Marché des titres publics de la Beac : la dette du Congo augmente de près de 11 500% en 5 ans
Les chiffres de la Cellule de règlement et de conservation des titres (Crct) de la banque centrale révèlent que l’encours de la dette de ce pays a explosé entre juin 2018 et septembre 2023, du fait des tensions de trésorerie.
Au 30 septembre 2023, l’encours des titres publics émis par la République populaire du Congo sur le marché mis en place à cet effet par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) s’est établi à 1 964,1 milliards de FCfa. En hausse de 1,47% par rapport au mois d’août 2023, cette enveloppe de dettes représente désormais 32,6% de la dette globale des pays de la Cemac sur le marché des titres de la Beac, estimée à 6027 milliards de FCfa à fin septembre 2023. En effet, confronté à des difficultés de trésorerie, le pays de Denis Sassou Nguesso est progressivement monté en puissance sur le marché sous-régional des titres publics, pour devenir en un laps de temps le pays le plus actif sur ce marché longtemps dominé par les émissions des titres publics camerounais, puis très brièvement par les valeurs gabonaises.
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Selon les chiffres de la Cellule de règlement et de conservation des titres (Crct), l’encours de la dette congolaise sur le marché des titres publics, qui n’était que d’un peu plus de 17 milliards de FCfa à fin juin 2018, a atteint 1 964 milliards de FCfa au 30 septembre 2023, correspondant à une hausse de près de 11 500% en un peu plus de 5 ans. Ce qui signifie que du fait de l’intensification de ses opérations de recherche des financements sur ce marché à partir de l’année 2020, Brazzaville s’est endetté 115 fois plus qu’au 30 juin 2018. A fin septembre 2023, l’encours de la dette du Congo sur le marché de la Beac représente un peu plus de 12 fois celui de la RCA (162,1 milliards), 4,2 fois celui de la Guinée équatoriale (463,2 milliards) et 2,7 fois l’encours du Tchad (711 milliards). Il s’agit des trois pays de la Cemac les moins actifs sur ce marché depuis son lancement.
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Pour obtenir autant de financements sur le marché de la Beac, le Congo a misé sur des taux d’intérêts élevés pour attirer les investisseurs sur ses valeurs. Selon les chiffres rassemblés par la Crct, entre juin 2019 et septembre 2023, le Congo a servi aux investisseurs du marché un taux d’intérêt moyen de 6,4% sur les bons du trésor assimilables (Bta), contre un taux moyen du marché de 5,7% sur la même période. Sur les titres de long terme que sont les obligations du trésor (OTA), les titres du Congo sont encore plus rentables. Alors que le marché affiche un taux moyen de 8,98% entre juin 2019 et septembre 2023, le taux moyen proposé par Brazzaville frôle 10% (9,98% pour être précis).
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Ces taux d’intérêts ont eu pour conséquence de faire courir les investisseurs derrière les valeurs émises par le Congo. A ce titre, entre juin 2018 et septembre 2023, les statistiques de la Beac révèlent que le taux moyen de souscription aux bons du trésor émis par le Congo, par exemple, ressort à 28,2%, soit 2% de plus que le Cameroun, qui est l’un des pays dont les titres sont les plus courus par les investisseurs sur le marché de la Beac. Le pays le plus intéressant pour les investisseurs demeurant le Gabon, avec un taux de souscription moyen de 172% au cours de la même période. Sur les emprunts de moyen et long terme, le Congo est simplement le pays qui attire le plus les investisseurs, avec un taux de souscription moyen à ses obligations du trésor assimilables de 100,5% au cours de la même période, contre 79% pour le Cameroun et 90,1% pour le Gabon.