Urbanisme: les populations de Douala s’opposent aux opérations de destructions d’immeubles
Lancées le 28 juillet 2023, les opérations de destruction des immeubles érigés en violation des dispositions de la loi n°2004/003 du 21 avril 2004, régissant l’urbanisme au Cameroun, se déroulent avec heurts, du fait de l'opposition de leurs propriétaires ou des résidents qui crient à l'injustice et à l'acharnement. À la Communauté urbaine de Douala, les équipes de la Police municipale sont décidées à poursuivre ces opérations conformément aux instructions gouvernementales.
Suite aux instructions de Célestine Ketcha Courtès, Ministre de l’habitat et du développement urbain, relatives à » l’identification des bâtiments et des constructions à risque, afin d’initier le cas échéant, les procédures conduisant à la démolition des immeubles présentant les risques d’infractions d’insalubrité ou d’effondrement », la Communauté urbaine de Douala (CUD), a officiellement entamé la destruction des immeubles à risque, ainsi que ceux dépourvus de permis de bâtir, depuis le 28 juillet 2023. Trois quartiers de la capitale économique ont été ciblés pour le démarrage des casses: cité des palmiers (Arrondissement de Douala 3ème), Ndogbong (Arrondissement de Douala 5ème), et New-Bell (Arrondissement de Douala 2ème). Ces descentes surviennent après une campagne de sensibilisation, le marquage des immeubles identifiés, et la délivrance des sommations de libérer les lieux, par la Police municipale de la Communauté urbaine de Douala.
Si à la Cité des palmiers, l’opération de destruction d’une construction bâtie sur une servitude de près de 12 mètres s’est déroulée sans tension, au quartier Ndogbong, lieu du drame survenu dans la nuit du 22 au 23 juillet 2022, les occupants et populations se sont fermement opposés à l’opération. Prétextant « un acharnement et une injustice ». Malgré le refus de certains occupants de libérer les lieux, les équipes de la Police Municipale de la Communauté urbaine de Douala ont néanmoins procédé à la destruction des immeubles marqués, et effectué aux destructions prévues: « cette action s’inscrit dans la batterie de mesures prises par la ville pour lutter contre les constructions irrégulières, non-conformes et menaçant ruine. L’objectif est de préserver les vies humaines au-delà d’autres considérations », précisé dans le feu des opérations, le Directeur de la police municipale, Hervé Ambatta.
Lire aussi : Hygiène et salubrité: la CUD créée une Régie de propreté urbaine pour pallier aux insuffisances d’Hysacam
La résistance la plus farouche s’est manifestée au quartier New-Bell. Au cours d’une opération de pose de scellés sur un immeuble R+9, construit sans permis de bâtir, les agents de la Police municipale déployés sur ce chantier, ont été pris à partie et brutalisés par les techniciens présents sur les lieux. L’immeuble sera immédiatement scellé, et le propriétaire convoqué à la Communauté Urbaine de Douala. Dans cette zone il y’a pas de titre foncier, et on ne délivre pas de permis de bâtir à cet endroit », informe un responsable de la CUD. Pour remédier au phénomène de constructions illégales dans la capitale économique, la Communauté urbaine de Douala a opté pour la création d’un Guichet unique de délivrance des actes d’urbanisme, au regard du nombre galopant d’immeubles dépourvus de tout acte d’urbanisme. Les statistiques disponibles à la Communauté urbaine de Douala indique que sur 800.000 à 1 million de constructions, seulement 80.000 à 100.000 sont en règle. Soit 10 % des immeubles construits dans la capitale économique.
Lire aussi : Société Générale Capital Securities et Asca retenues pour structurer la levée de 10 milliards de la CUD
Rappelons que l’article 107 de la loi n°2004/003 du 21 avril 2004, régissant l’urbanisme au Cameroun et ses décrets d’application du 23 avril 2008 stipule que « le permis de construire est délivré par le délégué du gouvernement de la communauté urbaine concernée, à quiconque désire entreprendre une construction, même si celle-ci ne comporte pas de fondation, ou bien changer la destination d’une construction existante, en modifiant l’aspect extérieur ou le volume, et même créer des niveaux supplémentaires, doit au préalable obtenir un permis de construire délivré par le délégué du gouvernement de la communauté urbaine concernée ». L’article 109 de la même loi, prévoit: « il ne peut être accordé que pour les travaux dont le plan a été élaboré sous la responsabilité d’un architecte inscrit au tableau de l’Ordre national des architectes ».
Le Maire de Douala annonce pour les prochains jours, l’intensification des opérations de casses des immeubles construits hors de la règlementation, avec l’accompagnement du Laboratoire national de génie civil (Labogenie), qui procèdera à la vérification de la typologie des sols occupés par les habitations visées, et confirmera ou infirmera la présence d’une menace.
A LIRE AUSSI