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Marché financier d’Afrique centrale : pourquoi le Cameroun ne peut pas lancer un emprunt obligataire

Sanctionné par la Cobac à cause du non-respect de 2 des 4 critères de convergences, le pays s’est vu attribué une pondération de 85% sur ses engagements. De quoi faire fuir les banques si jamais le pays lançait un appel public à l’épargne.

Initialement prévue du 12 au 20 mars 2020, la période de souscription sur l’emprunt obligataire « EOCG 6,25 % Net 2021-2026 », a été prolongée jusqu’au 21 avril 2021 sur demande de l’Etat congolais. L’émetteur de cette obligation espère ainsi récolter plus de souscription qu’elle n’a obtenue jusqu’ici devant lui permettre de mobiliser les 100 milliards de FCFA sollicités sur le marché financier sous régional. Mais un tel succès dépend fortement de la pondération nulle que le pays espère bénéficier de la commission bancaire d’Afrique Centrale (Cobac). Principaux souscripteurs de la zone, les banques se sont montrées peu enthousiastes à l’idée de placer leur mise sur cette obligation à cause du taux de pondération de 75 % appliqué aux engagements du Congo.

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Cette frilosité des établissements de crédits serait beaucoup plus corsée vis-à-vis du Cameroun au cas où le pays lançait un emprunt obligataire cette année. D’après une correspondance que la Cobac a adressée en fin d’année aux associations professionnelles des établissements de crédit (Apec), le taux de pondération sur les engagements du Cameroun sur la période 2020-2021 est de 85%. Yaoundé paie ainsi les frais du non-respect de deux des 4 critères de convergence de la surveillance multilatérale (taux d’inflation, niveau d’endettement, solde budgétaire, reste à payer). En mars 2020, le déficit budgétaire accumulé du Cameroun était de -3,5% alors que la norme communautaire établit que celui-ci devrait être supérieur ou égale à -1,5%. Ajouté à ça, le pays n’a pas respecté le critère relatif aux arriérés de paiement. Plus que pour toute autre zone, le suivi de cet indicateur de liquidité permet d’évaluer les difficultés de financement que pourrait rencontrer tout pays membre de la Cemac dans son développement économique. « En présence d’arriérés internes, et si cette situation devait perdurer, des retards de paiement peuvent accroître les pressions inflationnistes au sein de l’espace économique du fait de l’adoption par certains de ses agents économiques de comportements d’anticipation. De même, les effets d’une accumulation d’arriérés extérieurs sont de nature à affecter non seulement l’investissement mais aussi la crédibilité des Etats débiteurs vis-à-vis de la communauté internationale des bailleurs de fonds » explique un expert financier.

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Pour les banques, cette pondération représente un gros risque sur les opérations réalisées sur les titres du Cameroun. En s’y risquant, elles seraient astreintes à faire une provision à hauteur de 85% sur le montant souscrit. « Supposons qu’une banque souscrive à hauteur de 10 milliards sur un emprunt de 100 milliards que le Cameroun lance aujourd’hui. Elle sera obligée de faire une provision de 8,5 milliards de FCFA, pour éventuellement couvrir ce risque» commente un banquier.

Pour l’instant, le Cameroun ne compte pas retourner sur le marché financier. Pour financer son déficit budgétaire et autre charges de trésorerie, qui s’établissent en tout à 1 481,9 milliards de FCFA en 2021, le pays va recourir à divers instruments. Le tirage sur prêts-projets (703,4 milliards), les émissions de titres publics (350 milliards), le financement bancaire (102 milliards) et les appuis budgétaires (260 milliards). Pour refinancer son eurobond, le pays a choisi de retourner cette année sur le marché européen des obligations. Une sortie à la bourse sous régionale cette année est donc très peu probable mais pas impossible. Il faudrait alors que le pays sollicite de la Cobac, une pondération nulle sur son opération ce qui annulerait de fait la provision exigible aux souscripteurs. Avec une pondération de 65%, le Gabon, qui devrait lancer cette année son emprunt devrait lui aussi solliciter l’indulgence du régulateur.

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