Minerai de fer de Mbalam-Nabéba : Avima Iron met en garde le Cameroun contre AustSino et Bestway Finance
Dans un communiqué de presse daté du 5 mai 2022, la compagnie minière australienne Avima Iron met en garde le gouvernement camerounais sur l’expertise technique et la capacité de lever des financements de AustSino et Bestway Finance, sociétés identifiées pour l’exploitation du minerai de fer de Mbalam-Kribi.
La correspondance de l’entreprise Avima Iron Ore Limited, filiale du groupe Core Mining intervient après la signature le 06 mai dernier, de la convention minière entre le Cameroun et l’entreprise chinoise Sinosteel relativement à l’exploitation du gisement de minerai de fer de Lobé. Saisissant cette opportunité, la compagnie minière australienne a décidé de remettre au goût du jour, le contentieux qui l’oppose à l’Etat congolais dans le cadre du projet de construction du chemin de fer Mbalam-Kribi.
Genèse
Le 25 juin 2021 à Yaoundé, un mémorandum d’accord a été signé entre d’une part les ministres des Transports, Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, des Mines, Gabriel Dodo Ndoke, et d’autre part AustSino Resources Group Limited et Bestway Finance Limited, partenaires privés du projet évoqué supra. La signature de cet accord faisait suite au retrait de la licence d’exploitation de ce projet minier à la société australienne Avima Iron en novembre 2020 par le gouvernement congolais, qui reprochait à cette dernière, «l’insuffisance prolongée d’exploitation manifestement contraire aux potentialités du gisement», ainsi que le «non- paiement des redevances prescrites par la loi ». Des raisons qu’Avima Iron s’est empressée de rejeter, en accusant l’Etat congolais de spoliation de son titre minier.
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Après avoir entrepris une procédure contre l’Etat congolais l’année dernière, Avima Iron a, dans sa récente sortie, ouvertement attaqué AustSino Resources Group Limited et Bestway Finance Limited. Elle remet notamment en question l’expertise des deux entreprises, ainsi que leur capacité à lever des financements pour l’implémentation du projet. «AustSino et Bestway Finance Limited, deux sociétés écrans introduites par Sangha Mining (et toutes associées au Président Denis Sassou Nguesso ou à sa famille), ont signé des accords douteux et opaques afin de développer des infrastructures portuaires et ferroviaires au Cameroun dans l’optique de rattacher ces actifs à problèmes au Congo vers le littoral du Cameroun. Cependant, suite au fait que les biens ont été illégalement pris, et sont actuellement contestés devant différents tribunaux, les infrastructures ferroviaires et portuaires ne seront d’aucune utilité car le gouvernement congolais ne dispose pas de moyens pour développer et exploiter ces biens de manière légitime», peut-on lire dans ce document. Bien plus encore, indique-t-elle par la suite, « les autorités de Brazzaville poursuivent leur fuite en avant en essayant d’induire en erreur le Cameroun alors que les sociétés identifiées pour mener le projet n’ont ni l’expertise technique ni la capacité de lever des financements ».
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A en croire la filiale du groupe Core Mining, si AustSino Resources Group Limited et Bestway Finance Limited sont maintenus dans le projet, les défaillances qu’elle a énumérées pourrait négativement impacter ce projet qui « coûtera des dizaines de milliards de dollars et nécessitera une expertise de pointe de classe mondiale» Or, regrette-t-elle, «aucune des deux entreprises citées plus haut (…) ne dispose ni de fonds ni de la capacité encore moins de l’expertise avérée pour le développement des projets d’infrastructure à grande échelle comme ceux-ci ; il est évident, qu’il ne s’agit rien de plus qu’un écran de fumée qui vise à tromper le gouvernement camerounais et à essayer de légitimer l’acquisition illégitime des actifs afin qu’ils puissent être vendus à des investisseurs peu méfiants » peut-on lire dans le communiqué.
Impact négatif sur les populations congolaises
Dans sa correspondance, la société Avima Iron met également en lumière, les conséquences des manigances de l’Etat du Congo autour du projet minier de Mbalam-Nabeba, sur le peuple congolais. Selon Avima Iron, « les actions du gouvernement congolais ont déjà des impacts très réels. Des emplois sont perdus et les moyens de subsistance sont en danger. Elles auraient pourtant créé des centaines d’emplois supplémentaires et généré des centaines de millions de dollars en termes de revenus. » A côté de cela, l’entreprise relève la crise économique à laquelle fait face le Congo. De ce fait, « le Congo a besoin de toute urgence d’investissements internationaux qui contribueront à développer le pays, à mettre fin à la c économique, à augmenter les salaires de la population, à créer des emplois à long terme et à améliorer le niveau de vie. »
Somme toute, la société australienne propose au Cameroun de « s’attaquer au problème de manière légale, par le biais d’une indemnisation ou de la restitution des permis d’exploitation minière à leurs propriétaires légitimes. » Cette idée sera-t-elle adoptée par les pouvoirs publics camerounais? Affaire à suivre…