Marché des capitaux : comment le Cameroun compte mobiliser 1 647 milliards de F en 2024
De la diversification des instruments financiers à l'allongement des maturités en passant par la possibilité de relever ses taux d'intérêt pour s'adapter à un environnement complexe, le Trésor camerounais va s’activer sur plusieurs marchés pour couvrir son déficit de trésorerie et certaines charges de financement l’année prochaine.
Le budget du Cameroun pour l’exercice 2024 s’équilibre en ressources et en emplois à la somme de 6 740,1 milliards de francs CFA, contre 6 726,9 milliards de francs CFA en 2023, soit une augmentation de 13,2 milliards de Fcfa en valeur absolue et de 0,2% en valeur relative. Du point de vue de son équilibre, le budget de l’exercice 2024 affiche un solde global déficitaire de 125,4 milliards contre 226,3 milliards en 2023, soit une diminution de 100,9 milliards. Outre ce déficit, le gouvernement devra couvrir plusieurs charges de financement et de trésorerie notamment : l’amortissement de la dette extérieure et intérieure évaluée à 1 128,5 milliards ; l’apurement des restes à payer Trésor/dette non structurée pour 220,0 milliards ; le paiement des correspondants à hauteur de 19,7 milliards ; le remboursement des crédits TVA de 84 milliards. Soit un besoin global de financement évalué à 1 577, 7 milliards de Fcfa (plus de 2,4 milliards d’euros) contre 1 950,3 milliards de Fcfa (plus de 2,9 milliards d’euros) en 2023.
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Besoin d’endettement de 1 647 milliards de Fcfa
Ainsi, le Document de stratégie d’endettement public et de gestion de la dette publique pour l’exercice 2024 évoque un impératif d’endettement public d’un montant de 1 647 milliards de Fcfa (près de 2,5 milliards d’euros) pour l’année 2024, représentant environ 5,3% du Produit Intérieur Brut (PIB). Afin de répondre à cette nécessité, le gouvernement entend aussi bien recourir au marché monétaire de la banque centrale que sur les marchés financiers sous régional et international. Concrètement, la stratégie d’endettement adoptée prévoit la mobilisation de deux sources de financement principales.
Dans un premier temps, il est prévu de mobiliser 1 041 milliards de Fcfa grâce à des emprunts extérieurs, soit 63,2% du montant total. Dans cette catégorie précisément, dont 907 milliards de Fcfa de prêts projets et 134 milliards de Fcfa d’appuis budgétaire. Parmi les opérations projetées, l’État songe à l’émission d’un eurobond de 400 milliards de Fcfa (près de 600 millions d’euros). Cette troisième incursion du pays sur les marchés internationaux est en baisse de 50 milliards de Fcfa par rapport aux 450 milliards de Fcfa captés en 2021 à un taux d’intérêt de 5,95%. Selon des indiscrétions, une partie de ces fonds devraient servir à clôturer le remboursement de l’eurobond de 2015.
Des Obligations à longues maturités
La deuxième source de financement envisagée par l’État concerne la mobilisation de 606 milliards de Fcfa (près de 926 millions d’euros) qui eux, seront décaissés grâce à des emprunts intérieurs, représentant ainsi 36,8% du montant total. Parmi ces emprunts de source interne, 375 milliards de Fcfa proviendront des émissions d’Obligations de Trésor Assimilables (OTA) sur le marché monétaire commun aux États de la Cemac (Cameroun, Congo, Tchad, Gabon, Guinée Equatoriale et République centrafricaine). Pour cette opération, le gouvernement camerounais projette de rallonger les maturités avec des obligations de 2 ans, 3 ans, 5 ans, 6 ans, 7 ans et 10 ans, sachant que l’encours de fin de période des Bons du Trésor Assimilables (BTA) devrait se stabiliser à 231,2 milliards de FCFA.
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Dans un contexte marqué par une augmentation fulgurante des principaux taux d’intérêt sur les marchés internationaux et régionaux, ainsi que d’une absence de profondeur du marché des titres de la Beac, la politique de mobilisation de ces nouveaux financements « est axée sur la réalisation des projets ayant un caractère prioritaire et dont les termes et conditions des nouveaux prêts permettront d’améliorer le profil des coûts et risques du portefeuille de la dette publique », argue un fonctionnaire du ministère camerounais des Finances. Cette Stratégie vise à mobiliser les ressources nécessaires au financement du déficit budgétaire, tout en veillant à maintenir le taux d’endettement public en dessous de 50% du PIB.
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