Mines: le potentiel de la bauxite de Minim Martap réévalué
Selon Phillip Gallagher, directeur général de la junior minière australienne Canyon Resources, détentrice de trois licences d’exploration sur les gisements de bauxite de Minim Martap et de Ngaounda, ce projet Minim Martap pourrait devenir l’un des gisements de bauxite les plus importants et les plus riches au monde.
Le Cameroun pourrait donc détenir l’un des plus importants gisements de bauxite si au monde. C’est notamment ce que croit la junior minière australienne Canyon Resources, détentrice de trois licences d’exploration sur les gisements de bauxite de Minim Martap et de Ngaoundal, dans la région de l’Adamaoua, dans la partie septentrionale du Cameroun. En effet, Phillip Gallagher, directeur général de cette structure a affirmé le 12 avril 2019, sur la plateforme britannique Proactiv Investors que le projet « Minim Martap pourrait devenir l’un des gisements de bauxite les plus importants et les plus riches au monde ». Une affirmation fondée sur la base de nouvelles analyses ayant permis d’« identifier plus de 70 autres plateaux de bauxite répartis sur trois permis dans le projet Minim Martap au Cameroun, à l’aide d’un système d’imagerie, de détection et de télémétrie (LiDAR), et d’un sondage orthophotographique à haute résolution », apprend-on. « La société [Canyon Resources, NDLR] a traité les données de l’enquête dans un modèle d’altitude (DEM) extrêmement précis et détaillé. Cela a permis d’identifier la taille, l’emplacement et l’altitude des autres plateaux sur les permis Minim Martap, Makan et Ngaoundal, qui ne sont pas déjà inclus dans l’estimation des ressources minérales existantes du projet », révèle Proactiv Investors.
Avant de préciser qu’: « aucun des nouveaux plateaux ne fait partie des 550 millions de tonnes de ressources, avec une teneur moyenne en oxyde d’aluminium totale de 45,5% et un total de 2,06% en oxyde de silicium. Moins de 35% des plateaux cibles de Minim Martap ont été testés ». Cette junior minière avait déjà publié le 12 mars dernier, les premiers résultats de ses activités d’exploration sur le gisement de bauxite de Minim-Martap. Ces résultats indiquaient avoir permis d’« identifier une ressource de bauxite à très haute teneur, de près de 251 millions de tonnes sur les 550 millions de tonnes existantes du projet Minim Martap ». « Un examen détaillé de l’exploration effectuée par SRK Consulting [avait alors] confirmé que plus de la moitié de la zone forée pour les ressources en vrac, contient plus de 50% d’oxyde d’aluminium (Al2O3), avec une très faible quantité de contaminants ».
Les travaux de ce projet sont même en arrêt depuis 2011, son état d’avancement n’est estimé qu’à 5% du taux d’avancement, selon la fiche technique de ce projet faite par le ministère en charge des Mines
Pour rappel, c’est le 11 juillet 2018 que le gouvernement camerounais a délivré à la société Camalco, filiale camerounaise de la junior minière australienne Canyon Resources, trois licences d’exploration des gisements de bauxite de Minim Martap et de Ngaoundal, consacrant ainsi le retrait de ces licences à la société Cameroon Alumina (CAL). Cette entreprise, fruit d’une joint-venture entre l’américain Hydromine, l’émirati Dubal Alumina et l’indien Hindalco, n’a pas pu conclure une convention minière avec l’Etat camerounais, après plusieurs années de négociations.
Un projet qui peine pourtant à prendre corps
Avec le lancement par la filiale locale de Canyon Resources le 12 septembre 2018, de « la dernière phase de recherche », en présence du ministre camerounais des Mines de l’époque, dans la localité de Minim Martap, on avait bon espoir que ce projet était définitivement lancé. Que non ! Les travaux de ce projet sont même en arrêt depuis 2011, son état d’avancement n’est estimé qu’à 5% du taux d’avancement, selon la fiche technique de ce projet faite par le ministère en charge des Mines. Et, l’on informe qu’il y a nécessité de lancer un appel à manifestation d’intérêt, tout comme un nouveau calendrier de réalisation des travaux reste à déterminer. Aussi, un plan de financement de l’étude de faisabilité bancable n’est pas encore soumis. Cette situation résulte des difficultés liées au financement des infrastructures de ce projet. En effet, la société Canyon Resources devrait construire de nouvelles lignes ferroviaires notamment de la raffinerie à la voie principale et celle de près de 140 km de l’embranchement menant vers le port de Kribi, de même il est prévu le renforcement de la voie ferroviaire existante. Ce, pour un investissement envisagé de 4 287 millions USD.
Mais cette société a sollicité du gouvernement camerounais, des incitations aussi bien pendant la phase de construction que pendant la production. Car, estime-t-elle, avec les paramètres actuels, le projet n’est pas rentable en l’état. En reprenant les permis sur les gisements de bauxite de Ngaoundal et de Minim Martap, après un peu plus de deux années de négociations avec les autorités camerounaises, l’australien Canyon Resources s’était officiellement engagé à mobiliser plus de 6 milliards de FCFA, afin de remplir un cahier des charges qui s’étend sur une période de 3 ans, non renouvelable. Selon les experts, le potentiel des gisements de Minim-Martap et Ngaoundal (550 millions de tonnes), couplé aux 50 millions de tonnes du gisement de Fongo Tongo, dans la région de l’Ouest du pays, font du Cameroun le 2ème terreau de la bauxite en Afrique, derrière la Guinée-Conakry.