Lutte contre le chômage : la stratégie du Congo pour créer 500 000 emplois en 2024
Les autorités entendent nationaliser plusieurs postes de travail détenus par des expatriés, formaliser les emplois du secteur informel, faciliter l’accès aux financements des entrepreneurs et autres opérateurs de PME ou encore promouvoir les activités à haute intensité de main d’œuvre dans divers domaines.
Les statistiques sur l’emploi au Congo indiquent, selon le gouvernement réuni en conseil des ministres le 18 janvier 2024, que 2.154.356 personnes sont prises dans l’étau de la recherche d’un travail. Ces données concernent la tranche d’âge comprise entre 19 et 35 ans. Ces derniers sont soit en situation de demande d’emploi, soit en pleine formation. Et alors qu’environ 15.000 jeunes se sont inscrits auprès des services d’emplois publics du Congo, les autorités notent que sur les 15.000 demandeurs enregistrés, seuls 2 643 ont bénéficié d’une embauche dans le secteur privé en 2023, grâce aux actions menées par l’Agence congolaise pour l’emploi (ACPE).
Après avoir déclaré que l’année 2024 sera consacrée à la jeunesse, le chef de l’Etat, Denis Sassou Nguesso, a décidé lors de ce conseil des ministres, de la prise en main vigoureuse et prioritaire de cette couche de la population. Aussi une batterie d’actions déjà identifiées, va-t-elle concerner pas moins de 500 mille jeunes au cours de cet exercice.
Ainsi, entre autres actions et mesures concrètes que le gouvernement va prendre dans l’urgence, il y a la création de 10.000 emplois publics. Le gouvernement qui veut montrer l’exemple et donner l’impulsion au secteur privé, se propose également de créer 90.000 emplois au travers d’une politique active de nationalisation des postes de travail. À travers la «congolisation » des postes, il est question de formaliser les emplois dissimulés dans nombre d’entreprises notamment des secteurs des hydrocarbures, de la mine, des forêts etc. Autre axe de cette stratégie, l’encadrement des activités rurales et artisanales que compte assurer l’Etat.
La stratégie des pouvoirs publics de densification de la création d’emplois, va aussi se décliner dans les domaines à forte croissance que sont la forêt, les mines et les zones économiques spéciales. De même, l’approche des travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO), ainsi que le « génie travaux » dans les projets d’infrastructures publiques, les travaux d’hydraulique et d’électrification rurales, sera exploitée à fond.
S’agissant de la promotion de l’entreprenariat, elle se fera par l’encadrement et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs grâce à la migration de 70.000 unités commerciales du statut d’informel vers le secteur formel. Ceci passera par des mesures fiscales incitatives notamment une fiscalisation indolore de leurs activités et une protection effective contre la parafiscalité.
Pour le gouvernement, la réussite de ce programme d’employabilité de la jeunesse passe par la prise de trois engagements majeurs : l’optimisation du fonctionnement du Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement, de l’Agence congolaise pour l’emploi, et du Fonds national d’appui à l’employabilité et à l’apprentissage. Le gouvernement compte également garantir le financement adéquat de ces agences d’emplois publics ainsi que le décaissement de la totalité des crédits budgétaires alloués à ces structures.
Au-delà, les autorités vont également favoriser l’obtention de crédits bancaires par la mise en place des mécanismes de garantie en vue d’inciter les banques locales à accorder des prêts à des conditions préférentielles aux jeunes porteurs de projets d’entreprises. Dans l’optique de la promotion de l’inclusion financière et de favoriser la création de start-ups, l’Etat va geler les coûts de services internet.
Toutes ces mesures et actions toucheront 500 mille jeunes qui trouveront un emploi soit dans le secteur public, soit dans le privé. Mais, assurent les autorités, les exclus du système doivent également être pris en charge pour plus d’équité. «Cette politique globale et ambitieuse ne serait pas complète si elle ne prévoyait pas la prise en compte des soucis que sont : l’abandon scolaire précoce ; la promotion nécessaire de la formation professionnelle et la recherche d’alternatives éducatives pour encourager le retour des jeunes qui ont quitté prématurément leurs études », renseigne le communiqué du conseil des ministres.