Marché des valeurs du trésor : les banques camerounaises tardent à impliquer les particuliers
Malgré les mises en garde de la Beac, les SVT communiquent peu sur les opportunités d’investissements ayant cour sur le marché monétaire.
Pour sa première sortie sur le marché des titres publics de la Beac comptant pour le 4e trimestre 2021, le trésor public camerounais a réussi à lever une enveloppe de 76,9 milliards de FCFA à travers deux opérations dont une de courte et l’autre de longue maturité. Si cette sortie a plutôt été réussie, il faudra noter que le trésor public a aussi bénéficié de la campagne de publicité des établissements de crédits, agrées sur le marché comme spécialistes en valeurs du trésor(SVT). C’est le cas notamment de la Société Camerounaise de Banques(SCB) qui a invité sa clientèle à travers des tracts à souscrire à ces obligations dans l’une de leurs 54 agences répartis à travers le pays.
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Un fait rare qui peine à se généraliser et ce malgré les rappels à l’ordre de la Beac. Le 24 juin dernier le gouverneur, Abbas Mahamat Tolli menaçait de retirer leur agrément aux SVT ne respectant pas le cahier des charges. « Certains SVT agréés opérant dans la Cemac tardent à mettre en œuvre ce cahier de charges en vigueur, obligatoire dans tous ses éléments et d’application immédiate depuis son adoption », peut-on lire sur sa circulaire. Selon ledit cahier des charges, les SVT ont l’obligation de « promouvoir les valeurs du Trésor auprès d’une communauté large et diversifiée d’investisseurs et à développer le marché y afférent ». Pour ce faire, ils sont tenus, dans un souci de transparence du marché, d’afficher à leurs guichets, les cours d’achat et de vente des valeurs du trésor. Un petit tour dans quelques agences de Yaoundé pour constater que certaines banques se sont mises en règles tandis que d’autres traînent encore le pas. « Nous optons pour une communication numérique à notre clientèle au sujet des placements sur titres publics », révèle un responsable rencontré au sein d’un établissement bancaire.
L’épargne domestique : une niche d’investissements
Selon les données les plus récentes, le montant de l’épargne logée dans les banques camerounaises est estimé à plus de 4000 milliards de FCFA dont plus de 40% appartenant aux ménages. Par déduction, l’on est tenté de croire que cet épargne qui permet aux banques d’être hyper dominants sur le marché des valeurs du trésor. Ce qui pourrait, sur le long terme exposer les investisseurs à plusieurs risques. « La capacité des SVT à soutenir cette dynamique pourrait se buter à moyen termes aux contraintes prudentielles visant à préserver le secteur bancaire en contenant son exposition aux risques souverains dans les limites acceptables », indique Christian Rodrigue Otoly, chef de la Cellule de règlement et de conservation des titres à la Beac.
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Au 31 décembre 2020, celles-ci détiennent près de 93,67% de l’encours des valeurs du trésor soit plus de 3000 milliards de FCFA. Les autres catégories d’investisseurs que sont les institutionnels (sociétés d’assurance, fonds de pension, etc.) et les particuliers se partagent respectivement 5,6% et 0,6% de ces produits financiers. La prédominance des SVT sur ce marché sonne comme un effet d’éviction des autres investisseurs et particulièrement des privés qui certes ne détiennent pas de compte à la Beac, mais peuvent investir sur ces produits financiers à travers leurs banques domiciliataires.
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