Les gagnants et les perdants du collectif budgétaire
Seules l’Assemblée nationale, le Sénat et Elections Cameroon voient leurs enveloppes initiales maintenues dans le budget révisé. Pour toutes les autres administrations, c’est la diète.
Le second semestre de l’exercice budgétaire risque d’être bien difficile pour nombre d’administrations publiques. Du moins, l’ordonnance du 03 juin 2020 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi du 24 décembre 2019 portant loi de finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2020 a été sans pitié pour tous les départements ministériels. Principale information à retenir de cet important acte du chef de l’Etat : la baisse du budget de l’Etat pour l’exercice 2020 qui passe de 4951,7 milliards à 4409 milliards de FCFA, soit une diminution de 542,7 milliards de FCFA correspondant à un taux de variation de 11%.
Si l’Assemblée nationale (20,682 milliards de FCFA), le Sénat (15,162 milliards) et Elections Cameroon (10,683 milliards) l’ont échappé belle, pour tout le reste, c’est la diète. Ainsi, le ministère des Travaux publics se soit amputé de 80 milliards de FCFA, la plus grosse coupe de ce collectif budgétaire. Il est suivi du ministère de l’Habitat et du développement urbain (-35,66 milliards), le ministère de la Santé (-27,42 milliards), le ministère de l’Eau et de l’Energie (-21,9 milliards), le ministère de l’Agriculture et du développement rural (-18,2 milliards), le ministère des Postes et Télécommunications (-14,3 milliards), le ministère des Enseignements Secondaires (-13,86 milliards), le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (-12,4 milliards), la présidence de la République (-11 milliards) et le ministère des Sports et de l’Education physique (-10,31 milliards). Avec 9,29 milliards en moins dans son enveloppe initiale, le ministère de l’Education de base se situe au 11e rang des départements qui ont subi les coupes les plus importantes. A peine pire que le ministère de la Défense (-9 milliards) et la Délégation générale à la Sureté nationale (-8,79 milliards).
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D’une manière générale, cette ordonnance consacré la diminution des dépenses programmées. Toutes les administrations ont subi une baisse d’environ 20% de leurs dotations budgétaires. L’Etat fait des économies au niveau du service de sa dette, notamment le remboursement de la dette extérieure bilatérale (-98, 2 milliards), les dépenses en capital (-242 milliards) et les dépenses courantes (-202,452 milliards).
De même, les projections tablent sur une baisse d’environ 768 milliards de FCFA et cette baisse affecte toutes les composantes des recettes, qu’elles soient fiscales, douanières ou non fiscales. En particulier, les recettes pétrolières baissent de près de 70% car le gouvernement a fait bâti le budget initial sur une hypothèse d’un cours du baril du pétrole à 54,54 dollars alors que le cours du baril se situe à 35 dollars, après avoir chuté entre-temps jusqu’à pratiquement 0 dollar, il y a un mois.
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Récession
Cette chute des recettes est due à la baisse des recettes fiscales (-587,353) tirées par les « Impôts sur la valeur ajoutée et le chiffre d’affaires » (-298 017), les « Impôts sur des produits déterminés et droits d’accises » (-69 022), les « Droits et taxes à l’importation » (-68,411 milliards), les « Impôts sur le revenu des personnes physiques » (-40,794), les « Impôts sur le bénéfice des sociétés pétrolières » (-39,947). En outre, les autres recettes, ne se portent pas mieux. Ainsi, les « Revenus du secteur pétrolier » dont les prévisions initiales tablaient sur 468 milliards de FCFA seront finalement très en deçà de cet objectif. Ils sont maintenant estimés à 286,7 milliards de FCFA soit une baisse de 181,3 milliards.
D’une manière générale, explique le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, « les projections économiques que le gouvernement a réalisé table sur le fait que l’économie camerounaise est entrée en récession au cours de l’exercice 2020 et notre croissance va connaître une baisse d’environ cinq points. Donc au lieu d’une croissance projetée dans la loi des finances initiale de 4%, nous projetons, en fin d’exercice, une récession pour une croissance du PIB négative de -1,1%. »
Quant au déficit budgétaire, le ministre des Finances le considère comme un « changement mineur ». Projeté à -1,7% dans la loi de finances initiale, il devrait se situer désormais à -4,5% à la fin de l’année.
Enfin, cette ordonnance a pris en compte les allègements de dettes accordés par les partenaires au développement, budgétisés à 118 milliards de FCFA. D’ailleurs, « c’est cet avantage qui nous a donné la possibilité d’abonder le Fonds spécial de solidarité », précise Louis Paul Motaze.
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