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Loi de finances 2021 : 22% du budget pour les salaires des agents publics

Depuis 2010, les salaires absorbent chaque année plus de 20% de l’enveloppe budgétaire, bien au-delà des bonnes pratiques recommandées par le FMI et du ratio de soutenabilité fixé par la Cemac.

Depuis le 20 novembre 2020, le ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative (Minfopra) invite les agents publics suspendus de soldes dans le cadre de l’opération du Comptage Physique des Personnels de l’Etat (Coppe) à se présenter à la Division de la discipline et du contentieux de son département ministériel dans un délai de 30 jours, pour clarifier leur situation. C’est la unième convocation du genre. Mais il semble que les concernés, 8766 agents publics, sont en rupture de bancs avec leur employeur. Ou alors, comme on le murmure dans les couloirs du Minfopra, ces derniers n’existent pas tout simplement. Il s’agirait alors d’agents fictifs mais en réalité de simples matricules que de « vrais » agents publics utilisaient pour augmenter leur revenus, gonflant par le même fait la masse salariale qui a pris des proportions critiques.

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Cette convocation a une résonance particulière au moment où le gouvernement défend le projet de loi de finances au Parlement. Pour l’année 2021, les dépenses de personnel (337 048 agents) culminent 1069,826 milliards de Fcfa contre 1040,148 milliards de Fcfa en 2020. Cette enveloppe représente 22,91% du budget de l’Etat. Elle est une augmentation de 29,678 milliards de FCFA en valeur absolue soit 2,77 % en valeur relative, sous l’effet de « la poursuite de la prise en charge des nouveaux recrus à la fonction publique et dans les forces de l’ordre. » Dans cette enveloppe, explique le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, les ressources destinées aux paiements des primes, indemnités et gratifications diverses aux agents de l’Etat ont été maintenues à leur niveau de 2020, soit à 59,2 milliards.

Depuis 2010, les salaires absorbent chaque année près du quart du budget de l’Etat, et représentent plus de 5% du PIB. Selon le FMI, les meilleures pratiques internationales plafonnent ce ratio à 5% du PIB ou 20% du budget. Ce qui est loin d’être le cas au Cameroun. Au sein du ministère des Finances, l’on reconnait que la masse salariale a été un sérieux problème macroéconomique et budgétaire dans le passé puisqu’elle réduit fortement l’enveloppe budgétaire à affecter à d’autres secteurs. Au cours de trois prochaines années, souligne-t-on au Minfi, il sera question de poursuivre avec les mesures de rationalisation des dépenses de personnels amorcées en 2018.

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Surveillance multilatérale

Selon la littérature consacrée, le niveau de l’effectif des agents publics soutenable par le budget de l’Etat s’apprécie par rapport à un indicateur spécifique qui fait l’objet d’un suivi particulier : le ratio de soutenabilité de la masse salariale. Cet indicateur qui met en relation la dépense globale des personnels de l’Etat et le volume des recettes fiscales mobilisées, permet d’évaluer le seuil acceptable desdites dépenses en fonction des capacités de mobilisation des recettes fiscales de l’économie. Dans le cadre des critères de convergence économique, la norme communautaire dans la zone Cemac fixe le plafond du ratio soutenabilité à 35%, c’est pourquoi, l’évolution des dépenses de personnel ne devra pas dépasser celle des recettes mobilisées.

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L’étude sur la soutenabilité de la masse salariale, révèle qu’entre 2006 et 2017, le volume des salaires payés a connu une progression annuelle plus rapide (7,8%) que la croissance moyenne des recettes fiscales (7,5%). Cette situation contribué à dégrader le ratio de soutenabilité qui est passé de 34,7% en 2006 à 38% en 2017. De 38,0% en 2017, ce ratio s’est établi à 37,4% au terme de l’année 2019. Cependant, l’effectif des personnels recrutés par voie de concours spéciaux (non encore pris en solde), a fortement augmenté en 2019 et au cours des cinq premiers mois de l’année 2020. Ce qui va induire dans les années à venir une hausse de la masse salariale dégradant davantage le ratio de soutenabilité fixé par la Cemac.

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