Les investissements directs étrangers au Cameroun baissent de 35,2% en 2020
En 2020, les flux des IDE dans le pays ont reculé de 35,2% pour se situer à 341, milliards de Fcfa. Expression d’une dégradation plus poussée du climat des affaires, même les investissements privés domestiques sont en baisse.
En valeur relative, les investissements directs étrangers (IDE) ont reculé de 35,2% en 2020 au Cameroun. En valeur absolue, cela représente 341,3 milliards de F. Un an avant, note le Comité de compétitivité du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), dans son rapport sur l’état de la compétitivité de l’économie camerounaise qu’il vient de rendre public, l’Union européenne (39,2%), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (9,2%) et les Etats-Unis (7,0%), ont été les partenaires ayant le plus investi dans le pays. Et selon la même source, leurs investissements étaient essentiellement orientés vers l’industrie (39,3%), le commerce (17,3%), les transports (13,6%), le secteur financier (11,3%) et les hydrocarbures (4,2%). Un constat se dégage de ce rapport : la Chine qui demeure le principal client du Cameroun avec 21,5% des parts de marché – elle achète principalement les huiles brutes de pétroles (70,5%), du gaz naturel liquéfié (12,6%), du bois brut (9,0%) et du bois sciés (5,8%) – et son principal bailleur de fonds (elle détient à elle seule 61,3% de la dette bilatérale du Cameroun) n’est pas très intéressée par les investissements direct dans le pays.
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Le Covid-19 n’a pas été sans impact sur ce recul des investissements directs étrangers. Cette pandémie qui est loin d’avoir été éradiquée a par ailleurs entretenu la faiblesse des prix et de la demande des matières premières. Entre autres facteurs qui continuent d’impacter l’attractivité du Cameroun et qui ne sont pas directement mentionnés par le Comité de compétitivité même s’ils font régulièrement partie des inquiétudes des agences de notation, c’est l’aggravation des tensions sécuritaires à l’intérieur et aux frontières du pays et l’incertitude politique liée à la transition. Car, faut-il le relever, les flux d’investissement direct étranger entrants sont un indicateur d’attractivité du territoire. Signe d’une dégradation plus poussée du climat des affaires, objet de plaintes permanentes du patronat, mêmes investissements privés domestiques sont en baisse. « Au cours de l’année 2019 au Cameroun, l’investissement a été plus dynamique dans le public que dans le secteur privé. L’investissement privé a ralenti, passant de 18,8% du PIB en 2018, à 18,5%. Les dépenses d’investissement dans le public ont progressé de 2,5% en 2019 », relève le rapport.
Agence de promotion des investissements
Par ailleurs, depuis le début de la mise en œuvre de la loi de 2013 relative à l’incitation à l’investissement privé, en 2014, de nombreuses intentions d’investissements se sont manifestées. Elles sont le fait aussi bien des investisseurs résidents que non-résidents. Au 31 décembre 2020, rapporte le Comité de compétitivité, l’on dénombrait plus de 200 conventions signées avec l’Agence de promotion des investissements (API), pour une valeur globale d’investissements prévisionnels de l’ordre de 4 000 milliards Fcfa et plus de 70 000 emplois projetés. « Les secteurs d’intérêt sont divers et concernent entre autres l’agroalimentaire, l’hôtellerie et la santé. Le défi reste de faire en sorte que les intentions d’investissements ainsi manifestées se transforment en réalisations effectives », commente le Comité. Qui relève en outre, en ce qui concerne la loi de décembre 2013 régissant les zones économiques, qu’aucun investissement n’était enregistré à fin 2020.
Jean Omer Eyango