataille de positionnement se déroule dans le secteur de la monnaie électronique au Cameroun. Elle est aiguisée par l’imminence de l’interopérabilité des systèmes de paiement au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cemac). Cette communauté regroupe six pays : le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad. Et l’interopérabilité devrait booster le marché déjà juteux de la monnaie électronique dans la sous-région. Elle va donner la possibilité de faire des transactions entre différents types de comptes (mobile, bancaires…) et entre les pays de la Cemac.
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« Toutes les banques se sont déjà équipées de plateformes qui leur permettront d’émettre leurs propres monnaies électroniques, interchangeables entre divers acteurs », confie une source proche du processus. Des groupes comme Société Générale ont déjà pris les devants. Cette banque a lancé au niveau africain (donc au Cameroun), une plateforme de transactions à travers le mobile baptisée YUP.
Dans un autre registre, les groupes de téléphonie mobile Orange et MTN viennent de mettre sur pied une plateforme. Elle devrait gérer l’interopérabilité de transactions, entre ces deux grands acteurs du Mobile Money en Afrique. Dénommé Mowali, cette plateforme n’est pas encore fonctionnelle. Nextell, le troisième opérateur n’est pas en reste. Il a lancé son service de Mobile Money baptisé Possa.
En attendant la règlementation…
La possibilité offerte à chacun des acteurs d’avoir son propre système de création et de mise en circulation de la monnaie électronique participe de la volonté de la Cemac d’accroître l’inclusion financière. Mais il y a encore des réglages à faire pour rendre l’interopérabilité effective à l’échelle de la sous-région. On est en attente de deux règlements qui viendront statuer sur les normes à respecter en termes de réserves et de statut pour les établissements de paiement.
Dans l’attente de ces ajustements, certains opérateurs Camerounais des télécommunications appliquent déjà ce principe. Grâce à des accords avec certains établissements de crédit, ils permettent de retirer de l’argent de son compte bancaire via un code tapé sur son téléphone, ou de transférer des unités de Mobile Money vers son compte bancaire. Mais les frais varient d’un opérateur à l’autre et d’une banque à l’autre. Ecobank par exemple prélève 1000 francs lors du transfert d’argent d’un de ses comptes vers un compte Orange Money, mais facture la même opération à 1 % du montant traité lorsqu’il s’agit de MTN Mobile Money.
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Au-delà de l’efficacité technique, la bataille de l’interopérabilité risque de se situer dans les prix des prestations. Tout dépendra donc des redevances qu’exigeront, aussi bien le Groupement interbancaire monétique d’Afrique centrale (Gimac) pour l’émission monétaire, que les régulateurs de télécommunication pour les infrastructures techniques.
Au Cameroun, rien que le transfert de monnaie électronique à partir des terminaux mobiles a représenté un marché de 1 500 milliards FCFA. À près de 1 % les frais de retrait, on peut aisément comprendre le gros investissement effectué par l’ensemble des acteurs, pour tirer profit de l’interopérabilité.